Produits de la mer - n°176 - octobre 2017 - 38

Dossier ❘ CÉPHALOPODES

CÉPHALOPODES
Quand le calmar se fait rare
Que l'abondance du calmar diminue, et c'est toute la filière des céphalopodes
qui s'en trouve bouleversée. Logique, puisque les multiples espèces de calmars constituent l'essentiel
des débarquements de céphalopodes. Leur raréfaction dans les principales zones de pêche,
l'an passé, a fait grimper les prix à un niveau jamais vu depuis cinq ans.

Enquête : Anne-Caroline RENARD

VERS LA FIN DE L'ABONDANCE :
Des prix plus haut, mais
des substitutions possibles

almars, poulpes, seiches... les
céphalopodes génèrent 4 % des
échanges mondiaux de produits
de la mer. Les premiers commanditaires sont l'Espagne, l'Italie et le Japon,
dont les habitants en apprécient la saveur
et la texture.
Trop ? Difficile de le savoir. Pour des raisons mal connues des scientifiques, les
céphalopodes disparaissent de certaines
zones ou migrent vers d'autres. Leur courte
durée de vie ne permet pas de prévoir l'évolution de la ressource sur le long terme. Si,
lors de la dernière Conférence mondiale sur
les céphalopodes, à Vigo (Espagne), Angel
Guerra, de l'Institut espagnol de recherche

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marine, n'estimait pas la ressource « globalement menacée »»,, certains opérateurs se
montrent plus inquiets. « La surexploitation
est déjà visible. Heureusement, des arrêts biologiques sont instaurés pour des temps de
plus en plus longs. En Chine, cela va de mai à
septembre »,, souligne Éric Coll, co-dirigeant
septembre »
de Mag Seafood.
Depuis 2014, année de prises record en
Chine comme au Pérou, la situation a radicalement changé. En Argentine, les débarquements de calmar (illex argentinus) ont
diminué de 55 % au cours des trois derniers
trimestres 2016. Cette année là, les volumes
n'ont atteint que 60 300 tonnes, tombant
à leur plus bas niveau depuis 20 ans, selon

En France : export,
restauration, transformation

% :
la part du calmar
dans la production
de céphalopodes en
2015, contre 9 % pour
le poulpe, 7 % pour
la seiche et 6 % pour
d'autres céphalopodes.

Source : FAO

Globefish. La production des Malouines,
en baisse de 99 %, n'a quant à elle pas
dépassé 2 000 tonnes. Résultat : sur cette
espèce majeure de la famille des calmars,
l'année 2016 fut catastrophique. Et, alors
que la demande aux États-Unis comme
en Europe ne s'est pas démentie, les prix
se sont inévitablement envolés. Quant à la
saison 2017, elle s'avère décevante au premier trimestre, malgré un bon démarrage.
Dans le Pacifique, la production des
pays d'Amérique du Sud a été affectée
par le phénomène El Niño, notamment
au Pérou, dont les captures de calmar
géant (dosidicus gigas) ont baissé en 2015
et 2016. « Sans report possible sur d'autres

Éric Coll et Christophe Jauffret, co-dirigeants de Mag Seafood

Les prix progressent mais la demande reste soutenue

n 2013 et 2014, l'abondance de calmars nous
a permis de mieux négocier nos achats et de
répondre aux contrats de nos clients. Depuis, le
phénomène s'est inversé. Nous devons acheter par anticipation nos volumes de la saison.
Il faut s'accorder sur un tarif, sans connaître le
prix final de marché en pleine saison.
C'est l'ensemble des céphalopodes qui a
connu une envolée des prix jamais atteinte en

Des stocks difficiles
à évaluer

PRODUITS DE LA MER N°176 OCTOBRE 2017

congelé. Sur un temps très court ! La consommation ne cessent de croître. Ce n'est pas sans conséquence sur le manque de ressources, le déplacement et la disparition de certaines espèces, comme
l'illex cette année.
Les captures des six premiers mois de 2017 ont
diminué de 40 %, notamment sur cette espèce. Les
stocks sont quasi nuls, donc les prix progressent.
Pour autant, la demande reste soutenue. »

http://www.Seafood.ag

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