Produits de la mer - n°165 - septembre 2016 - 37

Dossier ❘ HUÎTRES - Crédit photo : © S. Laval HUÎTRES L'incertitude demeure sur les stocks Difficile de se forger une idée sur la production d'huîtres de l'année. Alors que 2015 était marquée par une accalmie sur le front des mortalités, le début de l'été 2016 laisse se profiler une situation beaucoup moins favorable. Seule consolation, la stabilité du cours de l'huître observée ces derniers temps pourrait s'en trouver pérennisée. Enquête : Loïc FABRÈGUES FACE AUX ALÉAS Réguler l'offre dès le naissain C Trouver le salut hors du numéro 3 'est la douche froide ! » Philippe Ortin, le président du secteur 1, huîtres creuses et plates, au Comité national de la conchyliculture, le CNC, fait grise mine. En ces premiers jours de juillet, les informations sur les mortalités des huîtres dans les différents bassins de production français ne sont pas bonnes. L'épisode sur le naissain est même violent selon les endroits. « On avait l'espoir l'an dernier que la souche d'huître était désormais capable de résister aux mortalités. On se retrouve dans une situation qui s'apparente, pour l'heure, à celle de 2008 (NDLR : année où sont apparues les mortalités). On n'est donc pas sorti de l'auberge », peste-t-il. Les données fournies par le réseau d'observation conchylicole Resco II confirmait, en ce début d'été, cette situation préoccupante. Pour les lots de naissains diploïdes, les mortalités dépassaient à Loix-en-Ré (île de Ré) et à Marseillan est (étang de Thau), les 70 %. À Cancale, à LarmorBaden (golfe du Morbihan) ou encore au Tès (bassin d'Arcachon), elles étaient supérieures à 60 %. L'an dernier, à la fin de la saison, la moyenne nationale avait tout juste dépassé les 50 %. De quoi nourrir l'inquiétude des ostréiculteurs. Heureusement, le constat sur les huîtres de 18 mois s'avérait début juillet moins alarmant. Selon le réseau mis en place par l'Ifremer, les mortalités cumulées depuis le Redonner du volume à la plate retour du phénomène en 2016, n'étaient pour les plus élevées que de 6 % environ. « Le demi-élevage tient bon », confirmait Goulven Brest. Le président du comité régional de la conchyliculture (CRC) de Bretagne nord se montrait plus préoccupé sur la situation des huîtres marchandes : « sur « sur les triploïdes, triploïdes on constate des mortalités importantes ». Pas facile dans ces conditions d'estimer quelle sera la production d'huîtres pour 2016. « Dans les mêmes eaux que l'an dernier », avance prudemment Philippe Ortin. L'estimation fournie par FranceAgriMer s'élève à 77 110 tonnes produites durant l'année 2015. Un volume de 90 000 tonnes est celui qui revient, cela dit, le plus souvent dans la bouche même des professionnels. « Il faut attendre la fin de l'été et les grandes marées du mois de septembre pour avoir des Les mortalités sur le naissain diploïde atteignent sur certains secteurs 70 % Travailler la commercialisation échos fiables sur les stocks d'huîtres », avance, pour sa part, Jean-Pierre Blanc. Le grossiste de Rungis en a fait l'expérience pas plus tard que l'an dernier. À pareille époque, des bruits avaient laissé entendre que les stocks ne seraient pas au rendez-vous. « Or la production a fait la saison sans problème et sans rupture », indique le spécialiste des coquillages sur le carreau parisien. La production de 2016 devrait, par ailleurs, profiter des résultats du captage des étés 2013 et 2014. Durant ces deux années, le naissain naturel a été présent en nombre sur les collecteurs en Charente-Maritime comme à Arcachon. Les ostréiculteurs en ont donc profité pour réensemencer leurs parcs en prenant en compte l'épée de Damoclès que sont les mortalités. Or, ce naissain arrive aujourd'hui au terme de son cycle de production. *** Production : le thermomètre devrait évoluer D es outils pour prendre le pouls de la production d'huîtres existent dans la profession. La déclaration de pose de collecteurs permet d'avoir une idée sur le volume de naissains. Celle sur les stocks d'huîtres, à renseigner en fonction de leur stade de développement, donne une estimation sur la quantité d'huîtres en élevage. Une partie des professionnels ne serait cependant pas très assidue pour la remplir. Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (Feamp) devrait parfaire ce dispositif. La mesure 77, intitulée « collecte des données », va dans ce sens. Reste que pour l'instant, le Comité national de la conchyliculture n'a reçu aucune fiche mesure pour cet article. PRODUITS DE LA MER N°165 SEPTEMBRE 2016 ❘ 37 ❘

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