Produits de la mer - n°165 - septembre 2016 - 46

Dossier ❘ MOULES MOULES Les mortalités pèsent sur les affaires Avant l'ouverture de la saison, le nouvel épisode de mortalités des moules d'élevage, ajouté à celui du principal gisement de moules sauvages, laissait augurer des tensions significatives sur le marché. Enquête : Anne-Caroline RENARD EFFETS MÉCANIQUES Un déficit de production qui se creuse de 15 000 t L es premiers pieux que l'on récolte confirment l'ampleur du phénomène », », déplorait mi-juin Benoît Durivaud, vice-président moules du comité régional de la conchyliculture (CRC) de Poitou-Charentes. Après celui de 2014, c'est le deuxième épisode de mortalités massives qui frappe les mytiliculteurs en trois ans, sans que les scientifiques ne parviennent à l'expliquer avec certitude. Contamination par la bactérie Vibrio splendidus, anomalie génétique, concentration de pesticides dans le milieu ? Les principales hypothèses émises ne sont pas démontrées. En attendant, les producteurs du pertuis Breton et du pertuis d'Antioche enregistrent 60 % à 70 % de morta- " ❘ 46 ❘ PRODUITS DE LA MER N°165 SEPTEMBRE 2016 Tensions sur les prix et effets de substitution lité sur la Mytilus edulis de bouchot et de filière. Cette zone qui produit habituellement 12 000 à 13 000 tonnes de moules, dont l'essentiel en baie de l'Aiguillon, perd des volumes importants. « Le secteur d'Oléron, qui représente quelque 1 500 tonnes, semble moins touché », touché », selon le mytiliculteur. Mais si l'on additionne les secteurs de Fouras, de la baie de l'Aiguillon, de Noirmoutier et de La Plaine-sur-Mer, 150 à 200 producteurs subissent le phénomène. Cela représenterait une perte de chiffre d'affaires de 30 millions d'euros. Mi-juin, l'épisode de mortalité était, a priori, terminé. Certains producteurs avaient d'ailleurs commencé à vendre de la moule de filière, tout en essayant d'en garder pour Valorisation des petites tailles 60 000 t de moules de bouchot produites par an en moyenne la clientèle locale en juillet. « La pousse se passe plutôt pas mal pour l'instant »»,, avait déclaré Benoît Durivaud. « Mais la saison a pris du retard car les plus beaux spécimens sont morts en premier. Elle ne devrait pas démarrer avant mi-juillet, au lieu de fin juin habituellement, avec de la moule d'un an. » L'inquiétude reste vive dans la profession car les bassins touchés assurent l'essentiel de la production de naissain pour la Bretagne et la Normandie. Par ailleurs, le CRC de Bretagne nord rapportait des pertes de 50 % à 90 % dans la rade de Brest début juin, perte également en baie de Lannion. Axel Brière, président du syndicat conchylicole de Pénestin, interrogé à la même Yannick Choblet, acheteur produits de la mer frais chez Métro Une situation complexe I l va falloir trouver des volumes de substitution à la bouchot. Déjà, en 2014, avec les mortalités sur Charron, c'était la catastrophe. Heureusement, la qualité avait été extraordinaire sur Saint-Brieuc, et il y avait de la quantité. Cette année, alors que l'on devrait déjà être en pleine saison de la Charron, SaintBrieuc a du retard. La baie du mont Saint-Michel aussi. Et même la Normande traîne », constatait mijuin Yannick Choblet, acheteur produits de la mer frais chez Métro. « Le problème est que les restaurateurs ont prévu leur carte avec de la bouchot. En ce qui nous concerne, nous en aurons, car nous avons un portefeuille d'origines très diversifié, contrairement à certains de nos concurrents. La moule de Hollande va recommencer plus tôt cette année, mais elle est plutôt destinée aux brasseries. Quant à la moule de Méditerranée, surtout vendue dans le Sud, les zones sont actuellement fermées en Espagne et en Grèce. Seule l'Italie fournit. »

Table des matières de la publication Produits de la mer - n°165 - septembre 2016