Aires Marines Protégées - n57 le 1 septembre 2022 - 3

Maintenir les activités
et préserver la biodiversité
De Mayotte à l'Iroise, en passant par
le golfe du Lion, les parcs naturels
marins agissent pour réduire les impacts
de la pêche sur la biodiversité marine.
Mayotte possède l'un des plus grands lagons fermés
au monde. Il subit une pression de pêche de plus
en plus importante du fait de l'accroissement démographique.
Est-ce soutenable ? « Nous manquons aujourd'hui
de connaissance sur la ressource disponible,
constate Christophe Fonfreyde, directeur délégué du
parc naturel marin de Mayotte. Nous faisons un gros
effort depuis deux ans pour réunir ces informations. »
Des caméras sous-marines pour caractériser à différents
points du lagon l'abondance et la taille des poissons
commerciaux apporteront d'ici la fin de l'année
de nouvelles connaissances. Des plongées, le suivi de
la taille des poissons débarqués et un projet de recueil
des données biologiques doivent compléter l'étude.
« Nous espérons pouvoir présenter au conseil de gestion
une approche de l'état des populations de poissons
l'année prochaine. Il s'agira de réfléchir à une stratégie
de gestion durable des ressources qui peut inclure
la création de zones de protection ou de fermeture à la
pêche temporaires ou permanentes. Cette démarche
est urgente pour garantir l'avenir de la filière pêche à
Mayotte », explique Christophe Fonfreyde. Parallèlement,
le parc installe 14 dispositifs de concentration
des poissons en dehors du lagon. « On incite les professionnels
à sortir du lagon et à pêcher des espèces
pélagiques moins vulnérables à la pression de pêche
locale. »
La question de la gestion de la ressource des oursins
se pose dans le parc naturel marin du golfe du Lion.
« La sonnette d'alarme a été tirée par les pêcheurs
professionnels eux-mêmes, souligne Hervé Magnin,
le directeur délégué du parc. Il y avait une crainte de
surpêche. » Un protocole de suivi a été mis en place.
« Nous avons préconisé de réduire la période de
pêche et d'encadrer les prélèvements en 2015. C'est
la deuxième réglementation mise en place au sein du
parc après celle relative au corail rouge. »
Le suivi triennal confirme une population stable. Depuis
l'année dernière, la pêche en bouteille a été autorisée
par dérogation aux professionnels. « Pour eux,
c'est beaucoup moins fatigant et dangereux que
l'apnée. Durant cette année d'expérimentation, les
pêcheurs ont joué une transparence totale. » Pour la
saison à venir, ils proposent déjà de réduire le quota
et passer de 26 jours de pêche par an à 20 jours.
La question du nombre de licences reste encore en
discussion. L'avis du conseil de gestion sera sollicité à
sa prochaine session.
Champ d'algues
exceptionnel
« Si on s'y prend bien, si on met en place un cadre
de gestion adapté, on peut maintenir les activités
humaines tout en préservant la biodiversité », souligne
Philippe Le Niliot, directeur délégué adjoint
du parc naturel marin d'Iroise. Le parc gère notamment
depuis sa création un espace exceptionnel :
le plus grand champ d'algues des côtes métropolitaines
françaises et le plus diversifié d'Europe. « 20 %
du champ d'algues est exploité, cela veut dire que les
80 % restants servent à réensemencer la zone. Certains
secteurs sensibles ont été fermés. Nous avons imposé
un système de géolocalisation pour voir où se répartit
l'effort de pêche », détaille-t-il. L'espace a été découpé
en bandes et, à la manière des jachères agricoles, une
bande n'est exploitée que tous les trois ans. « On est
sur une base durable, validée par les scientifiques, ce
qui nous a permis de rejoindre la liste verte UICN (1)
AMP les mieux gérées. »
des
(1) Union internationale pour la conservation de la
nature.
Rendez-vous
La 4avec les entreprises
e édition du Forum biodiversité et
économie se tiendra les 12 et 13 octobre à
la cité des Sciences à Paris. Il est organisé
tous les deux ans par l'Office français de la
biodiversité. À destination des entreprises de
toutes tailles et tous secteurs confondus, ce
forum se veut un lieu de rassemblement et de
mobilisation des acteurs économiques déjà
engagés ou qui souhaitent le faire en faveur
de la biodiversité.
1re
édition
du festival grand océan, qui se déroulera
à Cherbourg du 7 au 9 octobre. Cette
édition sera essentiellement consacrée à la
découverte des richesses du milieu marin et
aux pressions qu'il subit en raison des activités
humaines. Au programme : conférences,
tables rondes, témoignages. Depuis fin août,
trois expositions sont déployées en gares
de Saint-Lazare, Cherbourg et Caen pour
sensibiliser le public à la protection de l'océan
dans le monde et près de chez nous.
L'OFB, partenaire des Assises
de l'économie de la mer, vous
donne rendez-vous à la prochaine édition
qui se tiendra les 8 et 9 novembre
prochains à Lille. Dans le cadre de sa
mission de mobilisation de la société en
faveur de la protection de la biodiversité,
l'OFB présentera en plénière et sur son
stand ses programmes d'incitation
et d'accompagnement des acteurs
économiques à la transition écologique.
Le bruit sous-marin du trafic
maritime et la biodiversité
Embarquement sur un palangrier dans le parc naturel marin de Mayotte.
Les principaux impacts sur la biodiversité du
bruit sous-marin lié au trafic maritime.
l ' a i r e m a r i n e / n u m é r o 5 7 / s e p t e m b r e 2 0 2 2
Agnès Poiret / Office français de la biodiversité
Aires Marines Protégées - n57 le 1 septembre 2022

Table des matières de la publication Aires Marines Protégées - n57 le 1 septembre 2022
