Repères - N°46 / Juillet 2020 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 11

DOSSIER

Pédiatrie

Délivrer la juste dose
Les enfants sont plus sensibles aux rayons X que les
adultes. La compréhension et la réduction du risque
radio-induit combinent épidémiologie, suivi des pratiques,
expertise, progrès techniques et principe de précaution.
Tour d'horizon des avancées.

EN CHIFFRES

" P

our 10 000 scanners réalisés avant l' âge de
10 ans, on risque de voir se développer 1 cas
de leucémie et 1 cas de tumeur cérébrale dus
aux rayonnements dans les dix années suivantes, selon
une publication de 20121. C'est peu mais toujours trop ! »
Épidémiologiste, Marie-Odile Bernier fait partie des
médecins, scientifiques et radioprotectionnistes de
l' Institut, qui œuvrent aux côtés des professionnels
pour protéger les jeunes du risque radio-induit.
Pourquoi s'intéressent-ils tant à l'enfant ? Parce qu' il
cumule les fragilités. En raison de sa petite taille, il
a besoin de doses ajustées de radiations, délicates à
déterminer. Toujours en croissance, ses organes sont
aussi plus vulnérables. Et les dommages radio-induits
ont un temps accru pour évoluer en cancer. Alors
comment les protéger ?

Des scanners moins irradiants

La modalité d'imagerie la plus irradiante, le scanner,
est une cible majeure de la radioprotection. Son lien
avec le risque de cancer a fait l'objet de recherches, sans
qu'aucune réponse définitive ne soit apportée. Corrélation n'est pas causalité et les conclusions sont parfois
contradictoires d' une étude à l' autre. En cause ? Des
effectifs insuffisants ou des biais méthodologiques,
indique Marie-Odile Bernier : « Quand une étude
rapporte un risque accru sans préciser l' indication de
l' examen, comment être sûr que cette augmentation
n' est pas due à la maladie initiale ? La trisomie, par
exemple, augmente le risque de leucémie. »
Pour lever ces ambiguïtés, l'épidémiologie opte pour de
vastes cohortes, plus robustes sur le plan statistique. En
2011, les 100 000 enfants français de la Cohorte enfant
scanner2 - engagée depuis 2009 avec le concours de
l'IRSN - sont inclus dans l'étude européenne EPI-CT3.
Réunissant un million d'enfants de neuf pays
européens, EPI-CT explore tous les cancers solides
avec une fiabilité accrue, liée à un calcul élaboré de la
dose à l'organe. Ses résultats sont attendus pour
2020 : ils doivent fournir à la radioprotection un
chiffrage du risque radio-induit.
Mais si l'épidémiologie affine la connaissance du
risque, la radioprotection de l'enfant face au scanner
ne l'a pas attendue pour avancer. « Jusqu'en 2000,
des établissements utilisaient des protocoles adultes
en pédiatrie. À partir de 2008, les doses ont diminué,
raconte Marie-Odlie Bernier. Ce progrès n'est pas une
conséquence des études réalisées. Mais le fait de les avoir
menées, d'avoir évoqué ce risque avec les radiologues, a
contribué à modifier les pratiques. »
Page 11 - Repères N° 46 - juillet 2020

Repères - N°46 / Juillet 2020 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

Table des matières de la publication Repères - N°46 / Juillet 2020 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire