produit de la mer - n°183 - Juin 2018 - 21

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MIEUX C MMUNIQUER

H.S.

Les mareyeurs et la première transformation sont à la dimension de la pêche régionale. Ils résistent bien et mettent la dimension locale en avant. « Le sourcing est plus
restreint qu'en Atlantique, explique-t-on à
Garonne Marée, installé près de Toulouse,
très présent sur la RHD. Sans compter que
nos clients connaissent moins bien les produits méditerranéens. » Un déficit d'image
dont sont aussi conscients les conchyliculteurs, qui développent plusieurs projets de
labels qualité. De leur côté, malgré les prix
de vente soutenus, les entreprises artisanales de deuxième transformation constituent un tissu dynamique de PME innovantes (lire en p. 18).
Si la flottille chalutière régionale s'est
amenuisée, elle reste puissante pour l'économie des territoires. Selon la récente étude
portée par l'Association méditerranéenne
des organisations de producteurs financée par France Filière Pêche, l'ensemble
de la filière aurait dégagé un chiffre d'affaires de 91 millions d'euros entre 2013
et 2015, avec une création de valeur estimée à 37 millions d'euros.
Séculaires, identitaires, les pêches et
productions sont pourtant mal étudiées.
Seulement quatre espèces sont scientifiquement suivies : l'anguille, le merlu, le
rouget et le thon rouge. L'état des lieux
de la pêche lagunaire est quasi inexistant.
Quant à la dernière étude des flux de commercialisation, elle date d'il y a dix ans.
Pour disposer de tableaux de bord cohérents, la région Occitanie vient de lancer
la création d'un observatoire économique,
qui doit aussi identifier les potentiels de
développement.
La Méditerranée est cependant dans la
ligne de mire de l'Union européenne, qui
entend prendre des mesures conservatoires. Risques d'interdiction de la pêche à
l'anguille adulte - 150 licences de pêche en
Occitanie et 50 en Paca - et plan de gestion européen du chalutage sont des dossiers anxiogènes. L'installation accélérée
des fermes éoliennes offshore fait aussi
craindre des pertes de zones de pêche. « Il
faut changer de logiciel et avoir une vraie
vision de la pêche en Méditerranée, plaide
Paul Gros, afin de garder les bateaux, les
criées, les emplois. » À quelques dizaines
de kilomètres, Thomas Garcia, le patron
de l'Oiseau des Îles II de Port-la-Nouvelle,
qui navigue avec ses deux fils, veut rester
optimiste. « Les temps sont compliqués
mais dans ce métier, on a toujours avancé.
On trouvera des solutions. » ■

Trois questions à Bernard Pérez,
président du comité régional des pêches Occitanie

PdM : La Commission européenne a présenté en mars son plan de gestion
pour les pêches démersales en Méditerranée. Qu'en pensez-vous ?
Bernard Pérez : Il y a déjà eu beaucoup d'efforts effectués depuis des années, ne
serait-ce que par la chute de l'effort de pêche. La moitié des flottilles a disparu. Nous
sommes trop éloignés des centres de décision pour faire comprendre nos positions.
Dans les grandes réunions internationales, les scientifiques nationaux accompagnent
les délégations des pêcheurs. Les seuls absents de ces réunions sont les scientifiques
français.
On pointe les pêcheurs pour les problèmes de stocks de merlu...
Il faut expliquer, il faut communiquer, faire comprendre nos spécificités méditerranéennes. Nous faisons attention à notre mer ! C'est facile de crier sur le pêcheur mais
le développement de l'urbanisme, du tourisme, le changement climatique ont aussi
des impacts sur la qualité de l'environnement et des ressources marines.

Comment faire évoluer la filière ?
Nous sommes dans un nouveau monde. Nous allons nous adapter et faire changer
les mentalités de tous, pêcheurs et consommateurs. Nous devons mieux valoriser
les produits, mieux vendre. Notre pêche, c'est un poisson du jour, extra-frais. Tout le
monde a envie de faire des choses, c'est le moment d'y aller pour imaginer de nouvelles activités de pêche durable. Je me réjouis des discussions que nous avons en ce
moment avec la région Occitanie. La profession a pris du retard dans sa structuration, mais nous allons nous battre pour garder la souplesse dans la gestion des armements, tout en assurant une durabilité à nos pêcheries. Et nous allons communiquer un maximum, c'est primordial. Car il faut aussi communiquer quand ça va bien.

PRODUITS DE LA MER N°183 JUIN 2018

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