Aires Marines Protégées n°50 le marin du 26 novembre 2020 - 3

Innovation : un ancrage durable
Sur tous les littoraux, des initiatives
se développent pour protéger les fonds
marins des mouillages.

Dans le parc national de Port-Cros, 68 bouées
d'amarrage respectueuses de l'environnement ont
été installées sur une zone de 1,7 km². Sans chaîne
pour raguer les fonds et ancrées par un système de
vis hélicoïdales qui n'aﬀectent pas le système racinaire de la posidonie, elles sont installées de mi-avril
à mi-octobre.
« En haute saison, on pouvait compter dans la rade
jusqu'à 200 bateaux ancrés simultanément, souligne Stéphane Penverne, chargé de mission au parc
national. Aujourd'hui, le mouillage est organisé, le
nombre de places est limité mais toujours gratuit en
journée. » Il faut en revanche payer pour y passer
la nuit, et les tarifs favorisent la rotation. Au-delà
de deux nuitées, le tarif double pour chaque nuitée
supplémentaire (dans une limite de cinq nuits).
Globalement, les retours sont positifs. « Le mouillage est moins dépendant de la météo, il est sécurisé
et il n'y a pas de voisins trop proches, résume Stéphane Penverne. En termes de fréquentation sur l'île,
un sujet qui mobilisait les professionnels du tourisme,
nous avons observé que l'écrêtement des pics était
globalement compensé par un lissage de la fréquentation. »
En Bretagne, on regarde aussi de près le développement des mouillages de moindre impact pour
protéger non pas la posidonie mais les zostères.
Ces herbiers sont considérés comme des milieux
très favorables à la biodiversité. « Ils sont situés
dans des zones sableuses abritées, souvent propices au mouillage également », souligne Marie

Le Baron, chargée de mission à l'Oﬃce français de
la biodiversité.
Une expérimentation de mouillages « de moindre
impact » a démarré il y a trois ans au large des îles
des Glénan avec huit bouées. Les chaînes y sont
remplacées par un bout. « Nous avons observé en
trois ans un impact positif sur l'herbier : sa densité
a augmenté », indique Marie Le Baron. Ce type de
mouillage doit être étendu sur toute la zone des Glénan d'ici trois ans.

La directive cadre
Stratégie pour le milieu marin dispose
d'un nouveau site internet. Aﬁn de rendre
l'ensemble de la démarche française plus
lisible pour le grand public et faciliter l'accès
aux résultats, le site web de la DCSMM évolue
et devient un sous-domaine du portail Milieu
marin France.
www.milieumarinfrance.fr

« Travail de sensibilisation
avec les usagers »
Concarneau veut également installer 80 mouillages
de ce type dans l'anse de Kersaux à partir de 2021.
« Il reste un travail de sensibilisation à faire avec les
usagers, pointe Marie Le Baron. Il y a souvent une
méconnaissance de l'importance écosystémique des
herbiers mais aussi une crainte vis-à-vis de ce nouveau type de mouillage qui peut apparaître moins
sécurisé, alors que ce n'est pas le cas. »
« Il y a un besoin d'information au plus près du
terrain, acquiesce Jamila Poydenot, coordinatrice
régionale de la campagne Écogestes Méditerranée.
C'est pour cela que nous allons voir les plaisanciers
directement au mouillage. » Cette année, la campagne était axée précisément sur les mouillages et
les herbiers de posidonies. « Nous avons diﬀusé un
dépliant qui retrace 30 ans de protection de l'herbier et son importance en tant qu'écosystème. On
y montre clairement la responsabilité de l'ancrage
dans sa dégradation, un impact complètement
évitable, souligne Jamila Poydenot. Beaucoup ne
connaissent pas le sujet, mais nous avons pu mesurer
que ces actions ont un eﬀet et que les plaisanciers
changent leurs pratiques. »

Projet Life
Marha
Dans le cadre du projet Life Marha, l'Oﬃce
français de la biodiversité lance un appel
à manifestation d'intérêt de recherche
et développement. Les projets devront
porter sur des mesures d'amélioration de
la gouvernance sur des sites pilotes Natura
2000 en mer. Objectif : contribuer à une
gouvernance de qualité dans ces sites aﬁn
d'atteindre les objectifs de conservation.
www.life-marha.fr

La Commission des limites du plateau
continentale, organe des Nations unies, a
autorisé la France à étendre son plateau
continental de 730 000 km², dans le
cadre du processus de révision des limites
à l'échelle internationale. Cette superﬁcie
représente près de deux fois l'espace
maritime français actuel de l'Hexagone. La
France contrôle ainsi la ressource du sous-sol
du plateau continental de ces nouveaux
espaces. Elle peut encore prétendre à une
extension de 500 000 km².
www.extraplac.fr

Les mouillages « écologiques » se développent aﬁn de limiter les pressions des activités sur les habitats. Ici,
corps-mort empennelé pour protéger un herbier de zostère sur la façade atlantique.

l'aire marine / numéro 50 / novembre 2020

adapté d'après Ifremer

Les Espaces maritimes

http://www.milieumarinfrance.fr http://www.life-marha.fr http://www.extraplac.fr

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