Repères - N°48 / Février 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 6

JAPON 2021

Extraction du combustible, contamination
de l'environnement, retour des habitants, décontamination...
Quelle est la situation actuelle, dix ans après l'accident ?
Quelles sont les conséquences sur la population
et l'environnement ?
Forêts : la dose baisse

Les radionucléides rejetés en 2011 ont dérivé
majoritairement vers l'océan, et dans une
moindre mesure vers la terre, se déposant
sur la végétation et au sol (pour 80 % d'entre
eux dans les forêts). De plus, ces radionucléides ont connu une décroissance - entre
2011 et 2020, l'iode 131 a disparu, par
exemple, alors que la radioactivité associée
au césium 137 a diminué de 20 % - et ont été
en partie absorbés par les plantes.
Dès 2011, l'Institut engage le projet de
recherche Amorad avec l'université de
Tsukuba au Japon et l'Andra1 (lire p. 20).
Après quatre campagnes nippones - 5 000
échantillons d'arbres et de sols examinés -,
le cycle du césium entre les divers compartiments de la forêt - feuilles, branches, écorce,
bois, racines, humus, litière, sol minéral - est

La valeur du poisson
et des produits de la pêche
en 2016, par comparaison
avec l'époque avant l'accident*.

220 Md €

Le coût direct de l'accident**.
Il englobe l'indemnisation
des dommages, les pertes
de l'agriculture, de la pêche,
du tourisme, la gestion
des territoires contaminés, etc.
* Source : T. M. Nakanishi et al. (eds.),
Agricultural Implications of the Fukushima
Nuclear Accident (III), 2019.
** Sources : Divers Japon, IAE, EIA.

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mieux compris. « En 2020, 75 % du césium
initialement déposé en forêt a rejoint le sol,
5 % se trouvent encore dans les arbres. Au
fur et à mesure de leur migration dans le sol,
l'exposition des personnes pénétrant la forêt se
trouve progressivement diminuée », décrit le
spécialiste en géochimie, Frédéric Coppin.
Ce travail alimente des modèles utiles à la
protection de l'homme.
n

Le corium dans tous ses états

Retirer ce magma issu de la fusion du
combustible, toujours dans les cuves ou
mélangé au béton au fond du bâtiment...
est la priorité du démantèlement. C'est
aussi sa partie la plus complexe.
Face aux radiations bien trop élevées pour
toute intervention humaine, la compagnie
d'électricité de Tokyo (Tepco) a déployé
des robots. Ils explorent les lieux et vont
collecter des échantillons de corium, devant
révéler sa dureté, sa granularité... Objectif
de cette opération : choisir les meilleures
technologies pour détecter, découper et
collecter les dizaines de tonnes de ce matériau hautement radioactif. « L'IRSN, qui a
beaucoup travaillé sur ce type d'accidents,
intervient maintenant pour mieux évaluer
les caractéristiques des coriums et pour
limiter les risques de dispersion inhérents à
leur découpe », précise Didier Vola, chef du
service des accidents majeurs (lire p. 11 et 13).
Le démantèlement devrait durer trente ans.
n

Un site de stockage temporaire de sacs
de terre contaminée dans la préfecture de Fukushima en 2016.

Une montagne de déchets

Pour réduire l'exposition de sa population, le Japon fixe la limite de dose additionnelle à 1 mSv/an et lance une décontamination volontariste. Il en résulte quelque
20 millions de mètres cubes de déchets. Au
début, ceux-ci sont regroupés dans des
entreposages provisoires, nommés kariokiba. Leur contenu est destiné à être trié,
incinéré, voire reconditionné, puis transféré dans I'installation d'entreposage temporaire unique, dans la préfecture de Fukushima pour tout ce qui dépasse 8 kBq/kg.

Dix ans après, quelle est la situation ?

Un robot récupère le corium dans l'enceinte
de confinement du réacteur 2. Le but est d'évaluer
sa consistance en vue du démantèlement.

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