produits de la mer - n°187 - Novembre 2018 - 31

L.F.

Lionel Flageul

Dossier ❘ NORVÈGE

Cabillaud et saumon se renvoient la balle en permanence dans la mécanique promotionnelle. Difficile de se passer du saumon aujourd'hui.

comme ingrédient. En comparaison, le
cabillaud arrive loin derrière avec seulement 48 références.
Tous produits et pays confondus, la
Norvège a exporté 2,6 millions de tonnes
en 2017 pour un montant de 9,65 milliards
d'euros. Ces chiffres traduisent cependant
une forte dépendance vis-à-vis des marchés
extérieurs : 95 % de la production norvégienne se destine à l'export. En valeur,
l'aquaculture totalise 72 % contre 28 %
pour la pêche. Cela s'inverse en volumes
avec 40 % pour l'élevage contre 60 %
pour les produits sauvages. C'est dire l'effet stratégique que prennent les cours du
saumon dans les recettes d'exportation du
pays : 6,5 milliards d'euros l'an dernier. Non
moins stratégiques sont les débouchés,
sachant que les deux premiers marchés du
saumon norvégien sont la Pologne et la
France. Lesquels importent surtout le poisson entier pour le transformer. Les tailles
5 kg et plus étant les plus demandées. « À
lui seul, le groupe Morpol-Marine Harvest
absorbe 80 000 tonnes de saumon, dont
la moitié provient des fermes du groupe,
dans ses usines polonaises : fumaison, portions en frais ou topping de sushi », signale
un importateur français.
Aussi importante soit-elle, la part de
marché de l'UE reste stable. Les marges de
croissance de la demande dépendent beau-

Part de
marché en
valeur de l'UE
dans les
exportations
norvégiennes
en 2017 :
Saumon : 73 %
Cabillaud : 78 %
Hareng : 85 %
Maquereau : 27 %
Source : Statistics Norway

coup de l'émergence de la classe moyenne
sur les autres continents. À l'horizon 2030,
estime la Banque mondiale, la zone AsiePacifique totalisera 65 % des classes
moyennes, autrement dit des consommateurs ayant la possibilité d'acheter du saumon. « Si le pari est démographique avec
le déplacement des classes pauvres vers
les classes moyennes, encore faut-il disposer d'une production supplémentaire. Le
challenge de demain est l'accès à la ressource par l'acquisition de licences », analyse François Perrone.
L'essentiel de la matière première saumon s'exporte sous la forme de poisson
entier - frais ou surgelé - à hauteur de
69 %. Le souhait des Norvégiens étant

d'aller plus loin en seconde et troisième
transformation. Mais une des limites à
cette transformation en Norvège reste le
droit d'entrée aux frontières de l'UE sur
les produits élaborés. En particulier avec
le saumon, dont seulement 17 % des
volumes sont transformés pour l'export.
Le seul droit de 2,6 % sur les exportations de saumon entier sert principalement à financer la promotion et le marketing des produits de la mer de Norvège.
À défaut de transformer leur saumon, les
Norvégiens ambitionnent d'augmenter
toujours plus leur production. Ils en ont
les moyens grâce aux marges d'exploitation record réalisées par les éleveurs ces
dernières années. ■

Les Français adorent le saumon

vec la Pologne, la France est le second plus gros marché en saumon des Norvégiens. Le salar
représente 92 % des recettes d'exportations norvégiennes vers l'Hexagone. Échaudés par
les niveaux de prix du saumon, les Français réduisent toutefois leur consommation au profit du
cabillaud norvégien ou islandais, de la truite et des espèces sauvages plus abordables comme
le lieu noir ou la lingue. L'an dernier, la consommation de saumon a baissé de 6 % en volumes.
Le saumon reste néanmoins un produit stratégique pour les distributeurs, aussi bien en frais
qu'en fumé. L'activité promotionnelle est étroitement liée au prix, la barrière se situant autour
de 60 NOK/kg (6,30 euros). Au détail, Carrefour détient la plus grande part de marché (20 %)
devant Leclerc (16 %), Intermarché (11,8 %), Auchan (11 %) et Lidl (6,5 %).

PRODUITS DE LA MER N°187 NOVEMBRE 2018

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