Produits de la mer - n°176 - octobre 2017 - 19

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le bastion régional pour le thon rouge, en
plus d'être une place forte pour le germon
et le merlu. Les apports de ce dernier ont
explosé depuis qu'une partie des armements franco-espagnols, immatriculés à
Bayonne, le vend de gré à gré.
D'une manière générale, les criées de
Nouvelle-Aquitaine s'affichent en haut de
classement sur plusieurs espèces, dont les
céphalopodes. Elles règnent sur le céteau.
La sole a ses places fortes à Arcachon,
Oléron et Royan. Quant au bar, il est présent partout. Les incertitudes sur le durcissement des règles de pêche pour celui du
golfe de Gascogne ne sont donc pas faites
pour rassurer la filière au niveau régional.
D'autant que, depuis 2015, les fileyeurs
doivent respecter des arrêts biologiques
pour la sole au cours des trois premiers mois
de l'année. Une mesure de préservation qui
n'est pas sans conséquence sur les apports.
« À la fin mars, on était à - 13 % en volumes »
volumes »,
chiffre Joël Richaud. Heureusement, le responsable de la criée de Royan a pu compter sur une bonne saison de maigres et de
bars pour se rattraper.
Si la naissance de la Nouvelle-Aquitaine
n'a rien changé à la carte des pêcheries,
elle a donné des idées. « Trois des cinq criées
de la nouvelle région adhèrent à l'Acaapp
(Association centre atlantique des acheteurs
des produits de la pêche, dont Arcachon
est absente). Nous poussons pour que celle
de Saint-Jean-de-Luz et Ciboure intervienne
en 2018 »,
2018 » révèle Sébastien Le Reun, responsable du port de pêche à la CCI BayonnePays basque. L'adhésion à l'Acaapp permet
aux acheteurs de s'approvisionner dans
toutes les criées au sein de l'association,
avec un unique dépôt de garantie bancaire.
D'autres pistes de rapprochement entre les
criées se dessinent. « Nous évoquons la création d'un pôle de valorisation des coproduits à
La Rochelle. Mais aussi, l'idée de faire de SaintJean-de-Luz une tête de pont pour mettre en
place une mutualisation de la logistique »,
indique Pascal Bouillaud, le directeur de la
criée de La Rochelle.
Du côté des organisations de producteurs, certains, comme David Milly, estiment qu'« il
qu'« il serait dans l'intérêt général des
pêcheries de Nouvelle-Aquitaine qu'il y ait un
rapprochement des OP », notamment pour
gérer avec plus de souplesse les sous-quotas. « Ce n'est pas à l'ordre du jour »», coupe
net Éric Renaud, directeur de l'OP de La
Cotinière. Ce dernier n'entend pas, non
plus, délaisser les différentes démarches
de valorisation pour les poissons de ligne,

19 139

t
les volumes passés sous
ces 5 criées en 2016

Le nombre
d'acheteurs
par criée :
La Rochelle : 99
Île d'Oléron : 104
Royan : 50
Arcachon : 53
Saint-Jean-de-Luz : 110
Source : FranceAgrimer

mises en place par l'OP au profit d'une quelconque démarche régionale. Qu'importe
que l'Aana, nouvelle agence régionale
de promotion des produits agroalimentaires, ait soutenu ses premières campagnes en faveur des produits de la mer de
Nouvelle-Aquitaine. « Nous ne sommes pas
en Bretagne. La Nouvelle-Aquitaine n'a pas
une image forte sur le poisson »
poisson »,, justifie Éric
Renaud. Sur ce point David Milly dont l'OP
porte la démarche merlu de ligne de SaintJean-de-Luz le rejoint : « chaque port a sa
spécificité. Il faut garder notre identité. »
Du côté des acheteurs, Sophie Méric, directrice de la société de mareyage Sobomar
Atlantique et vice-présidente de l'Acaapp,
souhaiterait « plus d'échanges entre pêcheurs
et acheteurs » pour mieux « développer la
pêche locale. » Elle valide qu'un « pin's propre
à chaque port sur le poisson de ligne, c'est très
intéressant vis-à-vis du consommateur. » ■

Trois questions à Patrick Lafargue,
président du CRPMEM de Nouvelle-Aquitaine

" La situation sur la sole s'améliore "
PdM : Pourquoi a-t-il fallu deux ans de réunions pour conduire la fusion des comités régionaux de l'ex-Aquitaine et de l'ex-Poitou-Charentes ?
P. L. : Nous devions tous faire des compromis, ne serait-ce que pour choisir la localisation du bureau
du nouveau comité régional. Il sera à Ciboure, mais nous organiserons des réunions une fois sur
deux, à l'hôtel de région à Bordeaux.

Le contexte pour le renouvellement de la flottille s'améliore-t-il ?
Non. Les trois-quarts de la flottille de Nouvelle-Aquitaine sont des moins de 12 mètres. Dans cette
catégorie, un armateur ne peut pas sortir les 200 000 à 250 000 euros demandés par la banque
pour financer la construction d'un nouveau navire. Je ne comprends pas, du reste, pourquoi le système permet de trouver des financements publics à hauteur des mêmes montants pour moderniser des bateaux de 35 ans. Il vaudrait mieux aider à payer des bateaux neufs.

Êtes-vous inquiets des conséquences des mesures de préservations prises pour la sole, qui
pénalisent les fileyeurs, ou celles qui pourraient l'être sur le bar, comme l'augmentation de la
taille de capture ?
Les arrêts biologiques pour la sole ont fait du bien. La situation s'améliore.
Il est regrettable néanmoins que les moins de 12 mètres, n'aient pas eu
la possibilité, durant les arrêts, de continuer à pêcher du bar, du merlu, du
maigre au filet droit. Cette flottille est très tributaire de la météo. S'ils ne
peuvent pas sortir quand les conditions le permettent parce qu'ils
ont posé un arrêt biologique, c'est un problème. Certains de
ces bateaux n'ont travaillé que 21 jours de janvier à fin mars,
durant la période où il faut poser les arrêts. Pour le bar, je
ne suis pas favorable pour passer sa taille à 42 cm dans la
région, contre 38 cm actuellement. Il y a des pêcheurs qui
n'y survivraient pas.

PRODUITS DE LA MER N°176 OCTOBRE 2017

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