Produits de la mer - n°174 - juillet-août 2017 - 28

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Un autre atout régional
de la marée est le saumon
élevé à Cherbourg
et à Isigny. Une niche très
valorisante mais sensible.

i tout va bien en 2017, GMG Saumon
de France produira 400 tonnes de
salar et 200 tonnes de truite arcen-ciel (TAC) et de fario. Si tout va
bien car en presque 30 ans d'existence, la
ferme de Cherbourg en a vu des vertes et
des pas mûres mais aussi de belles années.
Malgré les aléas naturels et économiques,
le site reste très opérationnel grâce à l'expérience des éleveurs conduits par Gavin
Moss, président et directeur d'exploitation :
« la rade est un site difficile à cause des risques
de pathologie mais à force d'observation, nous
avons appris à bien les réduire : en jouant sur
les périodes de transfert des smolts en mer, en
favorisant les défenses immunitaires du poisson et en pratiquant un passage dans un tank
d'eau douce pour éradiquer une maladie des
branchies venues de Tasmanie ».
Nés dans les écloseries normandes de
Gavin Moss à partir d'œufs achetés en

Norvège, les saumons arrivent en cage dans
la rade en automne où ils poussent tranquillement entre 14 et 19 mois à faible densité
(entre 12 et 15 kg/m3) avec un aliment riche
en protéines et en lipides (dont 30 % de farine
et d'huile de poisson). Abattu autour de 4 kg,
le saumon de Cherbourg est très prisé des
fumeurs et des restaurateurs ; son prix de
départ avoisine 10 €/kg. « À terme, nous produirons de plus gros smolts pour abattre au
bout de neuf mois »
mois », prévoit Gavin Moss.
Un de ses « bébés » est la souche de
l'Adour de salar dont GMG Saumon de
France détient les géniteurs. Produit d'exception plus allongé et à croissance lente
qui justifie un prix départ de 14 € /kg. Une
niche dans la niche puisque la production
2017 devrait plafonner à 60 tonnes. L'un des
projets de Gavin Moss en partenariat avec
le CNSS (1) et avec la Région Normandie est
d'élever une souche 100 % normande. Son
expérience d'écloseur le conduit déjà à produire, en plus du saumon, sept espèces de
salmonidés (2) à partir de ses géniteurs.
Seule à pouvoir prendre l'appellation
« truite de mer », les petites farios passent en
eau salée à 100 g pour atteindre 3 à 3,5 kg,
environ 15 mois plus tard. Du beau poisson qui supporte mieux les températures
estivales que la truite arc-en-ciel. Là encore,

L.F.

La Normandie : terre d'élevage de saumon

La souche de l'Adour, saumon d'exception élevé à Cherbourg, a le corps
allongé comme son cousin sauvage.

À savoir
GMG Saumon de
France est une
filiale d'Aquaculture
management project
(AMP), la capacité de la
ferme est de 3 000 tonnes
de salmonidés par an.
Expédition de décembre
(petites tailles) à juillet
(3 à 5 kg).

Gavin Moss a trouvé la parade en élevant
une espèce migratrice de TAC canadienne
à tête d'argent, steel head, qui supporte une
partie de l'été. « J'ai bon espoir d'atteindre les
500 tonnes de TAC canadienne en mer l'an prochain » pronostique ce passionné d'aquaculture qui table aussi sur 1 000 tonnes de saumon atlantique. Infatigable ! ■
(1) Conservatoire national du saumon sauvage
(2) TAC, fario, truite golden, truite bleue, truite léopard, truite tigrée et saumon de fontaine

[Le salar d'Isigny prend du galon]

B.V.

Séparée de la mer par un cordon dunaire, la ferme marine
les heures et passent à travers des filtres, à tambour et biode la baie des Veys existe depuis 40 ans mais le saumon s'y
logique. La qualité de l'eau et le courant artificiel d'une loninstalle en 2005 sous l'égide de Frédéric Biderre. Alimenté en
gueur de poisson par seconde garantissent avec l'alimentaeau de mer filtrée par le sable et pompée à 10 m de protion, la bonne santé et la qualité de chair du saumon. « Pas
fondeur, l'élevage en circuit recirculé a beaucoup évolué :
de vaccination chez nous, le mucus bactérien du poisson
« Il y a 10 ans de mise au point
occupe le terrain contre les bacdans l'agencement de la structéries pathogènes » argumente
ture d'élevage depuis la vente
Emmanuel Delcroix.
des premiers lots de saumon en
Les smolts écossais de 50 g met2006 » note Emmanuel Delcroix,
tront 12 à 15 mois pour peser 3 à
ingénieur halieute, embauché
4 kg. Élevés à une densité forte (50 à
la même année sur la ferme.
60 kg/ m3), les saumons ne subissent
Suite à un investissement de
pas de tri pour éviter le stress et
deux millions d'euros en 2015,
les risques sanitaires. Abattu à la
de nouveaux bassins sont
demande deux fois par semaine, le
construits. La ferme comprend
poisson s'écoule rapidement chez
désormais quatre enceintes cirles restaurateurs, les mareyeurs et
culaires de 900 000 litres cha- 50 tonnes de saumon d'Isigny seront commercialisées cette année, la
les grossistes, à un prix moyen de
cune ; 1 300 m3 circulent toutes production doit doubler. Beau spécimen présenté par Emmanuel Delcroix. 14-15 €/kg.

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PRODUITS DE LA MER N°174 JUILLET-AOÛT 2017

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