produit de la mer - n°179 - Février 2018 - 33

Dossier ❘ POISSONS PLATS

Hausse des prix
Le marché international
du poisson plat
de moyenne gamme
évolue sous la pression du
cabillaud ou du saumon.
Éclairage avec
Sandrine Étienne, directrice
des ventes France pour
le groupe canadien Ocean
Choice International.

mondiaux

Quel est l'historique de cette
espèce ?
Le gouvernement canadien souhaitait que
90 % de notre pêche soit traitée sur notre
sol. Ce qui était impossible en termes de
prix de revient et de concurrence internationale. Nous ne la sortions donc plus
de l'eau. Mais il y a cinq ans, nous avons
réussi à négocier la réalisation de 15 %
de filetage au Canada, que nous vendions plus cher sur le marché de Boston.
Et nous avons donc rouvert la pêche.
Nous avons aujourd'hui trois bateaux en
pêche et en attendons un quatrième. Nous
pêchons aussi un petit quota de flétan du
Groenland, avalé en trois semaines, et un
peu de plie grise ou plie cynoglosse, de
mars à juin.

Quelle est la spécificité d'Ocean
Choice International sur le marché du
poisson plat ?
Avec 14 000 tonnes de limande à queue
jaune (Limanda ferruginea),, Ocean Choice
International détient 94 % des quotas sur
cette espèce dans la zone FAO 21. Il s'agit
d'un poisson similaire à la plie européenne exploitée par les Pays-Bas, mais
avec un goût plus doux et une chair bien
blanche. Du coup, il est apprécié par les
enfants. Nous proposons de l'étêté, vidé,
surgelé mer. Les clients d'Europe du sud
(Espagne, Portugal) le tranchent dans
leurs usines. Pour la France et l'Allemagne,
nous sommes uniquement sur du filet
(50-80 grammes) sans peau sans arête,
réalisé au Canada ou en Chine. Ils peuvent
être ensuite panés par les industriels.

Nous sommes en concurrence directe avec
l'Europe, mais également avec la limande
du nord ou yellowfin sole (Limanda
aspera).. Elle est pêchée en Chine ou dans
les pays asiatiques, voire aux États-Unis
qui en exportent vers la Chine pour transformation, avant une nouvelle exportation vers l'Europe. Le format est vraiment
similaire.
Sur le marché du poisson plat, il y a le
haut de gamme avec la sole, puis la plie
et la limande jaune, et ensuite les poissons plus bas de gamme comme la yellowfin sole et la sole tropicale (cynoglosse
d'Afrique de l'ouest). Sur cette dernière,
nous sommes alors dans une gamme de
prix très différents, avec une espèce a
forts volumes qui intéresse les industriels
pour la transformation. Les flux ne sont
pas toujours faciles à suivre, entre zone de
capture, de transformation et de commercialisation finale.

Qu'en est-il de la plie grise ou cynoglosse ?
Nous essayons de la développer en
Europe. Elle est aussi pêchée sur les zones
du Portugal et il existe un marché du frais,
notamment en Scandinavie. Du coup,
nous la vendons aux Pays-Bas en surgelé
lorsqu'il manque du produit. Elle n'est disponible en frais que certains mois. On ne
la voit pas encore en France.

Quels sont les ressorts de la concurrence sur le poisson plat ?

La limande jaune fraye doucement mais sûrement en Europe.

Prix CIF
au conteneur
de la limande
jaune :

1,50

€/kg
en format étêté,
vidé, surgelé mer
(bloc de 23 kg).

Quelle est votre analyse du marché
aujourd'hui ?
Les prix s'envolent et toute notre production se vend très bien. C'est principalement dû au fait que les prix de la yellowfin sole se sont mis eux-mêmes à flamber.
Il y a donc un effet domino, en lien aussi
avec des espèces comme le cabillaud et le
saumon dont les prix ont augmenté. La
demande sur les espèces meilleur marché a été plus forte et la pression a fait
augmenter les prix ! Du coup, nous apparaissons comme étant intéressants ! La
demande croît au niveau international sur
le poisson plat et nous pensons que cela
va durer de longues années. Un marché
comme la France réagit lentement. Il reste
accroché au cabillaud et au saumon. Les
entrées de nouvelles gammes sont longues à mettre en place mais cela viendra !
On sent bien que les opérateurs des PaysBas, qui ont une grande expérience sur la
plie européenne, s'intéressent beaucoup à
notre matière première. Mais le passage
par la Chine croît aussi. Et si la transformation est facturée là-bas, la consommation reste en Europe. ■

PRODUITS DE LA MER N°179 FÉVRIER 2018

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