Aires Marines Protégées n°48 le marin du 9 juillet 2020 - 3

Intégré dans le programme de
surveillance de la DCSMM, le dispositif
de suivi des limicoles côtiers continue
d'évoluer. À petite ou grande échelle,
l'évolution des populations est scrutée.

Amandine Eynaudi / Office français de la biodiversité

Le dispositif de suivi des limicoles côtiers repose principalement sur la collecte de données à travers des
comptages effectués sur le terrain, le long du littoral métropolitain. « Le dispositif est opérationnel et
répond aux exigences de la DCSMM, souligne Aurélie
Blanck, chargée de mission à l'OFB. Il bénéficie d'une
méthode de suivi bien standardisée, d'un protocole
d'échantillonnage applicable à un grand nombre de
sites. Il est facile à mettre en œuvre et reproductible. »
Les données concernent le bon état écologique des
eaux marines, en évaluant l'abondance des populations de limicoles côtiers.
Elles alimentent aussi celui des objectifs environnementaux de la directive sur le maintien et la restauration des habitats fonctionnels des oiseaux marins
dans les zones humides littorales et sur la limitation
du dérangement des oiseaux.
La construction des indicateurs permettant d'évaluer
le bon état des populations doit être finalisée lors du
second cycle de la DCSMM qui s'ouvre. « C'est l'étape
d'après, indique Emmanuel Caillot, chargé de projet
Littoral au sein de Réserves Naturelles de France. Il
faut valoriser ces données au travers de modèles statistiques qui aboutissent à un indicateur. » Ces indicateurs sont représentés sous la forme de roues qui
permettent des comparaisons pour chaque espèce
et chaque site. « C'est ce qui est intéressant avec cet

« emboîtement » de réseaux de comptage. Grâce
aux modèles statistiques développés, on peut observer les tendances sur le site mais aussi les comparer
à celles de la façade, du littoral métropolitain et des
quartiers d'hivernage de l'ouest de l'Europe. »
L'information ainsi modélisée va de ce fait pouvoir être utilisée localement comme au niveau
européen. « L'information est dynamique, poursuit
Emmanuel Caillot. Elle peut être comparée à ce qui
se passe au même moment ailleurs. C'est sans précédent par rapport à tous les indicateurs existants. »
« Nous avons un jeu de données qui s'étale sur vingt
ans, et donc une analyse fine de l'évolution de l'importance des sites et du rôle de chacun », complète Alain
Ponsero, conservateur de la Réserve naturelle nationale de la baie de Saint-Brieuc. Désormais ce sont
deux comptages par mois qui sont organisés dans
l'ensemble du fond de baie de St-Brieuc. « Grâce à ces
suivis standardisés, nous pouvons suivre les évolutions
vis-à-vis du changement climatique », souligne-t-il.
Un autre travail a été entrepris dans le cadre de l'observatoire du patrimoine naturel littoral : l'identification et la cartographie des zones d'alimentation
limicoles. « Nous allons travailler avec l'ensemble des
acteurs à la révision des périmètres de protection pour
y intégrer les zones d'alimentation », précise Alain
Ponsero. « Nous avons entamé la même démarche
et nous travaillons à son intégration dans le plan de
gestion, souligne Jean-Pierre Guéret, conservateur
de la Réserve naturelle nationale de la baie de l'Aiguillon. C'est important d'affiner nos connaissances
sur ces zones d'alimentation pour pouvoir, demain,
agir sur tel ou tel milieu si des facteurs importants
émergent. Ce travail nous pousse à nous interroger
sur le continuum terre-mer. Cela nous ouvre encore
d'autres perspectives. »

Exemple d'indicateur de suivi de limicoles. La population de barges à queue noire dans la Baie de l'Aiguillon est
en bonne santé localement. Une tendance similaire est observée aux autres échelles géographiques.

R. Dupuy de la grandrive

Limicoles : à la loupe

Au collègue et ami
Boris Daniel est décédé prématurément en
juin dernier. Ayant débuté sa carrière au
parc marin de la cote bleue, il avait regagné
l'Agence des aires marines protégées à sa
création où il a œuvré en Méditerranée
pour implanter ce nouvel établissement
devenu l'OFB. Il avait choisi de revenir à
ses premières amours en septembre 2019
en prenant la direction du parc marin de
la côte bleue. Nous gardons le souvenir
d'un homme engagé pour la protection
des océans, d'un plongeur passionné, fin
connaisseur des milieux naturels et des
réalités humaines de la Méditerranée. Une
pensée à sa famille.

euro dépensé au titre de la protection
de la biodiversité génère en moyenne
2,64 euros de production et 1,31 euro de
valeur ajoutée. Un chiffre clé à méditer au
moment des choix de relance économique
après la crise sanitaire de la Covid 19.

Iroise L'enquête publique sur l'extension
de la réserve nationale d'Iroise sera ouverte
du 29 juin au 20 juillet. Située au cœur du
Parc naturel marin d'Iroise qui en est le
gestionnaire, elle permet notamment de
protéger de nombreuses espèces d'oiseaux
rares ou menacées (grand gravelot, sterne...).
Depuis 2019, l'OFB a mené des travaux de
concertation pour expliquer les enjeux de ce
projet.
Nav&Co
C'est le nouveau compagnon de navigation
ludique et pédagogique qui va changer
notre regard sur la mer. Cette application
mobile permet aux plaisanciers de suivre
leur route sur les cartes marines du Shom
en découvrant la biodiversité. Elle informe
le navigateur de son entrée dans une
aire marine protégée ainsi que dans les
zones soumises à une réglementation
environnementale particulière.

l'aire marine / numéro 48 / juillet 2020

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