Aires Marines Protégées n°56 le 7 juillet 2022 - 1

L'aire marineire
N° 56
Juillet 2022
Notre dossier : Plan de mesures
DCSMM
Portrait : L'exploit et l'engagement
Seamonti explore les monts sous-marins Corse
Exploration pour la première fois de monts sous-marins corses grâce à un engin autonome d'une longueur de 6 mètres pour un peu plus d'une tonne, piloté depuis le navire.
Une campagne océanographique
profonde a été réalisée en juin 2022
afin d'étudier les monts sous-marins
au large de l'Agriate et d'Ajaccio, grâce
à l'utilisation d'un véhicule autonome
sous-marin.
S
ur le navire océanographique Alfred
Merlin (1), près de trois semaines ont
été nécessaires pour réaliser l'étude de
deux monts sous-marins, l'un au large
d'Ajaccio opéré par la délégation de
façade maritime Méditerranée de l'OFB,
l'autre au sein du parc naturel marin du cap Corse
et de l'Agriate. Sous la maîtrise d'ouvrage de l'OFB,
la société Abyssa a coordonné ce programme de
recherche avec un financement du plan de relance.
« Nous avions très peu d'informations sur ces espaces.
Il y a eu, en 1997, la campagne Cylice sur la sédimentation
en mer des Ligures mais Seamonti est la
première campagne spécifique aux monts sous-marins
corses », souligne Jean-Laurent Massey, chargé
de mission au parc. Il faut imaginer un mont dont
la base est située à 2 300 mètres sous le niveau de
la mer et qui culmine à 1 250 mètres. « La topographie
particulière de ces formations rocheuses génère
souvent une courantologie qui permet de concentrer
des nutriments. Ces monts pourraient donc constituer
un hotspot de biodiversité au milieu des fonds
abyssaux, en attirant de nombreuses espèces. »
Ces nouvelles connaissances sont cruciales pour
les deux sites au large classés Natura 2000 pour
lesquels la protection des habitats récifs profonds
est une obligation. « En fonction des résultats, nous
pourrons discuter de la mise en œuvre d'éventuelles
mesures de gestion adaptées. »
Grâce à cette campagne océanographique, les cartes
vont changer d'échelle : d'un maillage de 1 000 m²,
on arrive à une précision d'un mètre et le sonar permet
de capturer des images de 3 cm. « Nous distinguons
les reliefs, les rides, les blocs de roche, les canyons,
détaille Jean-Marc Sornin, président d'Abyssa.
Une fois les informations traitées, nous pourrons
distinguer les zones d'habitats. » Cette précision est
obtenue grâce à un AUV, un engin autonome équipé
de différents capteurs d'une longueur de 6 mètres
pour un peu plus d'une tonne, piloté depuis le navire.
« L'engin suit le relief et reste toujours à la même
altitude (quelques mètres) par rapport aux fonds
que l'on souhaite observer. La précision est évidemment
plus importante que depuis un navire doté de
traînes ou de perches dont la profondeur ne s'adapte
pas au terrain. » Cette méthode permet de cibler les
zones où de nouvelles campagnes de prélèvement
et d'enregistrement vidéo pourront avoir lieu afin
de dévoiler encore davantage la richesse de ces
montagnes sous-marines.
(1) Navire océanographique du Département des
recherches archéologiques subaquatiques et sousmarines
(Drassm).
Anthony Caro/Office français de la biodiversité

Aires Marines Protégées n°56 le 7 juillet 2022

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