Produits de la mer - n°190 - mars 2019 - 35

Principaux
poissons
importés par
l'UE en 2017

1 100 000 t

de cabillaud,
855 000 tonnes
de colin d'Alaska,
418 000 tonnes
de merlu.

Source : AIPCE-CEP,
tonnage équivalent entier

L.F.

pose de nombreuses usines dans le nord
de la Norvège et, depuis l'acquisition de
Norway Seafoods, de grandes unités de
transformation, s'attache à maintenir l'activité industrielle à terre. C'est d'ailleurs
l'une des conditions pour conserver des
quotas de pêche. « Pour faire face à l'afflux de matière première sur de courtes
périodes - 4-5 mois de pêche -, nous nous
efforçons d'automatiser au maximum la
découpe et le désarêtage », explique JeanPierre Gonda, Pdg de Lerøy France. Bien
sûr, une partie du cabillaud norvégien

La Chine est le premier fournisseur de filets de colin d'Alaska de l'UE.
L'an dernier, la France en a importé quelque 10 000 tonnes (poids net).

reste transformée en Chine. Mais l'augmentation des salaires sur place et les
coûts logistiques le rendent moins compétitif. « Et la double congélation est mal
acceptée. Certains transformateurs européens achètent du frais découpé qu'ils
congèlent », reprend Jean-Pierre Gonda.
Les usines de Lerøy France effectuent aussi
pour les fabricants de plats cuisinés de la
découpe de poisson frais en portions calibrées ensuite congelées IQF.
« La Chine a beaucoup contribué à
la démocratisation des découpes naturelles IQF avec un process double congélation plus économique, convient Laurent
Froget, chef de marché chez DavigelSysco France. Alors qu'auparavant, elles
étaient proposées en simple congélation
par l'Islande, la Norvège et les Féroé, tout
comme la Pologne sur le cabillaud et le
lieu noir, la Nouvelle-Zélande sur le hoki,
l'Afrique du Sud et la Namibie sur le merlu
du Cap. »
La tendance à la relocalisation est aussi
manifeste sur le colin d'Alaska. Une espèce
pour laquelle, en 2017, les États-Unis ont
exporté quasiment autant de découpes que
la Chine vers l'UE. Mais à l'époque, les prix
du colin d'Alaska étaient, il est vrai, « au plus
bas, ne permettant pas aux producteurs de
vivre », commente un acheteur. En 2018, ils
ont enregistré une forte hausse. « Une évo-

L.F.

Dossier ❘ POISSONS BLANCS

lution liée à l'effet dollar et, depuis l'été,
à des phénomènes spéculatifs induits par
l'annonce d'une baisse potentielle des quotas », interprète Laurent Froget. Une augmentation qui suscite l'inquiétude. « Nous
travaillons du merlu argentin et du merlu
du Pacifique sud. Mais pour avoir une
matière première certifiée durable, il faut
basculer sur du merlu du Pacifique nord qui
pourrait bien voir ses prix tirés à la hausse à
la suite de ceux du colin d'Alaska », craint
un transformateur. Selon un autre intervenant, le merlu du Pacifique nord devient
effectivement une alternative face à la diminution de l'offre de merlu du Pacifique sud.
Pourrait-on assister à la montée en puissance d'autres espèces ?
« Le lieu noir, abondant, est un poisson
d'avenir, prédit Jean-Pierre Gonda. Il peut
être 40 % moins cher que le cabillaud sur
une saison complète. Sa consommation,
en frais comme en surgelé, est amenée à se
développer. » Mais pour d'autres, la substitution entre espèces est un faux débat.
Il n'est pas imaginable de remplacer une
proportion importante de cabillaud et de
colin d'Alaska par d'autres poissons blancs.
Ces deux espèces constituent à elles seules
plus de 67 % des quotas de pêche mondiaux de poissons blancs sauvages. Une
biomasse de substitution n'existe tout simplement pas dans les océans... ■

PRODUITS DE LA MER N°190 MARS 2019

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Produits de la mer - n°190 - mars 2019

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