produits de la mer - n°187 - Novembre 2018 - 13

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À l'occasion des Rendez-vous
de Concarneau, organisés par la
station marine, Éric De Muylder a
présenté son système d'élevage
de crevettes tropicales en biofloc,
installé en Belgique, à Ternat. Un
système qui laisse se développer
une population diversifiée de
micro-organismes (microalgues,
zooplanctons et bactéries) dans
des élevages en circuits fermés.
Ce faisant, « l'eau de mer
reconstituée de mes bassins n'a
pas été changée depuis trois
ans, indique Éric De Muylder.
Schématiquement, les bactéries
utilisent l'oxygène des nitrates
présents dans les boues des
crevettes pour les transformer en
diazote qui s'évapore ».
En parallèle, la présence des
bactéries favorise aussi le
développement de plancton, qui
sera consommé par les crevettes.
Un apport naturel d'aliment qui
permet de réduire le coût de
l'ingrédient.
Dans sa ferme, Éric De Muylder
s'est lancé dans la production
de vannamei. « Dans une eau
à 25 °C, les post-larves de 9 mm
que j'importe des États-Unis
grossissent d'1,5 gramme par
jour. Nous les revendons en
circuit court, à la ferme, au bout
de quatre mois, lorsqu'elles
font 20 grammes. Fraîches,
elles sont vendues 40 euros/kg.
Mais cela n'a rien à voir avec les
produits qui arrivent surgelés. »
Actuellement, la pénurie de postlarves de vannamei a fait tomber
la production à 1 tonnes quand
elle devrait être de 3 .
Le consultant a décidé de tester
la Penaeus japonicus, acquise
auprès d'une écloserie en Italie.
La température de l'eau a été
adaptée à 22 °C. Plus que ses
crevettes, Crevetec vend avant
tout son savoir-faire.

Noblesse oblige, Sogn Aqua
élève son flétan atlantique dans
de grands bassins alimentés
en eau froide pompée dans
les profondeurs du plus grand
fjord de Norvège.

es premiers géniteurs ont été pêchés
dans le fjord avec mon grand-père !
À présent, nous en sommes à la cinquième génération. » C'est dire la ferveur qui anime Jan Brekke. Indispensable
quand on élève le prestigieux flétan atlantique de l'œuf jusqu'à la commercialisation. « Délicat aux premiers stades car le
moindre choc engendre des mortalités,
le poisson devient robuste et finalement
assez rustique à élever. Résistant aux maladies et non concerné par les poux de mer,
il est juste sensible à l'agitation autour des
bassins qui peut le stresser », remarque le
directeur de Sogn Aqua.
Les yeux fixés sur sa progéniture qui évolue lentement dans de grands raceways (1)
en bordure du Sognefjord, Jan Brekke
insiste sur l'importance des conditions
environnementales : « Le pompage à
100 mètres de profondeur offre une température comprise toute l'année entre 8 et
10 °C. Le débit est élevé, de façon à renouveler l'eau des bassins en permanence. Une
eau de qualité parfaite, à l'abri de toute
pollution vu la situation de la ferme. »
Nous sommes à Ortnevik. Le site
construit en 2016 comprend 10 000 m2
de raceways réalisés avec le pierrage
local et des bâches en plastique recyclé.
Les pompes alimentent un chenal central séparant en deux les cinq grands bassins où l'eau circule en continu de façon
à créer un léger courant. Indispensable
en production intensive, tout comme le
système d'oxygénation, car la densité
est élevée : 50 kg/m3, voire plus

Le pompage à grand débit - 50 m3 par minute -
est une composante importante de l'élevage à terre.

La Norvège
compte
5 éleveurs de
flétan atlantique
(Hippoglossus
hippoglossus)
dont Sterling
(ex-Marine
Harvest).

Cette espèce rustique
à l'état adulte mais
chère à produire avoisine
à la vente 15 euros/kg,
rendue à Oslo.

B.V.

Crevetec élève
la vannamei en Belgique

Glitne : le flétan du Sognefjord

B.
V.

[ À SUIVRE DANS PdM ]

quand le flétan grandit. La récupération
des fèces, transportées vers une station
de compactage et de séchage, permet la
valorisation en engrais agricole.
Sogn Aqua, qui maîtrise le long cycle
de production de l'espèce, se déploie sur
deux autres sites. L'écloserie de Sætre a
une capacité de 50 000 alevins et le prégrossissement s'effectue à Slantevika. En
douze mois, le jeune flétan atteint seulement 140 à 160 grammes et il lui faudra trois à quatre ans supplémentaires
pour atteindre 4 à 6 kg. « Cette année,
la production devrait atteindre 250 à
300 tonnes, espère Jan Brekke, car la
demande est rendez-vous. Nos principaux marchés sont le Royaume-Uni et
l'Allemagne. Pomona est aussi un de nos
clients en France. »
Abattu, saigné et descendu en température dans la glace liquide, le flétan
de Sogn Aqua est conditionné rapidement dans une proche station d'expédition, sous la marque Glitne. « Nous suivons
la même logistique que pour le saumon
frais en expédiant notre poisson dans les
mêmes camions », précise le dirigeant.
Financée par des actionnaires privés et le fonds d'investissement néerlandais Aqua Spark, spécialisé sur les projets
d'aquaculture durable, l'entreprise Sogn
Aqua projette de construire une nouvelle ferme de grossissement cinq fois
plus grande.
B.V.
(1) Longs bassins d'élevage

PRODUITS DE LA MER N°187 NOVEMBRE 2018

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