Repères - N°50 / Septembre 2021 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 11

DOSSIER
Filtration des aérosols
Assurer la performance
Une installation nucléaire produit des aérosols, dont certains sont radioactifs. Pour protéger
les travailleurs et la population, il faut évaluer le risque de dispersion et dimensionner les systèmes
de filtration de l'air. L'Institut expertise ce dimensionnement et contribue à fixer des normes.
Ses recherches et ses dispositifs expérimentaux affinent les connaissances sur la filtration.
" Q
uand la matière radioactive n'est pas
dans un lieu étanche ou à faible taux de
fuite, comme le bâtiment d'un réacteur, le
confinement n'est pas garanti. Deux alliés assurent la
radioprotection de l'homme et de l'environnement :
la ventilation et la filtration », explique Éloi Bauduin,
expert en confinement. C'est le cas pour les laboratoires
de recherche, usines de fabrication et de retraitement
du combustible et lieux en démantèlement.
La matière radioactive y est manipulée de diverses
manières - évaporation, fusion, broyage... - dans
des équipements complexes, parfois dans plusieurs
bâtiments.
Dans ce dossier, Repères aborde les expertises et
recherches sur la performance de la filtration des
aérosols, en conditions nominales et accidentelles.
Ces travaux s'intéressent à l'aérosol, à son transfert
dans l'installation, à son rejet et surtout aux dispositions
matérielles et organisationnelles prévues pour limiter
les rejets dans l'environnement.
Expertiser les lieux à risque
« Le confinement dans le nucléaire fonctionne en
" poupées russes " . La ventilation crée une cascade de
pressions, qui fait circuler l'air vers la zone la plus
contaminée », décrit Éloi Bauduin. Selon les risques,
jusqu'à trois niveaux de filtration très haute efficacité
(THE) se succèdent. Un premier sécurise le procédé1
contaminé, au plus près de la matière : boîtes à gants
contenant de la poudre de combustible, lieux de
transit de tuyaux véhiculant des liquides actifs... Un
deuxième confine le local où se trouve le procédé et où
interviennent les travailleurs. Un troisième sécurise le
reste de l'installation. Le dernier niveau de filtration
(DNF) constitue toujours l'ultime barrière pour
maîtriser les rejets dans l'environnement (lire p. 14).
La filtration, soumise à des
normes, est régulièrement
contrôlée, selon des règles
fixées par les exploitants.
Le dimensionnement de
la filtration d'une installation
- le type et le nombre
de filtres THE - repose sur
l'évaluation des niveaux de
contamination atmosphérique
en fonctionnement
nominal et accidentel. Il
s'appuie sur la norme
NF ISO 17 873. Celle-ci
fait consensus entre les
exploitants et l'IRSN. « Nos
évaluations concernent des
sujets variés : chute de colis,
rupture de cuves ou incendie
», observe l'expert.
Elles se concentrent sur les
lieux et situations à risque
maximal, à divers stades du
cycle de vie d'une installation
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