Repères - N°49 / Avril 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 5

Environnement

© Justo Cabrera/IRSN

TEMPS FORTS

Descente en nacelle dans le puits
pour la mise en place de l'expérimentation.

Creuser un puits vertical
d'un mètre de diamètre,
en préservant la roche en paroi,
est un défi technologique. 

Stockage des déchets

Étudier « les portes » de Cigéo

" L

es résultats obtenus avec le dispositif
expérimental VSEAL 11 aideront les
experts à évaluer la sûreté du centre de
stockage géologique de déchets radioactifs
de la Meuse [Cigéo] après sa fermeture »,
explique Alexandre Dauzères, géochimiste
à l'IRSN2. Les chercheurs étudieront in situ
le scellement des puits verticaux, servant
à rejoindre les galeries souterraines, et
analyseront leur efficacité  : perméabilité
aux gaz et à l'eau.
Le dispositif, à l'échelle 1/10e, consiste en
un puits vertical - 1 mètre de diamètre,
10 mètres de profondeur - fermé par un
« noyau d'argile gonflante » de 3,5 mètres
de hauteur, semblable à celui prévu pour
Cigéo. « Dans le véritable stockage, au
contact de l'eau infiltrée, ce noyau devra se

Santé

dilater, sceller le puits et le rendre quasiment
étanche. Cette étanchéité sera primordiale
pour prévenir des remontées importantes
de radionucléides. Mais il faut s'assurer que
l'hydrogène produit par la corrosion des
métaux composant les colis de déchets ne
limitera pas la saturation du scellement  »,
précise le géochimiste. Le puits a été foré et
le noyau argileux de VSEAL 1 mis en place
au laboratoire de recherche souterrain de
l'IRSN à Tournemire (Aveyron).
Cette étude complète les modélisations des
comportements hydrique et mécanique
conduites en laboratoire à l'échelle 1/100e.
1.  Pour Vertical Sealing, « scellement vertical ».
2. L aboratoire d'étude et de recherche sur

les transferts et les interactions dans les sous-sols
(Letis).

Réacteur à haut flux
de Grenoble	

Reconstitution 3D par le logiciel Seed d'une scène où deux personnes
sont exposées au rayonnement (en vert) d'une source située sous un siège.

© SPRA/IRSN

Réexamen périodique :
les conclusions de l'IRSN

Accident radiologique

La reconstitution dosimétrique
gagne en précision

" S

eed [Simulation des expositions
externes et dosimétrie] fournit une
reconstitution dosimétrique précise, en
modélisant l'événement radiologique sur le
terrain.  » Pour Christelle Huet, chercheuse
en dosimétrie externe, c'est là l'avantage clé
de ce logiciel en développement.
Déployé sur site après un accident ou une
malveillance, il estime en moins de 24 heures
la dose externe reçue par les victimes. Cette
dosimétrie précise renseigne sur l'atteinte
des tissus. Elle aide à poser un diagnostic
et à définir une stratégie thérapeutique.
Aujourd'hui, la reconstitution dosimétrique

utilise des codes Monte-Carlo. Or celle-ci
exige le scénario précis d'irradiation. Parce
qu'il est utilisé sur site, et donc en lien avec
les témoins et les victimes, Seed assure un
meilleur recueil des données et permet
ainsi de répondre à ces exigences. Il simule
ensuite la dose reçue en fonction du type de
source, du radioélément, de la distance à la
victime, de la durée d'exposition, etc.
Développé avec le Service de protection
radiologique des armées dans le cadre
d'une thèse, Seed a été validé expérimentalement. Sa mise en œuvre sur le terrain
sera confirmée lors d'un exercice de crise.

À l'occasion de son évaluation1 de la sûreté
du réacteur de recherche2 de Grenoble
(Isère), l'IRSN souligne l'important travail
mené par l'Institut Laue-Langevin (ILL) pour
vérifier la conformité de l'installation aux
exigences applicables et réévaluer sa sûreté.
Cette expertise a impliqué une quinzaine
d'équipes : génie civil, incendie, fiabilité
des systèmes, thermo-hydraulique...
L'Institut considère que les dispositions
du « noyau dur » permettraient - même
en cas d'aléas extrêmes - le refroidissement
des combustibles dans le cœur et la piscine
d'entreposage. Des vérifications
complémentaires doivent être effectuées
pour garantir que les composants du noyau
dur sont aptes à assurer leurs fonctions
en cas de séisme extrême.
Cependant, le pont de manutention
du bâtiment du réacteur, appelé aussi point
polaire, doit être renforcé pour garantir
sa stabilité, notamment en cas de séisme
extrême. Pour les experts, ces travaux sont
à réaliser dans les meilleurs délais.
L'ILL devrait mettre en œuvre d'ici trois ans
la majorité de la cinquantaine d'engagements
qu'il a pris à l'issue de ce troisième réexamen
de sûreté.
1. www.irsn.fr/Avis-2020-173
2. Le réacteur à haut flux est utilisé en physique
de la matière, biologie moléculaire...

Page 5 - Repères N° 49 - avril 2021
http://www.irsn.fr/Avis-2020-173
Repères - N°49 / Avril 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire

Table des matières de la publication Repères - N°49 / Avril 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire
