Produits de la mer - n°176 - octobre 2017 - 5

Actu ❘ RETOUR DES ASSISES

« Comme un poulet sans tête »

[ EN BREF ]

J.S.E

À quoi ressemblera la filière pêche et produits de la mer française en 2035 ? Une question travaillée pendant
deux ans par France Filière Pêche, FranceAgriMer et ViaAqua. Avec l'aide de 25 professionnels représentatifs des
différents maillons de la filière, plus de 1 000 hypothèses ont été émises, leurs incidences sur la filière explorées
et leurs interférences, entre elles, analysées. Objectif : imaginer l'avenir pour
l'anticiper et choisir son destin, insiste Gérard Higuinen, président de France
Filière Pêche. «« Aujourd'hui,
Aujourd'hui, la filière française ressemble un peu à un poulet sans tête,
qui court pour survivre. Mais ce n'est pas un projet de vie. Il faut, comme nos voisins
européens construire une vision pour notre filière, non en copiant mais en s'appuyant
sur nos forces et faiblesses »,
faiblesses », lance Benoît Vidal-Giraud, de ViaAqua. Et de citer,
comme forces, la taille du marché intérieur, la diversité des captures, l'image
des produits ; et comme principales faiblesses, les volumes de captures,
petits, et l'incertitude au niveau de la première vente. « Des forces innées et des
faiblesses que nous pouvons corriger », dit-il avant que Gérard Higuinen invite
avec force chaque acteur de la filière « à se prendre en main », en participant
notamment aux journées régionales initiées par FFP qui « permettront de
dégager un plan d'action à cinq ans », comme l'a souligné Stéphane
Travert, ministre en charge de la pêche.
À sentir la stupeur qui a saisi la salle lorsqu'elle a visionné les quatre
scénarii pour le futur, il est clairement temps d'agir.
Benoit Vidal-Giraud, ViaAqua

Un marin « qualité » ?

Gérard Romiti, président du CNPMEM

À terre, comme en mer, notre filière ne

fait plus rêver, alors qu'il y a des métiers
d'avenir. Il faut refonder la formation, organiser un compagnonnage. On a pensé au
bateau du futur, à l'ingénieur des mers,
mais on n'a pas pensé à la formation du

Des fonds pour la flotte
L'âge moyen des navires de pêche
français dépasse les 27 ans. Deux
tiers sont à renouveler. Même si, cette
année, 57 permis de mise en exploitation ont été accordés, cela ne suffit pas. « À ce rythme, il faudra 100
ans pour renouveler toute la flotte »,
chiffre Pierre Karleskind, vice-président
du Conseil régional de Bretagne en
charge de la mer. « Il faut accélérer,
si l'on ne veut pas voir les apports se
réduire faute de bateaux. »
Pour cela, il faut des capitaux. Arkea
Capital et le Crédit Maritime annonçaient la création d'un fonds d'investissement de 10M€ pour venir en soutien des armements. Mais l'aval de
la filière, consciente de l'importance
de disposer d'apports locaux, se propose de participer. « En abondant un
fonds, pour que des bateaux aptes à
capturer la sardine plus loin en mer se
construisent », précise Jean-François
Hug, Pdg de Chancerelle. Fabrice
Guyot, président d'Océalliance,
jusqu'alors réticent à investir dans
l'amont et les bateaux a souligné que
son groupe le ferait « probablement ».
Mais au-delà des bateaux, il faut aussi
former et attirer les hommes dans
le secteur et imaginer des filières de
recyclage des vieux bateaux.

marin de demain. En plus de la sécurité,
de la mécanique, du commandement
etc, il devra travailler sur la qualité du produit. Je suis convaincu qu'il faudra bienJS.E

tôt un marin « qualité » embarqué à bord
des navires, qui pourra orienter telle ou telle
L.F.

espèce vers tel ou tel marché. »

Le Bara Breizh, 16e chalutier de l'armement
Bigouden, mis à l'eau en marge des Assises.

Brexit

Faire front commun

Le Japon, source
d'inspiration

En coulisses du débat sur le Brexit, Sébastien Metz, cofondateur de Sakana Consultants, recommande de négocier avec l'ensemble de la filière et de ne surtout pas parler pêche et quotas sans évoquer le marché. « C'est le
levier de l'UE : nous achetons tout ce qui a de la valeur et la Chine ne pourra jamais tout absorber au même niveau de
rémunération. » Il souligne que si les pêcheurs britanniques sont pro-Brexit, la transformation, elle, craint la mise
en place de barrières non tarifaires qui pourraient faire perdre du temps dans les flux logistiques tendus. Elle
tremble aussi à l'idée de la mise en place de visas de travail pour les Européens : 37 % des employés de marée
sont des Européens non britanniques.
Pour lui, c'est d'autant plus important que les pêcheurs britanniques pourront toujours aller chercher les quotas, notamment les 400 000 tonnes de pélagiques, « une pêche rentable ». « Jouer les quotas contre l'accès marché
a fonctionné avec la Norvège », rappelle Torben Foss, directeur de PWC, présent aux Assises en visioconférence..
« L'UE s'est montré unie et déterminée ». La DPMA, le CNPMEM, comme les régions maritimes travaillent, à présenter une position commune à Michel Barnier, en charge des négociations. Cela prendra du temps.

Stéphanie Woods, de France Ikejime,
Julien Gerbault, de Fish is Life et
Gwenael Perhirin, de Makurazaki
France, ont en commun de travailler
les produits de la pêche selon la
tradition niponne. Des techniques qui
permettent une forte valorisation des
produits de la pêche sur des marchés
de niches qui s'élargissent. Les
gammes Ikejime se développent, en
surgelés après les sushis, c'est au tour
des tatakis de faire leur apparition.

PRODUITS DE LA MER N°176 OCTOBRE 2017

❘5 ❘

Table des matières de la publication Produits de la mer - n°176 - octobre 2017