Produits de la mer - n°176 - octobre 2017 - 40

Dossier ❘ CÉPHALOPODES

Des stocks difficiles à évaluer
La rareté actuelle de céphalopodes,
calmars en tête, est-elle liée
à une surexploitation ? Les scientifiques
restent prudents, d'autant qu'ils n'avaient
pas élucidé l'origine de l'abondance
des espèces au cours
des dernières décennies.

L.F.

uel est l'état de la ressource en
céphalopodes ? L'équipe du Dr
Zoë A. Doubleday, biologiste
marine de l'Université d'Adelaïde, en Australie, s'est penchée sur la
question. Les résultats ont été publiés l'an
passé dans la revue Current Biology
Biology.. En rassemblant de nombreuses données scientifiques parues sur les débarquements de
céphalopodes depuis plus de 60 ans, dans
les principales zones océaniques du globe,
l'enquête conclut que les populations de
céphalopodes se sont effectivement développées sur les 50 dernières années. Qu'il
s'agisse des calmars, des poulpes ou des
seiches - les statistiques prises en compte
concernaient 35 espèces et six familles de
céphalopodes.
Pour les chercheurs, le phénomène s'expliquerait par la grande adaptabilité des
céphalopodes aux modifications de l'environnement induites par l'activité humaine,
telles les hausses de températures, les
modifications de l'habitat marin, etc. Ce
pouvoir d'adaptation leur aurait permis
de surmonter les perturbations qui ont

La variété des céphalopodes est importante : au moins 6 familles et 35 espèces.

% des captures
mondiales sont
des céphalopodes
aujourd'hui.
En 1980, c'était

conduit à l'épuisement d'autres ressources
marines et, ce faisant, à l'élimination de
prédateurs et de concurrents alimentaires.
De plus, pour les scientifiques, les taux
de reproduction des céphalopodes, dont
la durée de vie varie entre un à deux ans,
sont élevés et auraient pu progresser avec
la hausse des températures. Cependant,
la prudence est d'or pour les auteurs de
l'étude, en ce qui concerne les relations de
cause à effet.
Ils soulignent aussi la complexité d'évaluer les implications écologiques et socioéconomiques et l'augmentation de la biomasse des céphalopodes sur la période
étudiée. Elle a pu notamment réduire la dis-

ponibilité d'espèces de poissons et d'invertébrés dont ils se nourrissent. Autre conséquence, la pêche aux céphalopodes s'est
intensifiée pour compenser les baisses de
captures d'autres espèces marines.
Tant et si bien, que certaines pêcheries
marquent le pas et montrent des signes
de surexploitation aujourd'hui. Les chercheurs mettent en garde la filière, d'autant
que l'acidification des océans serait potentiellement néfaste à la ressource. Face aux
enjeux économiques, des plans d'amélioration de gestion se mettent en place. ■
* Global proliferation of cephalopods
- Current Biology - volume 26 - Issue 10
- May 23, 2016 - Copyright : Elsevier - 2016

Certifications et plans d'amélioration des pêcheries

A.C.R

Le poulpe certifié MSC se vend
en frais sur les marchés espagnols,
essentiellement.

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n février 2016, en Atlantique, la pêcherie des Asturies,
au nord-ouest de l'Espagne, était la première à obtenir la certification MSC pour le poulpe. La flotte regroupe
27 bateaux appartenant à quatre corporations, ou cofradias, de pêcheurs. L'espèce ciblée, l'octopus vulgaris ou
poulpe commun, est capturée au casier artisanal à un
poids minimal de 1 kg. Cette pêcherie a un impact négligeable sur les fonds marins : les prises accessoires et les
rejets sont minimes. En collaboration avec les corporations, les autorités régionales supervisent le plan de
gestion pour cette espèce, importante en termes économiques. Les volumes sont essentiellement vendus en
frais sur les marchés locaux et nationaux.

PRODUITS DE LA MER N°176 OCTOBRE 2017

Pour l'heure, nulle autre certification MSC n'a été délivrée pour les céphalopodes. Mais, en Atlantique nordest, la pêcherie côtière de calmar totam (loligo pealeii ),
pratiquée au chalut de fond aux États-Unis, est en cours
d'évaluation.
Dans le Pacifique sud-ouest, deux pêcheries de calmar
au chalut de Nouvelle-Zélande évoluant dans la ZEE
néo-zélandaise et les îles Auckland font l'objet depuis
2015 de plans d'amélioration de la pêcherie (Fishery
Improvement Plans). Menés par l'ONG Deepwater
Group, en partenariat avec le ministère de la Pêche
néo-zélandais, ils visent, à terme, l'obtention de la certification MSC.

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