Repères - N°48 / Février 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 10

SÛRETÉ
Diesel d'ultime secours

Un des piliers du « noyau
dur », le groupe électrogène
diesel d'ultime secours
alimente les éléments vitaux
de l'installation en cas
de perte des autres sources
électriques. L'IRSN évalue
sa conception. Prévu pour
résister à des agressions
extrêmes, le dispositif sera
selon EDF pleinement
opérationnel pour tous
les réacteurs au plus tard
fin février 2021.

Le bâtiment DUS a une silhouette reconnaissable :
24 mètres de long, 12 de large et 25 de haut.

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vec une emprise au sol limitée
de 288 m2, les bâtiments abritant
le groupe diesel d'ultime secours
(DUS), appelés bâtiments DUS, implantés à
proximité de l'îlot nucléaire. Et pour cause :
en situation extrême, ces moteurs diesel
doivent réalimenter les systèmes et composants du « noyau dur » (ND) pour éviter la
fusion du cœur. À défaut, ils doivent en limiter les conséquences : éviter des rejets massifs
dans l'environnement (lire p. 8). Comment
les experts ont-ils suivi leur conception ?
Ces bâtiments bunkérisés doivent résister à
des situations extrêmes. « Élaborés en béton
armé avec des murs de 50 cm d'épaisseur, ils

Les expertises rendues lors
de leur conception

Visite d'experts à la centrale de Cruas (Ardèche) dans le cadre
des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) menées à la suite de l'accident de Fukushima Daiichi.

peuvent résister à des phénomènes naturels
extrêmes et à leurs effets induits : la foudre,
la grêle, les tornades et les séismes », énumère Marie-Hélène Bonhomme, experte en
génie civil.
Dès 2016, l'IRSN examine la fiabilité et la
robustesse du groupe électrogène DUS,
prévu pour fonctionner pendant 72 heures.
Il vérifie sa capacité à délivrer la puissance
électrique nécessaire : 3050 kW. Il publie
un premier avis1. « L'Institut considère les
hypothèses initiales de conception satisfaisantes », expose Patrick Lejuste, chef de
projet post-Fukushima.
L'élaboration du réseau électrique du ND
- alimenté par le DUS - et ses protections
sont aussi expertisées2. Plus récemment1, les
experts évaluent la bonne adéquation entre
la puissance fournie par le générateur diesel
et les besoins énergétiques des équipements
ultimes qu'il alimente.

Des recommandations
sur la tenue au séisme

En plus du groupe électrogène, les bâtiments des DUS disposent aussi de pompes
de graissage, de réservoirs de fioul, d'un
système de ventilation, de batteries, d'un
tableau électrique et d'un réseau de détection
incendie. La présence humaine n'y est pas

nécessaire : en cas de coupure électrique,
le groupe démarre automatiquement. « Les
ancrages de chacun de ses équipements sont
dimensionnés pour résister aux conséquences
d'un séisme de niveau " noyau dur " », précise
Patrick Lejuste.
L'IRSN fait une recommandation en 20161
pour la tenue au séisme, les hypothèses
et méthodes de dimensionnement des
ouvrages abritant les DUS. Il demande à
l'exploitant de s'assurer que les marges de
sécurité sont suffisantes.
En 2012, l'Autorité de sûreté nucléaire
(ASN) fixe la livraison des 56 DUS pour
2018. Fin 2018, deux sont opérationnels
sur le site de Saint-Laurent-des-Eaux
(Loir-et-Cher). Depuis, les réacteurs du
parc sont progressivement équipés.
Selon EDF, tous les DUS seront opérationnels en février 2021. n
1. Avis IRSN 2016-00187, puis cinq avis

sur la mise en exploitation des DUS : 2017-00042
(train P4 du palier 1300 MWe), 2017-00131
(palier CPY), 2017-00318 (train P4 du palier
1 300 MWe), 2017-00344 (palier N4) et
2018-00109 (palier CP0 Bugey).

2. Avis IRSN 2017-00058.
Pour en savoir plus :

Le concept du « noyau dur »
irsn.fr/ECS-noyau

http://www.irsn.fr/ECS-noyau

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