Aires Marines Protégées n°48 le marin du 9 juillet 2020 - 2

DCSMM : évaluer pour agir

« La directive cadre Stratégie pour le milieu marin
(DCSMM), nous oblige à agir pour retrouver ou
conserver ce qu'on appelle le bon état écologique du
milieu marin », résume Florence Cayocca, cheffe de
service ECUMM à l'OFB.
On utilise onze descripteurs qui permettent de qualifier l'état du milieu, comme ceux relatifs aux habitats et espèces, aux contaminants ou encore aux
espèces commerciales etc. Il faut pouvoir se fonder
sur des données robustes pour décrire cet état et se
fixer ensuite des objectifs d'action. Les programmes
de surveillance sont à la base du dispositif. « Nous
voulons avoir une image précise à un temps « t ».
Cela nous permet de voir si les actions mises en place
ont un effet », explique-t-elle.
La première évaluation du milieu marin réalisée en
2012 ne permettait pas d'avoir cette vision suffisamment fine pour renseigner tous les critères d'évaluation. La communauté scientifique française, les
collectivités, les services de l'État, les gestionnaires
d'espaces naturels ont, depuis, été mis à contribution pour partager les observations issues de leurs
différents dispositifs de suivi afin de contribuer au
programme de surveillance. « Nous sommes aujourd'hui en train de finaliser la révision de ces dispositifs pour conserver ceux qui sont pertinents »,
décrypte Florence Cayocca. Cette optimisation
s'accompagne d'une réflexion sur la mise en place
d'autres moyens d'observation. « Ce peut-être l'utilisation de techniques génomiques, ou le développe-

Direction de l'eau
et de la biodiversité
Ministère de la
Transition écologique
et solidaire

Les campagnes halieutiques EVHOE pilotées par Ifremer permettent de mutualiser la collecte de données
pour le suivi Oiseaux et mammifères marins de la DCSMM.

ment de drones pour aller observer de plus près les
habitats », développe-t-elle.
Le rôle de l'OFB consiste à assurer la maîtrise d'ouvrage, c'est-à-dire l'organisation de la collecte des
données auprès des acteurs institutionnels des territoires, des agences de l'eau, des services de l'État, des
universités et des associations. L'enjeu est aujourd'hui
de disposer d'un dispositif de surveillance plus robuste. « Les évaluations les plus significatives sont aujourd'hui issues de dispositifs de surveillance anciens,
comme par exemple l'évaluation des stocks halieutiques, indique Lucile Delmas, coordinatrice nationale de la DCSMM à l'Ifremer. La première campagne
d'évaluation des espèces commerciales remonte aux

années soixante-dix. Ces séries temporelles longues
permettent aux chercheurs de mieux connaître la
variabilité du milieu et d'interpréter les données d'une
année à l'autre. » Cette surveillance, mise en place
dans le cadre de la politique commune des pêches,
est aujourd'hui mise à contribution pour recueillir des
données sur d'autres thématiques. « Il faut optimiser
au maximum chaque sortie - qui sont onéreuses - pour
collecter des données supplémentaires », souligne
Lucile Delmas. L'Ifremer embarque ainsi par exemple
des personnels de l'Unité mixte de service Pelagis qui
assurent un suivi des oiseaux, des mammifères marins et des macrodéchets flottants, trois descripteurs
du bon état écologique du milieu marin.

Une vision plus précise des données

3 questions à...

Isabelle Terrier

Benjamin Guichard / Office français de la biodiversité

La surveillance de la mer est essentielle
pour bien dimensionner les mesures de
conservation et de restauration de la
biodiversité marine. Les dispositifs de
surveillance doivent évoluer pour être
plus robustes.

Quel est le bilan du premier
programme de surveillance de la
DCSMM ?

Quel est le calendrier fixé pour l'élaboration du prochain programme de
surveillance ?

Le tout premier programme de
surveillance adopté en 2015 a permis
de poser les bases d'une évaluation quantitative du milieu marin.
Aujourd'hui, nous devons le mettre
à jour avec la nouvelle définition du
bon état écologique et le rendre plus
opérationnel. L'ambition de ce programme de surveillance a augmenté
avec la nécessité de renseigner les
objectifs environnementaux adoptés
en 2019. Nous avons désormais une
vision plus précise des dispositifs et
données dont nous avons besoin.

Ce programme est intégré dans
les dispositifs de suivis des documents stratégiques de façade. En ce
moment, des échanges thématiques
sur les différents dispositifs sont
mis en place avec l'ensemble des
façades maritimes. Le programme
de surveillance sera élaboré à
l'automne 2020. Les consultations du public et des différentes
instances, préalables à l'adoption
définitive et à la présentation à la
Commission européenne, auront
lieu début 2021.

l'aire marine / numéro 48 / juillet 2020

Dans le prochain programme, vous
avez ouvert la porte à l'intégration
des sciences participatives. Pourquoi
est-ce important ?
Sur le milieu marin et le littoral,
il y a de nombreux dispositifs de
science participative : quatre-vingts
en métropole et outre-mer ! C'est
important d'y prêter attention parce
qu'ils nous permettent de recueillir
des données complémentaires et
parce qu'ils montrent l'intérêt de la
société pour la préservation du milieu
marin. Nous étudions comment
développer certains de ces dispositifs
pour qu'ils puissent intégrer le réseau
de surveillance, à terme.

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