Produits de la mer - n°166 - octobre 2016 - 25

Actu ❘ FOCUS YERSEKE [L'import en complément] tir l'avenir de l'entreprise. Son responsable, David de Koeijer précise d'ailleurs qu'ils ne sont pas « producteurs en Hollande mais en Irlande. L'objectif est d'alimenter l'usine et le marché en dehors de la saison de la moule hollandaise. Quand le taux de chair de la Zélande baisse, celle d'Irlande prend le relais, en général de décembre à avril ». Si l'activité ne s'arrête jamais à Yerseke, c'est en partie grâce à l'import. Pour disposer de moules en quantités suffisantes, nombre de professionnels ont choisi d'investir dans des parcs à l'étranger. ◗ « Face à l'éventuelle interdiction de récolter du naissain qui pointait lors du conflit dans le Waddenzee avec les écologistes, indique Julien Barbé, responsable de l'entreprise éponyme, nous avons regardé les opportunités existantes en Europe. Notre entreprise a ainsi investi dans des élevages en Irlande, à Carlingford, Belfast et Wexford. La moule qui en est issue est très belle, d'une qualité équivalente à celle de Zélande. La production irlandaise, livrée en big bags par camions, est traitée ici. » ◗ L'île verte attire les Hollandais. Premier s'y approvisionne en bio notamment. « C'est une niche qui prend bien », affirme Ineke Nijssen. L'entreprise dispose de ses propres parcs. Mais « la production est variable. Il y a deux ans, elle couvrait 70 % de nos besoins sur l'année ; l'année dernière seulement la moitié. Nous complétons avec l'import ». Les origines sont diverses : Pays de Galle, Danemark et Allemagne. ◗ Autre acteur de poids, Triton a suivi la même logique, soucieux de garan- ◗ Pays voisin, l'Allemagne, dont les parcs sont dans la continuité de ceux de la Hollande, est une source d'approvisionnement de plus en plus importante. Les apports y sont plus stables, grâce au recours au MZI pour le captage de naissain. C'est l'origine allemande qui d'ailleurs a lancé la saison cette année : son taux de chair était très beau dès le mois de juin. ◗ Delta Mossel en aura sans nul doute profité. L'entreprise y a investi dans « des parcelles 'haut de gamme' », évoque Olivier Camelot rappelant que « toutes les zones n'offrent pas la même qualité de production. Mais quoi qu'il arrive, il est plus intéressant de travailler sa propre production, à proximité, plutôt que d'importer de loin ». D.G. Mais pour rentabiliser cette plateforme de distribution qu'est devenue Yerseke, capable de livrer en 24 heures des moules fraîches et conditionnées aux centrales du Benelux, de France, d'Allemagne et autres, les acteurs n'ont eu d'autre choix que de recourir à l'import. Pour répondre à une demande de moules tout au long de l'année, les industriels importent, voire investissent dans des productions en Irlande, en Grande-Bretagne... Si l'ouverture de la saison s'est bien tenue le 29 juin, une certaine inquiétude régnait dans la région fin août. Non sur les tonnages disponibles, mais plutôt sur leur gestion. En effet, face aux usines, plusieurs zones de l'Escaut oriental ont été fermées par l'autorité de sécurité alimentaire néerlandaise (NVWA) après la découverte d'une neurotoxine, la tétrodotoxine (TTX) dans des échantillons de crustacés. S'il ne s'agit pas de réelles zones de production, les secteurs fermés sont utilisés comme parcelles de dégorgement, également appelées « entrepôts mouillés ». « Ils Ils font la force du système hollandais, précise Olivier Camelot, directeur des ventes chez Delta Mossel. Leur fermeture nous pose un problème logistique puisque nous ne pouvons plus compter sur certains des volumes stockés. Cela crée des tensions sur les prix, d'autant que les volumes sont un peu plus faibles qu'attendus. Il faut compter entre 30 et 180 euros les 100 kg. » Dans ce contexte, cette région de Hollande peut-elle constituer un recours face aux mortalités constatées dans certains parcs français ? « En France, le marché traditionnel est fort mais subit des aléas. La bouchot peut s'éterniser, comme l'année dernière, ou au contraire manquer, indique Olivier Camelot. Camelot. C'est le cas cette année et cela devrait nous profiter. Nous serons là s'il le faut . » Nombre des acteurs de Yerseke avouent avoir été, a minima, consultés par les acheteurs de l'Hexagone. Certains ont déjà expédié des moules qualité extra - la plus petite, privilégiée par les Français quand les Belges eux absorbent les jumbos. « La « La demande de moules en vrac, en big bags, par des Français a déjà commencé, confirme Nienke Vette, directrice de Qualimer. D'habitude, les commandes démarrent à la fin de la saison des bouchots. Heureusement, nous n'avons pas de problème de disponibilité. » L'annulation de la traditionnelle braderie de Lille, qui sonne l'ouverture du marché français aux Hollandais, laisse aussi les opérateurs en position de doute. ■ ◗ Des expériences ont été menées par les opérateurs de Yerseke pour importer du Canada, de Grèce et des pays scandinaves. Aujourd'hui, des moules de Norvège et de Suède arrivent encore à des prix inférieurs à la moyenne. Les volumes de Grèce et du Canada sont quasi nuls. Pour le dernier, la complexité de la logistique du vivant et les taux de change n'ont pas aidé. PRODUITS DE LA MER N°166 OCTOBRE 2016 ❘ 25 ❘

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