Produits de la mer - n°174 - juillet-août 2017 - 37

L.F.

B.V.

Dossier ❘ SAUMON

nologies de production ne seront pas opérationnelles. Car la demande continue à progresser. » Les grands groupes norvégiens du
secteur testent depuis plusieurs années des
projets de salmoniculture offshore qui permettront de développer la production (lire
le dossier aquaculture PdM n° 172 ). Comme
ils n'aboutiront sans doute pas avant 20202025, il faudra attendre pour aller au-delà
des volumes actuels. S'ajoutent les limites
sanitaires et environnementales inhérentes
à la salmoniculture. « Nous savons que le
marché est demandeur. Si nous pouvions
produire davantage, nous le ferions », souligne Henri Lapeyrere, soucieux de démentir les idées reçues. Les salmoniculteurs nor-

Prévisions
de production
2017
Chili

540 000 t

végiens ne limitent pas volontairement
leurs volumes pour continuer à engranger de confortables profits. La demande,
elle, ne faiblit pas. Paul T. Aandahl, analyste
du Norwegian Seafood Council, évoque un
nouveau record au premier trimestre 2017.
Malgré un prix moyen de 65,44 NOK/kg
pour l'entier frais, les volumes exportés ont
augmenté de 3 % par rapport à l'an dernier.
Quant à la valeur correspondante, elle a
progressé de 21 %, gagnant 2,8 milliards de
couronnes. Du côté des acheteurs, l'incertitude demeure. « Le marché est haut, avec une
tendance à la stabilisation », conclut Thierry
Mainsard. « Il est en attente d'une détente. Nul
ne sait vraiment quand elle se produira. » ■

Sébastien Roussel, directeur général de Direct Ocean

Transfert vers le sauvage

tral », commente Thierry Mainsard, directeur
général de Necton. Pas vraiment de quoi
remonter le moral des acheteurs. Car une
production restant insuffisante pour satisfaire une demande mondiale croissante ne
saurait se traduire que par une fermeté des
prix à court terme.
Cette situation pourrait-elle perdurer ?
Évocateurs, les débats du Seafood Investor
Forum organisé fin 2016 par DNB et Intrafish
à Londres se sont focalisés sur la nouvelle
« normalité » en salmoniculture. Les données présentées donnent toute la mesure
de l'envolée des prix du saumon d'élevage
norvégien en 2016 : près du double par
rapport à la moyenne des quinze dernières
années. À l'avenir, le marché devrait trouver
un nouveau point d'équilibre avec des cours
élevés. En tenant compte de coûts de production désormais 30 % supérieurs, le prix
moyen « normal » du saumon devrait s'établir à 40 NOK/kg, au lieu de 33 NOK/kg au
cours de la dernière décennie, selon DNB. Et
ce, au moins jusqu'en 2020 pour assurer un
retour sur investissement constant aux producteurs norvégiens.
Henri Lapeyrere prévoit d'ailleurs une
tension durable sur les cours pour les deux
ans à venir. Fabrice Barreau, directeur de
Marine Harvest France, est encore plus
pessimiste. « Même si les volumes du Chili
reviennent à la normale fin 2017-2018, les prix
ne baisseront pas tant que les nouvelles tech-

e Chili a accru sa production de 100 000 tonnes par an entre 2010
et 2015. Le marché s'est ainsi habitué à des volumes importants à
bas prix. Une situation artificielle. En 2016, notre position sur le marché a permis à nos clients, qui avaient par ailleurs des stocks, de ne pas
être trop impactés. Depuis, les industriels ont réduit leur demande
de Salmo salar congelé et, pour certains, basculé sur le sauvage.
Les collectivités se sont tournées vers les découpes de pink et
de keta, malgré une hausse de prix de 20 %. La restauration
commerciale a gardé le Salmo salar à sa carte, mais limité ses
volumes, tout comme la GMS, qui a réalisé davantage de promotions sur le saumon sauvage. »

PRODUITS DE LA MER N°174 JUILLET-AOÛT 2017

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