Produits de la mer - n°165 - septembre 2016 - 42

Dossier ❘ HUÎTRES La plate prendra-t-elle du volume ? sur la fin du gâteau des années où il y avait du produit », soupire Richard Beaulieu dont la société Blonde belon commercialise les huîtres en gros. Autant dire que le naissain de 2015 est arrivé à point nommé pour réensemencer les parcs même si la filière se garde bien de crier victoire. L'élevage des huîtres plates, sur des concessions en eau profonde, est un métier soumis à de nombreux aléas comme la perte du coquillage ou la prédation. Quand arrive l'heure de pêcher à la drague, les huîtres semées 2 à 4 années plus tôt, « le taux de recapture est en dessous de 20 % », indique Stéphane Alleaume, le cogérant des Parcs Saint Kerber, à Cancale. Une autre inconnue réside dans la réponse du marché. De l'aveu même des producteurs, l'huître plate a toujours eu un caractère assez confidentiel. « Elle est connue sur le littoral mais dès que l'on s'en éloigne, c'est une autre histoire », souligne Richard Beaulieu. Sa raréfaction est loin d'avoir fait monter sa cote de popularité. « Le consommateur ne sait plus ce qu'est une plate. Il n'y en a plus en GMS, très peu en restaurants, elle a été oubliée. Nos clients, quand Un coup de pouce pour les entreprises L es quatre années sans naissain d'huîtres plates ont eu un effet sur la santé économique des entreprises qui ont vu leur production d'huîtres marchandes fondre comme neige au soleil. Leur manque de trésorerie a conduit les pouvoirs publics à intervenir. En mai dernier, la région Bretagne et la Banque publique d'investissement (BPI) ont décidé de se porter rter garantes pour des prêts bancaires. Objectif : permettre à toutes les entreprises rises et notamment à celles qui ne produisent pas de naissain de pouvoir emprunter pour en acheter et ainsi profiter de la bonne récolte de 2015. La caution accordée par la région et la BPI devait porter sur des prêts allant jusqu'à 200 000 euros. De quoi réensemencer les parcs en eau profonde des huit producteurs de la région et ainsi assurer un avenir à la filière. ❘ 42 ❘ PRODUITS DE LA MER N°165 SEPTEMBRE 2016 Le bon captage de 2015 laisse augurer d'un retour des volumes d'huîtres plates d'ici 2 ans. Le saviezvous ? « On considère qu'une huître plate née, élevée et expédiée à partir de la Bretagne peut porter l'appellation belon. » Stéphane Alleaume, les Parcs Saint Kerber. ils la mettent sur leurs étals ou la testent sur leur carte, ont du mal à la vendre », indique Jean-Pierre Blanc, le directeur général de la société Blanc installée à Rungis. « La plate est devenue méconnue », admet sans peine Stéphane Alleaume. L'ostréiculteur l'a lui-même constaté. « J'ai des personnes d'une trentaine d'années en dégustation qui en découvrent le goût », souligne-t-il. Pour retrouver de la clientèle, un minimum de communication semble s'imposer. Mais « les moyens risquent d'être faibles », poursuit le professionnel de Cancale. « Si on revient avec du volume, il faudra mettre un prix en face et que toute la filière joue le jeu », avance, pour sa part, Richard Beaulieu. La donne en matière de tarifs a, cela dit, évolué avec les crises des surmortalités sur les huîtres creuses. Aujourd'hui une plate ne vaut pas plus chère qu'une p creuse spéciale. Un élément qui peut plaider en faveur de la plate avec un bémol tout de ave même : les clientèles sont même assez différe différentes. ■ DR L e sourire est un peu revenu sur le visage de Richard Beaulieu. Il pourrait s'y installer durablement si l'été 2016 venait à être aussi généreux que le précédent. Après quatre années sans captage, l'ostréiculteur, basé à Cancale, a enfin retrouvé l'an dernier du naissain d'huîtres plates, de l'l'Ostrea Ostrea edulis, edulis, sur ses collecteurs. « Une très belle année », avoue-t-il. De quoi en tout cas donner l'espoir de retrouver sous peu du volume d'huîtres marchandes à commercialiser. « L'année prochaine ces huîtres seront encore de petite taille mais l'hiver d'après, cela devrait être bien », indique-t-il. La production d'huîtres plates en France, dont Cancale assure 90 % des volumes répartis entre huit entreprises, a bien failli faire partie des livres d'histoire. La succession des années sans naissain a fait fondre le stock de cette huître native des côtes françaises. De 1 100 tonnes en 2012, il est passé à moins de 300 l'an dernier. La trésorerie des entreprises en a souffert. Le prix de cette huître, déjà élevé avant que les stocks ne diminuent, n'a pas offert la marge de manœuvre qu'aurait nécessité la baisse des volumes. « On vit L.Fa. Fragilisée par l'absence de naissain, la production d'huîtres plates devrait profiter du captage de 2015 pour retrouver du volume. Il lui faudra alors retrouver une clientèle.

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