Aires Marines Protégées n°37 le marin du 8 juin 2017 - 3

Remmoa, le retour

« Ce retour est fortement attendu localement, assure Laurent Kelle, au WWF Guyane. Il va permettre
de mettre à jour les connaissances presque dix ans
après la première campagne. » Les résultats de cette
dernière avaient surpris, dans ce territoire où les
travaux antérieurs sur les mammifères marins, très
sommaires, avaient conclu à une diversité assez
faible de ces espèces. Remmoa a en eﬀet révélé une
diversité et une abondance remarquables des cétacés, ainsi que de fortes densités de raies manta, ce
qui n'était pas connu jusqu'alors. « Cette campagne
nous a aussi permis de compléter nos connaissances
sur le dauphin de Guyane pour lequel nous organisons maintenant des survols d'inventaire, poursuit
Laurent Kelle. Ces derniers associent des intervenants
locaux, préalablement formés selon le protocole
promu par l'observatoire Pelagis. Nous avons aussi
pu réaliser un premier inventaire de l'espèce dans
les eaux du Suriname, pays frontalier, en utilisant le
même protocole. »
Aux Antilles, le premier volet de Remmoa suggère
une densité supérieure des petits delphinidés par
rapport aux autres espèces, et des abondances globales de cétacés relativement faibles. « Toutefois, ces
résultats sont à prendre avec une grande prudence,
prévient Olivier Van Canneyt, chercheur à l'observatoire Pelagis. En eﬀet, en 2008, les conditions de
détection lors de cette première campagne Remmoa
aux Antilles ont été très défavorables. » Il poursuit :
« Notre ambition de départ était d'être présent
durant la période de présence des baleines à bosse,

mais c'est aussi la saison où souﬄent les alizés. Par la
suite, nous avons décidé d'eﬀectuer plutôt nos survols
à la période où les vents sont les plus faibles, quitte
à sacriﬁer l'observation de ces espèces migratrices.
Notre priorité est de documenter au mieux la mégafaune dans son ensemble », justiﬁe-t-il.
Deuxième changement concernant les Antilles : la
campagne Remmoa y prendra, cette année, une
dimension régionale, en incluant les eaux de la Dominique et au moins une partie de celles des Antilles
néerlandaises. « Nous aurons donc plus d'opportunités d'observations et plus de cohérence spatiale, et
la comparaison avec les autres régions ultramarines
d'outre-mer explorées par Remmoa deviendra possible », explique Olivier Van Canneyt.

AFB

Remmoa revient, à l'automne 2017,
pour le début d'un deuxième cycle
d'observations qui débutera, comme
le premier, par les Antilles et la Guyane.

Thierry Canteri

a été
nommé délégué à la mer de l'Agence
française pour la biodiversité (AFB). Il
animera notamment le comité d'orientation
mer de l'AFB, qui doit être mis en place en
septembre prochain. Thierry Canteri assume
cette fonction en complément de celle de
directeur des parcs naturels marins, des
parcs nationaux et des territoires, au sein de
l'agence.

Identiﬁer les habitats
préférentiels
« Remmoa complète les méthodes d'investigation mises en place aux Antilles, en donnant des
informations sur les animaux au large, et sur
l'ensemble de la mégafaune marine, alors que
les études menées par ailleurs se déroulent souvent plus près des côtes, et se focalisent sur un
groupe, voire sur une espèce », estime Olivier
Raynaud, directeur de l'Agence territoriale de l'environnement de Saint-Barthélemy. « Notre agence est
gestionnaire d'une réserve naturelle marine, et, à ce
titre, membre du conseil de gestion d'Agoa, sanctuaire pour les mammifères marins aux Antilles. Son
rôle est donc d'élaborer une stratégie pour minimiser les impacts des activités humaines sur la faune
marine, résume-t-il. Remmoa peut nous y aider en
contribuant à identiﬁer ses habitats préférentiels.
Croisés avec des cartes des usages du milieu marin,
ces résultats révèlent les zones prioritaires pour la
gestion. »

Le deuxième Ocean Hackaton
aura lieu à Brest du 13 au 15 octobre, en
partenariat avec l'AFB. Usager de la mer,
professionnel ou simple citoyen, vous avez
jusqu'au 18 juin pour proposer un déﬁ.
Rendez-vous sur www.campus-mondial-dela-mer.fr

C'est le nombre de phares compris dans le
périmètre du parc naturel marin d'Iroise
qui viennent d'être classés au titre des
monuments historiques. Il s'agit de La
Jument, Nividic, Le Four, Les Pierres noires,
Kéréon et Ar men.

Échouages de dauphins
60
50
40
30
20

PELAGIS / AFB

Un observateur Remmoa en pleine action.

19-mars

5-mars

12-mars

19-févr.

26-févr.

5-févr.

12-févr.

29-janv.

8-janv.

1-janv.

22-janv.

10
15-janv.

Nombre de dauphins échoués

Nombre de dauphins communs échoués, par
jour, enregistrés par l'observatoire Pelagis
depuis début 2017 (source RNE). Ces échouages
correspondraient à plus de 3 500 dauphins
morts en mer.

l'aire marine / numéro 37 / juin 2017

http://www.campus-mondial-de-la-mer.fr

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