Aires Marines Protégées - n57 le 1 septembre 2022 - 1

L'aire marineire
N° 57
Septembre 2022
Notre dossier : Les AMP et la pêche
Portrait : Un pêcheur plaisancier
responsable
Le voile se lève sur les salmonidés en mer
Grâce au projet Samarch, on en sait un peu plus sur le cycle de vie du saumon européen en mer jusque-là peu connu.
Après cinq ans d'études,
le projet Samarch qui piste les saumons
et les truites de mer des deux côtés
de la Manche, livre des premières
indications très précieuses.
Q
ue deviennent les truites de mer et
les saumons après avoir quitté les
rivières et avant qu'ils n'y retournent ?
Avant Samarch(1)
, qui couvre l'ensemble
de l'arc Manche, aucune
étude ne permettait de le dire.
« Pour estimer les taux de survie et les déplacements
en estuaire et zone côtière, un important travail de
suivi par télémétrie acoustique passive a été mené
pour les plus petits poissons, indique Gaëlle Leprévost,
directrice de l'association Bretagne grands migrateurs.
Ceux de plus grande taille, ont été marqués
avec des balises stockant des données de température
et de pression. » Plus de 800 jeunes saumons
sauvages et truites de mer et plus de 300 truites
de mer adultes ont ainsi été suivis autour de cinq
rivières des deux côtés de la Manche.
Les taux de survie enregistrés vont de 75 à 97 % pour les
jeunes truites et de 48 à 91 % pour les jeunes saumons.
« Ce sont des chiffres tout à fait nouveaux. D'autre
part, nous avons pu discerner les vitesses de migration,
jusqu'ici inconnues. En moyenne, un saumon
passe 1,5 jour dans un estuaire et une truite quatre
jours. » Cette méthode a aussi permis d'établir que
27 % des truites de mer adultes se font attaquer par
un prédateur en mer et qu'elles peuvent descendre
jusqu'à 80 mètres de profondeur. « En Angleterre, la
pêche au filet est interdite en surface pour protéger la
ressource. Cette mesure n'est peut-être pas adaptée
puisque les truites utilisent toute la colonne d'eau. »
« Grâce à ces suivis, nous pouvons déduire de manière
très générale où se déplacent les poissons, côté
anglais ou français, vers le nord ou le sud. C'est infiniment
plus que ce que nous savions déjà », indique
Laurent Beaulaton, chef de pôle recherche et développement
migrateurs amphihalins à l'OFB. Des
travaux génétiques intensifs ont été menés parallèlement
suivant le même protocole des deux côtés
de la Manche. « Parmi les poissons capturés en
mer, nous sommes capables de dire de quel groupe
de rivières ils proviennent. » Les deux méthodes employées,
la télémétrie et la génétique se complètent
l'une l'autre. « Le fait de suivre 800 individus permet
de tirer une règle un peu générale et la génétique fait
la synthèse de ces déplacements en évaluant le succès
de reproduction. Nous avons ainsi une perspective
plus large et multigénérationnelle. »
(1) Le projet de cinq ans bénéficie d'une subvention de
7,8 millions d'euros dans le cadre du programme européen
programme Interreg VA France (Manche) Angleterre
qui a mobilisé des chercheurs des deux pays.
Jack Perks / FLPA - Frank Lane Picture Agency / Biosphoto

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