Repères - N°46 / Juillet 2020 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 12

Une manipulatrice d'électroradiologie prépare un enfant de deux ans
en vue d'un scanner cérébral. Elle lui explique le déroulement de l'examen.

Effectuée sous guidage radiologique, la cardiologie interventionnelle
pédiatrique est un enjeu de radioprotection.

La radioprotection est
un combat perpétuel.
Hubert Ducou Le Pointe, spécialiste de radio-pédiatrie
à l'hôpital d'enfants Armand-Trousseau (Assistance
Publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP) le confirme :
« Beaucoup de radio-pédiatres sont impliqués dans la
radioprotection nationale et internationale à travers
des groupes et des projets européens, comme le Lake
Starnberg Group4 issu de la Société européenne de
radiologie pédiatrique. C'est devenu une tradition. » Et
de pointer des avancées notables : « Les techniques se
sont améliorées. Grâce aux détecteurs de rayons X plus
performants, les machines exposent moins aux rayonnements qu'avant. »
Pour mieux connaître ce niveau d'exposition,
l'IRSN expertise le parc scanner français. Parue en
20185, cette analyse décrit un parc majoritairement
récent. Seuls 3,5 % des scanners ont plus de 10 ans.
Julie Sage, physicienne médicale en charge de l'étude,
indique : « Les scanners installés en 2015 ont des indices
de dose en baisse de 20 à 30 % comparés à ceux installés
avant 2009. »

Vers une évolution du remboursement ?

L'expertise du parc fait émerger un autre constat :
le scanner pédiatrique génère peu d'activité et les
centres qui le pratiquent sont souvent déficitaires.
« Outre un matériel spécifique, le scanner demande
du temps et du savoir-faire pour préparer l'enfant et
réussir l'examen du premier coup malgré un contexte
stressant », observe Julie Sage. Pour remédier à
cette situation, l'Institut propose des solutions5.
L'une d'elles : valoriser par le remboursement la
mise en condition du jeune patient et de sa famille.
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1 million
d'enfants de neuf
pays européens
participent à l'étude
épidémiologique
EPI-CT.
Elle analyse
le risque de cancer
radio-induit par
un ou plusieurs
scanners
diagnostiques.

1. P earce MS (2012) The Lancet
380, 499-505

2. C
ohorte enfant scanner

www.irsn.fr/LEPID-EnfantScanner

3. E pidemiological study to

quantify risks for paediatric
computerized tomography and
to optimise doses
www.irsn.fr/EPI-CT

4. G
roupe de chercheurs en
radiologie pédiatrique

5. R apport "Parc de scanners et

recommandations relatives à
la radioprotection en imagerie
médicale"
www.irsn.fr/Parc-Scanners

« En cas d'examen un peu long, nous mettons l'enfant
à l'aise. Dans notre service, nous lui faisons respirer un
mélange d'oxygène et de protoxyde d'azote », illustre
Hubert Ducou Le Pointe.
Le rapport préconise surtout la substitution.
Lorsque cela est possible, les examens irradiants
doivent être remplacés par ceux non irradiants,
comme une échographie ou une imagerie par
résonance magnétique (IRM). Mais ces modalités
ne sont pas toujours disponibles. Reste en
outre l'épineuse question du remboursement.
Pour l'échographie et l'IRM chez les enfants, la
classification des actes médicaux ne prévoit pas de
« modificateurs » pour valoriser des circonstances
particulières de réalisation des actes. Pourtant
ces examens exigent aussi un temps préparatoire.
« Cette incohérence peut freiner la substitution et se
répercute sur la radioprotection », pense Julie Sage.
Une revalorisation du remboursement pourrait
favoriser la réorganisation des urgences pédiatriques
pour mieux prendre en compte la radioprotection, en
donnant notamment un accès continu à l'échographie
et l'IRM, préconisé par l'Institut.

Nouveaux NRD pédiatriques en 2019

Les niveaux de référence diagnostiques (NRD) sont
un autre levier pour optimiser l'exposition. « Nous
analysons les doses envoyées par les professionnels et
proposons des NRD », décrit David Célier. Depuis
dix ans, cet expert en radioprotection à l'Institut
participe à l'élaboration de ces niveaux, en vigueur
depuis 2004. « Cette "photo" des pratiques donne
aux professionnels un moyen d'agir. Chacun relève
les doses délivrées à ses patients et par comparaison
aux NRD, identifie sur quels examens faire prioritairement porter l'effort d'optimisation. » La démarche
se veut simple, efficace. Pourtant, quinze ans après
leur instauration, les NRD restent assez peu utilisés
en pédiatrie et difficiles à mettre à jour, en raison

DOSSIER

https://www.irsn.fr/fr/larecherche/organisation/equipes/radioprotection-homme/lepid/pages/lepid-cohorte-enfant-scanner.aspx#.XwamXh3go8s http://www.irsn.fr/EPI-CT http://www.irsn.fr/Parc-Scanners

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