Repères - N°57 / Mai 2023 - Le magazine de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - 20

INTÉRÊT PUBLIC
Rhône et radioactivité :
les questions
des riverains
Ils sont ingénieurs, enseignants retraités... et habitent
les Bouches-du-Rhône. Ils assistent à une animation
à la station d'observation du Rhône en Arles (Sora),
dans le cadre du festival « Dans les bras du Rhône ».
Quelles sont leurs interrogations ?
1 Le Rhône est-il dangereux ?
Culture, art, nature... Depuis 2010 dans
le bassin rhodanien, le festival « Dans les bras
du Rhône » explore diverses facettes du fleuve.
Il est organisé par le centre permanent
d'initiatives pour l'environnement Rhône
Pays d'Arles. Le 8 octobre 2022, il propose
un sujet scientifique - « Le Rhône est-il
radioactif ? » - et fait découvrir à une
trentaine d'Arlésiens la station
de l'observatoire du Rhône à Arles (Sora).
Les questions « Y a-t-il de la radioactivité ?
Est-ce dangereux ? » sont posées
immédiatement. Christelle Antonelli,
chercheuse et experte de la surveillance
en milieu fluvial, répond sans détour :
« Oui, nous en mesurons dans le fleuve :
elle est artificielle et naturelle. » Pour mettre
en perspective ces données, elle pointe trois
courbes (photo ci-dessous). Elles compilent
plus de dix ans de relevés des émetteurs
alpha, bêta, gamma et du tritium. Verdict,
en comparaison avec l'eau potable,
« aucune limite réglementaire d'activité
n'aurait été dépassée pour le Rhône aval »,
souligne-t-elle. Pour les émetteurs alpha
et bêta, la comparaison se fait avec
la limite de la potabilité de l'eau, définie
par la réglementation française. Quant
au tritium artificiel rejeté par des centrales,
dans le fleuve on mesure aussi sa forme
naturelle et celle issue des dépôts dus aux
tirs des armes nucléaires antérieurs aux
années 1980. Comparées au niveau
de pré-alerte français de 100 becquerels
par litre (Bq/L) - soit un centième
de la valeur guide recommandée
par l'Organisation mondiale de la santé -,
les mesures sont rassurantes.
2 Pourquoi le fleuve est-il surveillé ?
Émetteurs alpha, bêta, tritium : depuis 2008, tous
les relevés sont en deçà des seuils (lignes rouges).
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Curieux, les citoyens veulent savoir pourquoi et comment ces mesures sont réalisées.
Christelle Antonelli commence par brosser le « profil » de ce fleuve, un des plus
nucléarisés au monde. Le Rhône compte dans son bassin quatre centrales, deux
usines du cycle du combustible, deux centres de recherche et plusieurs hôpitaux.
Tous y rejettent des effluents radioactifs, selon les autorisations qui leur sont
accordées. À cela s'ajoute la radioactivité de son bassin versant, due à l'accident
de Tchernobyl, aux essais nucléaires et en partie naturelle, rappelle-t-elle.
L'experte explique que si Sora contribue à surveiller le fleuve, elle aide surtout
à mieux comprendre les dépôts et relargages de la radioactivité. Elle recueille
des échantillons d'eau contenant des matières en suspension toutes les heures
et 365 jours par an. Après traitement, ils sont analysés par l'Institut en région
parisienne. « Ils indiquent quels radionucléides sont présents et en quelle quantité »,
détaille la scientifique. Un visiteur est « étonné par la technicité de ces mesures ».
Toutes les heures, la station prélève environ
20 litres d'eau fluviale. La matière en suspension
retenue par des filtres est analysée.

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