Produits de la mer - n°173 - juin 2017 - 54

Dossier ❘ THON

THON
Enjeu international
Les poids lourds de l'industrie du thon se heurtent de longue date aux organisations
non gouvernementales environnementales qui ont fait des thonidés l'emblème
des menaces pesant sur les ressources marines. Une lutte moins inégale qu'il n'y paraît.

Enquête : Anne-Caroline RENARD

ENCORE PLUS DURABLE
Le poids indiscutable
des ONG

es préoccupations des ONG environnementales au regard de la
pêche au thon sont anciennes. Et
les actions de sensibilisation du
grand public ont un impact non négligeable. Exemple parlant aux États-Unis :
les dénonciations par l'association Earth
Island de la pêche sur bancs de dauphins
dans le Pacifique ouest date des années
quatre-vingt. Les campagnes avaient
obligé les grands groupes américains de
la conserve à boycotter le thon pêché
dans cette zone, notamment au Mexique,
quasiment exclu du commerce mondial. L'affaire devait même conduire en

Les réponses des armements
et des conserveurs

1990 à une loi : le « Dolphin Protection
Consumer Information Act », puis, en 1998
à un accord international pour la protection de l'espèce. Tandis que des certifications « Dolphin Safe », gérées par
l'Earth Island Institute mais aussi par l'US
Department of Commerce, ou émanant
d'autres pays, voyaient le jour.
Depuis, plusieurs États d'Amérique latine
ont adopté de nouvelles méthodes permettant aux dauphins de s'échapper. Mais
restent les tortues, les requins, les raies et
autres prises accessoires, sans compter
les oiseaux marins. Le thon lui-même est
jugé surexploité, à des degrés divers, selon

Consommation :
innover ou reculer

Captures

7,4

millions
de tonnes de thonidés,
dont 5 pour les
principales espèces
commerciales :
le thon rouge, le germon
(4 %), le thon obèse
(7 %), le listao (48 %)
et l'albacore (23 %)

les espèces et les zones de capture. « La
demande de thon reste élevée sur les marchés, et on observe toujours une surcapacité considérable des flottilles de pêche thonière », rappelle la FAO. En insistant sur la
nécessité de mettre en place une gestion
efficace pour reconstituer les stocks surexploités.
Les ONG disposent-elles aujourd'hui
d'un réel pouvoir ? « Leur rôle est important pour alerter le grand public, mais aussi
les entreprises de la chaîne d'approvisionnement », répond le Marine Stewardship
Council (MSC). Souvenez-vous en 2014 du
classement par Greenpeace des marques

MSC : 16 % des captures

ous constatons une demande croissante de certification MSC des pêcheries de thon », note Margaux Favret,
responsable pêcheries du bureau MSC en France. La première annoncée, celle du thon germon du Pacifique, recertifiée MSC depuis, date de 2007. « À ce jour, nous comptons
13 pêcheries certifiées, totalisant 16 % des captures mondiales. » Le plus grand nombre opère dans le Pacifique,
très souvent à la canne ou à la palangre, et parfois à la
senne sur banc libre. Seule une pêcherie thonière est certifiée dans l'océan Indien, celle du thon listao à la canne
des Maldives, depuis 2012. C'est aussi dans le Pacifique,
à la palangre et à la senne, qu'opèrent majoritairement
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PRODUITS DE LA MER N°173 JUIN 2017

les cinq pêcheries en cours d'évaluation, représentant 5 %
des captures mondiales.
« De nombreuses pêcheries thonières qui ne sont pas encore
au niveau du référentiel MSC se lancent également dans des
projets d'amélioration des pêcheries pour prétendre à la certification. » Les démarches impliquent souvent la collaboration entre gestionnaires, scientifiques, ONG et acteurs
du marché. Lesquels apportent leur assistance technique,
financière ou commerciale à la pêcherie. « Ils peuvent être
un outil puissant. Le MSC en est convaincu. Mais il faut que
les actions à mener soient transparentes et aboutissent à de
réelles améliorations. »

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