produits de la mer - Guide des espèces 2019 - 16

PÊCHE

Du cabillaud fileté dans les eaux
nordiques à bord de l'Émeraude
Après un an d'exploitation,
l'Émeraude, le chalutier-usine des
armements Euronor et Compagnie
des Pêches Saint-Malo,
remplit ses promesses. Ce navire
produit avec succès du filet
de poisson, surtout du cabillaud.
Mais aussi de l'huile et de la farine.

S.L.R.

Xavier Leduc et Patrick Soisson, patrons d'Euronor et de la
Compagnie des Pêches Saint-Malo, sont les armateurs de ce
mastodonte. Ils sont ici devant le poste de commande des treuils.
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GUIDE DES ESPÈCES 2019 PDM

L'Émeraude est taillé pour affronter la zone polaire avec une étrave perce-vague et une classification
glace 1A. Il a rejoint Saint-Malo à l'automne après sa troisième campagne, pour son inauguration.

L'Émeraude impressionne d'abord par sa spacieuse passerelle de 130 m2 bardée de technologies et d'électronique. Puis par ses équipements pour les marins, qui travaillent en trois huit
durant des marées de près de deux mois dans les
eaux du nord de la Norvège ou du Svalbard. Le
confort est de mise partout, sur les deux niveaux
de 400 m2 où se répartissent les 38 couchages
équipés de salles d'eau et téléphones satellitaires.
Et dans les espaces collectifs avec sauna, salle de
sport, salles télé, wifi partout, buanderies, salle de
conférence, grande cuisine et salle à manger...
Polyvalent, ce navire armé au chalut de fond - en
chaluts jumeaux voire simples s'il y a du battage -
peut aussi être adapté au pélagique.
Mais le plus innovant se trouve dans le ventre
du chalutier : l'usine digère tout ce qu'il avale
sans en perdre une miette. Ici, tout est robotisé.
Le poisson pêché, une fois remonté à bord, est
aussitôt étêté, éviscéré, séparé en trois calibres et
stocké en eau de mer froide. « Vider rapidement
le poisson de son sang améliore la qualité »,
souligne Patrick Soisson. Sur les têtes, un robot
prélève joues, langues et collets, de haute valeur.
Les viscères rejoignent la production d'huile et
farine.
Le corps du poisson poursuit son périple sur
quatre lignes : une pour le poisson entier vidé
décapité et trois lignes de filetage et épiautage.
Après analyse des formes aux rayons X pour optimiser la découpe, la portionneuse Marel Flexicut

ivré en avril 2018 par le chantier norvégien
Kleven, l'Émeraude, long de 81 mètres,
remplace à la fois le Grand Hermine de
la Compagnie des Pêches Saint-Malo
(61 mètres) et le Nordic II d'Euronor (54 mètres).
S'ils se sont lancés en copropriété, c'est que ces
deux armements ont comme actionnaire commun le britannique UK Fisheries, lui-même appartenant au groupe islandais Samherji et au néerlandais Parlevliet & Van der Plas. « L'Émeraude est le
résultat d'une collaboration initiée par Thorstein
Mar Balvindson et Diederik Parlevliet, nos actionnaires au sein d'UK Fisheries », soulignent ses
armateurs Patrick Soisson (Compagnie des Pêches
Saint-Malo) et Xavier Leduc (Euronor). Ils saluent
« cette idée visionnaire de mettre en commun
nos quotas démersaux sur un outil ultramoderne ». C'est le troisième d'une série de quatre
chalutiers-usines chez Samherji, avec deux unités pour l'armement allemand DFFU et une pour
UK Fisheries.

coupe les filets au jet d'eau et ôte les arêtes. Un
travail fin : à la sortie, on croirait voir le poisson encore entier, puis les dos, centres, flancs
et queues se détachent et sont dispatchés. Là
encore, les arêtes centrales et les peaux partent à
la farine. Rien ne se perd, tout se vend.
L'œil de l'humain est sollicité pour vérifier sur
les tables de mirage l'absence d'arêtes ou de
vers Anisakis dans les filets. L'ergonomie est soignée, avec une hauteur de sol réglable. Toujours
de façon automatisée, les portions individuelles
sont emballées sous vide en sacs micro-ondables
et dirigées vers le tunnel de surgélation IQF à
- 30 °C. La qualité est supérieure à la surgélation
en four, qui reste utilisée pour les blocs moulés en
plaques. Une calibreuse envoie les sachets surgelés dans des cartons, selon leur poids.
Ils passent à l'étiquetage et au cerclage, puis
un robot les range dans une armoire réfrigérée.
Il a aussi pour fonction de charger les palettes
d'environ 1 100 kg, qui sont automatiquement
filmées et descendues par un ascenseur montecharge dans la cale à - 20 °C. Il suffit de onze
à douze personnes dans l'usine, qui manipulent
peu le produit mais règlent surtout les paramètres.
Le rendement est calculé en temps réel à chaque
étape. « Il dépend de nos productions, c'est forcément plus long pour du filet sans arêtes et de
la découpe de dos ou portions, observe Xavier
Leduc. Nous atteignons l'objectif que nous nous
étions fixé, de 20 à 25 tonnes par jour. »

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