Aires Marines Protégées n°41 le marin du 30 août 2018 - 2

DOSSIER

Jeudi 30 août 2018

Aires marines éducatives : une rentrée en force

« C'est l'un des outils d'éducation à l'environnement
les plus performants que j'ai eu à mettre en place ».
Jean-Louis Pierragi, animateur éducation à l'environnement à l'Office de l'environnement corse et
référent de l'aire marine éducative de Bonifacio, est
enthousiaste. « Ce qui fonctionne, assure-t-il, c'est de
placer l'enfant au cœur du dispositif d'apprentissage.
Ce sont eux qui choisissent et mettent en place les
suivis scientifiques. Leur action est aussi valable que
celle réalisée par des adultes ». Les Aires marines
éducatives (AME) s'inspirent des Aires marines protégées (AMP). La classe qui prend en charge l'AME
doit apprendre à la connaître, à poser un diagnostic
pour concevoir les actions de gestion. Les décisions
sont prises par le conseil des enfants de la mer, qui
associe parfois les acteurs locaux. « Ils ont appris
que la grande nacre, le deuxième plus grand coquillage du monde, subissait des mortalités anormales
en Espagne et que le phénomène commençait à
s'entendre au golfe d'Ajaccio, raconte-t-il. Ils nous
ont interpellés et ils ont écrit au directeur de la réserve, pour mettre en place un suivi sur leur zone »,
s'étonne encore Jean-Louis Pierragi.

S'éveiller à la découverte
active du monde
Les AME offrent également aux élèves une ouverture
sur le monde. « Il y a un enjeu pédagogique, scientifique et civique, souligne Jean-Michel Valantin, haut
fonctionnaire au développement durable du minis-

Maire de Fort-Mahon
(Somme)

Les élèves de l'école Alain Fournier (Wimereux) découvrent leur aire marine éducative, avec une animation
dédiée à la découverte tout en douceur, en poésie et en magie...

tère de l'Éducation nationale. C'est un support qui
permet aux élèves de s'éveiller à la découverte active
du monde qui les entoure. C'est le but de l'éducation
au développement durable. Ils comprennent les données et les enjeux. Ils deviennent partie prenante de
la vie de leur territoire. Le fait qu'on écoute ce qu'ils
proposent permet de valoriser et de reconnaître le
travail réalisé par la communauté éducative ». Les
premiers résultats sont là : « En Guadeloupe, les
élèves sensibilisent les baigneurs et ont mis en place
un protocole pour suivre la quantité et le type de
macro déchets sur leur AME. Ils ont ainsi pu constater la diminution de certains d'entre eux. C'est intéressant de pouvoir travailler à long terme, souligne
François Morisseau, chargé de mission à l'Agence

française pour la biodiversité, qui coordonne le
réseau. Le partage d'expérience fait aussi monter les
projets en qualité », explique-t-il. Le réseau compte
aujourd'hui une cinquantaine d'écoles et autant se
sont inscrites pour la rentrée 2018.
Le plan « biodiversité » annoncé par Nicolas Hulot
fixe un objectif de 500 écoles engagées dans la démarche avec leurs petites sœurs, les aires terrestres
éducatives, en phase d'expérimentation. Le Comité
de pilotage* des AME va organiser ce déploiement
et garantir la labélisation de ces projets.
* Agence française pour la biodiversité, ministère de
la Transition écologique et solidaire, ministère de
l'Éducation nationale et ministère des Outre-mer

Vraiment une très grande chance

3 questions à...

Alain Baillet

Line Viera / Agence française pour la biodiversité

Une « aire marine éducative », c'est la
rencontre d'une classe et d'une zone
maritime littorale de petite taille.
Accompagnés par un référent, les
élèves et leur professeure prennent en
charge sa gestion. Né aux Marquises, le
dispositif a essaimé sur tout le territoire.

Pourquoi avoir appuyé la création
d'une aire marine éducative sur
votre territoire ?

En quoi les aires marines éducatives
se différencient-elles d'autres projets
d'éducation à l'environnement ?

Quelles sont les propositions des
élèves cette année ? Allez-vous en
appuyer certaines ?

J'ai assisté à une réunion il y a deux
ans et j'ai vu la carte du monde
représentant toutes les aires marines
éducatives. Il y en avait en Martinique,
à la Réunion, en Corse. J'ai trouvé
extraordinaire que notre école puisse
participer à cette aventure mondiale.
J'ai trouvé le projet très beau. Le
fait que les enfants découvrent les
richesses de notre baie d'Authie et les
partagent ensuite avec leurs parents
est pour moi une grande richesse.

C'est un projet qui dure toute une
année.
Cela leur permet de vraiment approfondir leurs connaissances du milieu.
Et puis c'est aussi l'occasion pour eux
de rencontrer des gens qu'ils n'ont
jamais vus : ceux du parc marin, du
parc ornithologique...
Ils sont acteurs, ils vont sur le terrain,
ils constatent ce qu'il s'y passe. Pour
moi, c'est vraiment une très grande
chance.

Ils ont beaucoup travaillé autour des
déchets. Ils nous ont proposé de faire
plus de ramassage sur les plages,
mais aussi de mettre en place des
« bacs à marée », pour que chacun
puisse collecter des détritus. Ils
veulent d'ailleurs que ces bacs soient
sélectifs, pour qu'un tri puisse être
fait directement sur la plage. Ce tri
sur place, nous n'y avions pas pensé.
C'est une proposition très intelligente
et nous allons en tenir compte.

Table des matières de la publication Aires Marines Protégées n°41 le marin du 30 août 2018