Aires Marines Protégées n°49 le marin du 8 octobre 2020 - 2

Plan national d'actions : les acteurs sur le pont
Dans un contexte d'érosion de
la biodiversité, comment protéger
des espèces de faune et de ﬂore
sauvages menacées ? Le plan national
d'actions constitue un outil opérationnel
pour les espèces les plus vulnérables.

Delphine Meyssard / OFB

Chef de projet
Outre-mer et espèces
amphihalines à l'OFB

Des plans d'actions pour la protection des dugongs ont été mis en œuvre à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.

péen, les tortues marines, l'albatros d'Amsterdam,
le Dugong et bientôt le puﬃn des Baléares. Pour le
dugong, une espèce présente en Nouvelle-Calédonie et à Mayotte qui ne se reproduit que très tardivement malgré son importante durée de vie, des plans
d'actions ont été mis en oeuvre et entrent dans leur
deuxième phase. Il vise essentiellement à réduire la
mortalité de d'origine anthropique.
« Nous sommes confrontés à la même problématique
aux Antilles vis-à-vis des tortues marines, indique
Fabian Rateau, animateur du PNA tortues marines
pour l'Oﬃce national des forêts. Lors du premier PNA
en 2010, nous avons beaucoup avancé sur la connaissance des espèces, mais nous n'avons pas réussi à
réduire les prises accidentelles de tortues. C'est l'ob-

jectif prioritaire du second PNA, qui a commencé en
2017. » Une étude en mer débute en novembre pour
tester, durant trois ans, plusieurs dispositifs destinés
à éloigner les tortues des ﬁlets. « Nous avons aussi
un travail important à terre pour protéger les sites
de nidiﬁcation de la destruction ou de la pollution
lumineuse », souligne Fabian Rateau. Des actions
de sensibilisation du grand public comme des élus
ou des professionnels sont eﬀectuées. « Nous avons
la chance de disposer d'un réseau d'acteurs professionnels et de bénévoles impliqués qui se développe
autour de nous, se félicite-t-il. C'est ce qui permet au
PNA de fonctionner et d'agir sur le long terme. »
(1) Union internationale pour la conservation de la nature.

Les poissons migrateurs en déclin croissant

3 questions à...

Bénédicte Valadou

Pierre Larue

Lorsqu'une espèce se trouve particulièrement menacée, un plan national d'actions (PNA) peut être mis
en place. « C'est un outil de protection décidé et mis
en œuvre quand d'autres outils s'avèrent insuﬃsants,
explique Magali Naviner, adjointe à la chef de bureau évaluation et protection des milieux marins à la
direction de l'Eau et de la Biodiversité du ministère
de la Transition écologique. Le PNA s'inscrit dans un
territoire et permet d'avoir une stratégie opérationnelle de moyen et long termes. »
Les plans nationaux d'actions ne portent que sur
des espèces protégées présentes dans la liste rouge
de l'UICN (1) et dans la liste d'espèces sauvages
prioritaires pour l'action publique identiﬁées par
le Muséum national d'histoire naturelle. « Il existe
deux sortes de PNA. Tout d'abord, le PNA pour le rétablissement. D'une durée de cinq ans, il caractérise
les mesures à mettre en œuvre en vue d'améliorer la
situation biologique de l'espèce. Il s'agit d'une vraie
mobilisation au regard de la gravité de la situation
de ladite espèce, décrypte Magali Naviner. Il existe
par ailleurs le PNA pour la conservation. D'une durée
moyenne de dix ans, il vise à capitaliser les actions
pour assurer la conservation à long terme des espèces concernées. Les PNA peuvent être renouvelés. »
Le plan national d'actions est un outil de mobilisation collective. Pour que les enjeux soient partagés
et les actions déclinées, tous les acteurs - services
de l'État, ONG, associations, acteurs économiques sont mobilisés. Pour le milieu marin, des PNA sont
aujourd'hui mis en œuvre pour l'esturgeon euro-

Quelle est la situation des
populations de poissons
migrateurs ?
Ces espèces sont en déclin croissant.
Un des principaux facteurs en cause
reste la fragmentation des habitats :
ces poissons ont biologiquement besoin de vivre alternativement en eau
douce et en eau salée et se retrouvent
face à des obstacles. Aujourd'hui,
l'anguille est aussi menacée que le
grand requin blanc, et l'esturgeon
est au même niveau que la tortue
luth. Selon la liste rouge de l'UICN
France, ils sont en danger critique
d'extinction, comme la grande alose.
La lamproie ﬂuviatile et le saumon

l'aire marine / numéro 49 / oc tobre 2020

atlantique sont considérés comme
vulnérables.

lation des esturgeons dans la Gironde.

Comment se porte l'esturgeon après
un premier plan d'action national ?

Pourquoi mettre en place un nouveau
plan en faveur des migrateurs amphihalins ?

L'esturgeon est toujours en danger
critique d'extinction, mais on retrouve
aujourd'hui des petits esturgeons
dans les chalutages scientiﬁques. Ils
sont issus de la reproduction artiﬁcielle qui a été à nouveau possible
grâce aux avancées notables sur la
reproduction de l'espèce ex situ issues
du premier PNA. Le second (20202029) doit permettre la restauration
de la population en travaillant sur la
protection des habitats et la libre circu-

Ce plan doit permettre de mettre en
place des mesures de protection cohérentes au niveau national. On connaîtra ainsi davantage certaines espèces
moins emblématiques mais tout
aussi importantes comme l'éperlan,
le ﬂet commun ou le mulet porc et les
espèces ultramarines aﬁn de prévenir
tout déclin. Grâce aux compétences de
l'OFB, on prendra également mieux
en compte le lien entre eau douce et
eau salée.

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