produit de la mer - n°172 - Mai 2017 - 40

Dossier ❘ AQUACULTURE

Norvège :
deux fois plus
de saumon en 2030 ?

niques, le CO2 et contrôler le pH. Développé
en écloserie, le système s'étend au prégrossissement de post-smolts sous l'impulsion des groupes leaders. L'objectif est de
retarder le transfert en cage en amenant
le jeune saumon à 600 grammes, voire un
kilo, et de réduire ainsi l'exposition aux poux.
Marine Harvest produit déjà aux Îles Féroé
des smolts de 650 grammes à terre, le cycle
en mer dans une cage ouverte s'en trouve
réduit de six mois.
La seconde optique consiste à produire
les post-smolts dans une enceinte en mer
semi-fermée. Sur son site de Molnes, Marine
Harvest teste une structure (21 000 m3) de ce
type, alimentée par pompage à 30 mètres
de profondeur pour profiter de températures plus stables. Le producteur Sulefisk
utilise depuis plusieurs années une cage
fermée (Ecomerden) pour le premier stade
d'élevage des smolts en mer. La réalisation
du cycle complet de grossissement du saumon jusqu'à 5 kg est aussi à l'étude en milieu
semi-fermé de type The Egg. Les premiers
retours de cette production pilote sont
bons. La cage semi-fermée en forme d'œuf

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PRODUITS DE LA MER N°172 MAI 2017

▲ Ecomerden
est une structure
à double cloison
où les post-smolts
grandissent à l'abri
des poux.

Construit
en sandwich
composite, The
Egg est immergé
à 90 %. La densité
de saumons y est
élevée (50 kg/m3)
comparée aux
cages actuelles
(environ 30 kg) et
au bio (15 kg). ▼

l'horizon 2030, le gouvernement
norvégien table sur 3 millions de
tonnes de saumon, soit deux fois
la production actuelle. Ambitieux
scénario qui suppose des innovations technologiques tous azimuts : optimisation des
vaccinations, sélection génétique, digitalisation et robotique, banques de données zootechniques et environnementales, traitement mécanique contre les poux, élevage
au large... Ce champ très vaste d'applications traduit un niveau d'intensification qui
va de pair avec la forte augmentation des
tonnages. L'attente est forte dans une industrie du saumon très gourmande en capital.
Du côté des systèmes d'élevage, les investissements sont les plus lourds. Ils s'orientent
dans trois grandes directions : l'élevage en
circuit d'eau recirculé ou RAS (1) à terre, les
structures fermées en mer et l'offshore.
Le premier système existe depuis une
vingtaine d'années. Il permet de contrôler
la qualité du milieu d'élevage et de réduire
l'intrusion de pathogènes. La quasi-totalité de l'eau est réutilisée après traitement
et filtration pour éliminer les déchets orga-

Les projets ambitieux de la Norvège en salmoniculture
impliquent de gros investissements en infrastructures
d'élevage et en ingénierie. À terre ou au large,
l'intensification est au menu.

(20 000 m3) peut contenir une biomasse de
mille tonnes. Les projets de fermes comprennent une dizaine d'œufs, équivalente
à 14 licences. D'autres structures sont en
développement à l'image d'AquaDome
chez Cermaq. Marine Harvest va également
tester le Donut, destiné à élever de gros saumons (3 à 6 kg) qui circulent dans un large
tube circulaire. Son atout est de pouvoir
résister à des vagues de trois mètres, signale
son constructeur OPD. Toutes ces solutions
ont l'avantage d'éviter l'échappement des
poissons, de pouvoir optimiser l'alimentation, de collecter les fèces et surtout de s'isoler des poux et des prédateurs.
Reste la possibilité du large, avec différentes options. La plus économique
consiste à installer des tanks dans des
navires réformés, à l'image du projet Salmor
en baie de Morlaix, il y a une trentaine d'années ! Les projets qui s'inspirent de l'offshore pétrolier du type Ocean Farming
pour Salmar, s'annoncent particulièrement
coûteux. La structure de 110 mètres de diamètre, haute de 67 mètres et d'un déplacement de 5 600 tonnes, s'articule autour
d'une colonne centrale dotée d'une salle
de contrôle, d'un espace de vie pour trois
ou quatre personnes et de silos d'aliments.
L'investissement avoisine 75 millions d'euros. Autre exemple, le bateau-ferme
Havfarm Nordlaks (430 mètres) comprend
six cages de 60 mètres de profondeur,
capables de contenir deux millions de poissons. Son prix : 76 millions d'euros. D'autres
projets comme Gigante Offshore ou Arctic
Offshore Farming sont à l'étude. Quant aux
solutions submersibles, les autorités les ont
pour l'instant écartées. ■
(1) RAS : Recirculating aquaculture system

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