Produits de la mer - n°174 - juillet-août 2017 - 38

Dossier ❘ SAUMON

Prudence
outre-Atlantique
Le Chili mise sur une croissance moins rapide
mais plus sûre de son industrie salmonicole.
Le Canada freine les fermes à saumon.
C'est tout bon pour les pêcheurs d'Alaska et canadiens.

a salmoniculture chilienne a connu
bien des revers. Après l'anémie infectieuse du saumon (ISA), il lui faut lutter contre le syndrome rickettsial septicémique (SRS), sans oublier les poux de mer.
Quand ce ne sont pas les dérèglements naturels qui s'en mêlent. En février 2016, un bloom
planctonique entraînait la perte de l'équivalent de 100 000 tonnes commercialisables.
Sur ce total, environ 60 000 tonnes devaient
être abattues en 2016 et 40 000 tonnes en
2017. Aujourd'hui, des mesures de détection,
avec un plus grand nombre de stations de
surveillance, sont en place.
Le phénomène est fréquent mais d'impact, en général, limité. L'an dernier, il s'est
soldé par une chute de près de 16 % de la
production de Salmo salar
salar,, avec pour conséquence une flambée des cours des filets de
saumons chiliens vers les États-Unis, conduisant les distributeurs américains à se tourner
davantage vers la production norvégienne.
Au cours des premiers mois de 2017, les
volumes étaient encore en fort
retrait par rapport à
ceux de l'an dernier.

Quant à la hausse des disponibilités, attendue
au second semestre, les prévisions restent
variables selon les sources. Au final, toutefois,
la production pourrait presque renouer en
2018 avec son niveau de 2015.
Mais elle n'ira sans doute guère au-delà.
La nouvelle réglementation autorise une
croissance maximale de 3 % par rapport à
2015 dans les deux zones de production
principales, et seulement si les conditions
biologiques sont satisfaisantes. Toutefois,
les coûts de production pourraient baisser. « La diminution de la biomasse qui a suivi
le bloom planctonique a amélioré les conditions biologiques, se traduisant par une baisse
notable de la mortalité », note Gorjan Nikolik,
analyste de Rabo research food & agribusiness. « Les nouvelles thérapies, et notamment le vaccin contre le SRS, permettraient,
à terme, d'éviter l'utilisation coûteuse d'antibiotiques. » La salmoniculture chilienne
pourrait donc réserver de bonnes surprises.
À moins d'événements négatifs imprévisibles comme ceux qui l'ont déjà impactée :
éruptions volcaniques, instabilité sociale ou
blooms planctoniques. ■

EN AMÉRIQUE DU NORD
La production plafonne
au Canada

elon les prévisions, la production canadienne
atteindrait 145 000 tonnes en 2018, peut-être
155 000 tonnes en 2020, ce qui serait le maximum pour le quatrième pays éleveur de saumon.
Un moratoire empêche la création de
nouveaux élevages en Colombie-Britannique
et le Nouveau-Brunswick a atteint ses
capacités maximales. « L'obstacle majeur
à son développement est la loi fédérale qui
n'apporte pas à l'aquaculture le soutien adapté »
déplore Cyr Couturier, président de l'Alliance
de l'Industrie Canadienne de l'Aquaculture.
Résultat : le Canada ne couvre pas la demande
des États-Unis, son principal marché. Dans
l'incertitude quant aux accords de libreéchange en négociation, les salmoniculteurs
canadiens ouvrent des marchés en Asie et
en Europe, pour être moins dépendants des
États-Unis.

Le saumon sauvage
à l'heure des comptes

Le Chili cherche à repartir du bon pied.

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PRODUITS DE LA MER N°174 JUILLET-AOÛT 2017

B.V.

ette année, l'Alaska Department of Fish and
Game prévoit plus de 427 000 t de captures,
dont 254 000 t de pink, près de 57 000 t de keta,
101 000 t de sockeye et 15 000 t de coho.
Les volumes de la Russie baisseraient de 28 %,
à moins de 320 000 t, dont 265 000 t de pink,
115 000 t de keta, un peu plus 46 000 t de
sockeye et quelque 10 000 t de coho.
Globalement, les captures mondiales de
saumon sauvage devraient donc satisfaire
l'appétit de la Chine, mais pas celui du Japon
pour le sockeye. Sauf à payer le prix fort. Car le
saumon rouge a beaucoup augmenté du fait
de la demande américaine. L'an dernier déjà, en
dépit de son abondance, les acheteurs japonais
s'étaient plutôt tournés vers la Russie.

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