produits de la mer - n°188 - Décembre-Janvier 2018 - 43

tout comme les pélagiques. Le paysage
n'est pas homogène. Ce ne sont pas exactement les mêmes pêcheries, entre la flottille industrielle de la Scapêche à Lorient, les
chalutiers semi-industriels des ports bigoudens ou les fileyeurs du nord Finistère... »
La pêche française à tout de même
fait de la baudroie sa première espèce
en valeur. Un petit coup d'œil en arrière
indique une production et un marché nationaux d'une relative stabilité depuis longtemps. En 2008, les volumes débarqués
étaient affichés à 12  830  tonnes, contre
13  768  tonnes en 2017. Le prix moyen,
lui, est passé de 5,87 à 5,09  euros/kg.
Ça continue peu ou prou. FranceAgriMer
indique, de janvier à fin août  2018, des
ventes en halles à marée de 8 985 tonnes
pour un prix moyen de 5 euros/kg.
« En 2017, la baudroie représentait la
quatrième espèce débarquée avec 2 300
tonnes pour une valeur de 10  millions
d'euros et un prix moyen de 4,33 euros/
kg, détaille François Cuvilly, responsable
du pôle halieutique de Lorient Keroman.
Cependant, elle chute à 1  700  tonnes
sur les neuf premiers mois de 2018,
soit - 28  %, mais avec un prix moyen
de 4,80 euros/kg, soit + 11 %. Même si
les navires industriels y vont en fin d'année, on ne rattrapera pas les volumes. Ce
constat est vrai sur nombre d'espèces. »

À Lorient, la baudroie est notamment
capturée par les navires de la Scapêche
qui ont pêché globalement moins de
poissons. Elle est aussi le fruit de navires
étrangers, espagnols particulièrement, qui
débarquent en Écosse ou en Irlande, mais
rapatrient le poisson par camion. Beaucoup
des volumes transitent juste en criée, sans
enchères, car ils ont fait l'objet de prévente.
«  L'intérêt pour l'acheteur réside dans le
fait d'être le premier à commercialiser son
poisson, 48 heures avant tout le monde. Il
peut vendre sur catalogue en amont. Du
coup, les autres ports se calent sur Lorient
qui donne le la. C'est un avantage. »
L'envolée du prix moyen, on le constate
aussi un peu plus à l'ouest, du côté des ports
bigoudens. « En ce moment, il y a une infla-

500

Moins de
 t
de lotte sont vendues
hors criée.
Source : FranceAgriMer

Lionel Flageul

Lionel Flageul

Dossier ❘ BAUDROIE

tion de 10 % par rapport à l'année dernière,
confie Gwen Le Bris du Rest, directeur commercial de Furic Marée au Guilvinec. Nous
payons la baudroie environ 50 centimes de
plus, quelle que soit la technique de pêche.
Une conséquence de la baisse des tonnages
en France, qui dépend de l'effort de pêche.
Or, les bateaux ont notamment armé au
thon, qui a profité d'une très belle saison. »
Espèce phare en France et en Bretagne,
la baudroie n'inquiète pas quant à sa ressource, mais plutôt sur l'avenir de ses
pêcheries et de son marché. Capturée
hors des zones territoriales, elle pourrait,
en cas de Brexit dur sur les négociations
dans l'univers halieutique, constituer un
recours pour beaucoup, orientant le marché à la baisse. ■

Pêcheurs de Bretagne, numéro 1 sur la lotte

P

reuve de la suprématie bretonne sur l'espèce, la part relative de l'organisation de producteurs les
Pêcheurs de Bretagne dans l'ensemble des quotas français de baudroie est de deux tiers. Soit, en
2018, un peu plus de 19 000 tonnes sur 29 000. Les adhérents de Pêcheurs de Bretagne capturent « 75 à
80 % du quota final, après échanges avec l'Espagne notamment, soit 70 % du quota initial », selon
Franck Evrat, chargé de mission pour l'OP. Il constate que 2018 est une année de pélagiques et moins
de poissons démersaux. « Globalement, les volumes d'apports ont baissé de 5 % au moins. Et si les saisons de sardine et de thon sont bonnes, celle de la baudroie s'affiche à la baisse. Cela se constate en
pêche hauturière et côtière, à des degrés divers. Au premier semestre néanmoins, la part relative de
la baudroie a augmenté, particulièrement avec les navires hauturiers. »

PRODUITS DE LA MER N°188 DÉCEMBRE-JANVIER 2019

❘ 43 ❘
produits de la mer - n°188 - Décembre-Janvier 2018

Table des matières de la publication produits de la mer - n°188 - Décembre-Janvier 2018
