Produits de la mer - n°173 - juin 2017 - 47

L.F.

C.A.

Dossier ❘ CRUSTACÉS

une amélioration à la dernière morte-eau,
début mai, les captures ont été moindres.
En France, comme au Royaume-Uni. Les prix
d'achat aux navires ont grimpé, se situant
entre 3,5 et 4 €/kg. Le gros de la saison s'étale
de juin à novembre et nous cherchons à faire
tourner notre stock au plus vite. »
Repreneur des Viviers de la Méloine,
Global Seafood « souhaite faire partie des
acteurs importants du secteur », indique
Pierre-Yves Bizien, directeur général.
Actuellement, les approvisionnements
se font en criées ou en direct auprès des
bateaux de la Scapêche, comme vu dans
l'accord de reprise. « À terme, nous réfléchissons, pourquoi pas, à investir dans la construction d'un caseyeur. Leur nombre en France
diminue. La raréfaction va créer le manque,
alors qu'il y a déjà une tension sur le produit
dont les prix grimpent. »
La crainte des acteurs du secteur : voir
la consommation marquer le pas avec la
hausse des prix. En 2016, ce ne fut pas le
cas, grâce à l'abondance des langoustines
qui a tiré les ventes de crustacés en rayon
de 4 %. Sous les halles à marée, le bond a
été de 15 % en volumes. Pour 2017, le quota
de langoustine du golfe de Gascogne augmente de 7 %. Une bonne nouvelle.
Mais comme le tourteau ou le homard, la
langoustine est au cœur de flux d'importsexports d'importance entre Royaume-Uni,

Norvège, Amérique du Nord et Asie. Les
gros spécimens de langoustines vivantes,
venus d'Écosse, se valorisent parfois
comme les homards. Alors, pour séduire
un cœur de marché, la glacée ou la surgelée d'Écosse ou d'Irlande s'impose parfois,
en complément de la langoustine française débarquée à 80 % vivante par des
côtiers mais complexe à gérer.
« La Bretonne est très fragile, difficile à
congeler car le choc thermique la dégrade
trop. D'où l'importance du marché en vivant,
détaille Mickaël Cloarec d'Océamballe, filiale
du groupe Océalliance. Dans notre atelier de
cuisson à l'ancienne, avec des marmites permettant de cuire à l'eau de mer langoustines,
tourteaux, crevettes, bouquets ou bulots,
nous réceptionnons une « demoiselle » venue
de notre filiale Angelbond, en Écosse. Les langoustines sont conditionnées en faisselles,
dans lesquelles elles resteront tout au long du
process et de la commercialisation. »
L'offre séduit. Pour répondre à la
demande et développer d'autres produits
destinés à stimuler la consommation,
Océamballe déménage pour
s'agrandir. Pour l'heure, les
projets de développement
restent confidentiels. Mais
il est d'actualité de travailler
sur la simplicité de préparation. Si la cuisson se généralise,

42 500

t
de crustacés importées
en vivant, réfrigéré,
congelé et conserves
en 2016 pour 19 000 t
exportées
(FranceAgriMer - Douanes
françaises)

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le pré-cassé et le pré-décortiqué pourraient
voir le jour. Valoriser tant les queues que les
têtes ou les pinces dans la restauration ou
l'industrie fait partie des pistes de recherche
d'aujourd'hui. C'est notamment le cas pour
5 Degrés Ouest et Guyader (cf p 8-13).
À moyen terme, une autre actualité
pourrait rebattre les cartes dans l'univers
des bêtes à pinces : le Brexit. Les captures
de homards, tourteaux et langoustines
dans les eaux britanniques sont d'importance, tout comme les volumes importés
du Royaume-Uni dans l'Hexagone. Si nul
ne dispose d'une boule de cristal, beaucoup espèrent que l'importance du marché
français permettra de négocier au mieux les
droits de pêche dans les eaux britanniques.
« Ils sont avant tout exportateurs, c'est ce qui
les fait vivre », soulignent les professionnels
de ce côté de la Manche.
Toutefois, certains ne craignent pas plus
que cela le retour des barrières administratives et commerciales. Notamment les
acteurs les plus structurés qui maîtrisent le
sujet haut la main et pourraient faire de ce
savoir-faire un avantage compétitif. Ainsi,
face aux complexités nouvelles, quand les
volumes ne sont pas importants, les plateformes de la grande distribution pourraient
limiter les achats directs et systématiser ceux
via les mareyeurs ou les grossistes, quitte à
payer un peu plus. ■

PRODUITS DE LA MER N°173 JUIN 2017

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