produits de la mer - n°194 - Juillet-Août 2019 - 42

Dossier ❘ BAR, DAURADE, MAIGRE, PAGRE

La France mise sur la différence
Melyne Blondeel, directrice générale de Gloria Maris,
a pris la tête du Syndicat français de l'aquaculture
marine et nouvelle. Elle revient sur les caractéristiques
de l'aquaculture française.

néanmoins l'acteur principal, avec Acquadea,
deux fermes en Corse, Aquanord à Gravelines,
le plus grand, ainsi qu'une ferme en Sardaigne
et France Turbot. Provence Aquaculture assure
une petite production essentiellement bio (lire
ci-contre). Notons aussi Aquafrais (ex-Cannes
Aquaculture), racheté par Grand Frais.

PDM : Dans quel état d'esprit prenezvous votre nouvelle fonction de présidente du Syndicat français de l'aquaculture marine et nouvelle (Sfam) ?
Melyne Blondeel : Le Sfam regroupe les
aquaculteurs marins et les esturgeonniers
du caviar. Les éleveurs de truite sont les plus
représentés, puisqu'ils produisent plus de
30 000 tonnes à l'année, alors que le bar et
la daurade pèsent 4 000 à 5 000 tonnes. Mais
en France, l'aquaculture est relativement nouvelle et il importe de faire évoluer la réglementation pour se développer. D'autres pays, particulièrement sur le pourtour méditerranéen,
sont en avance, alors que cette méthode de
production de la protéine est écologique et
représente l'avenir. L'un des problèmes, ici,
est la compétition avec le tourisme. Avec les
pêcheurs, nous sommes complémentaires, en
calibres et en saisons.

Quel est le paysage de la production en
France ?
Extramer appartient à Aqualande qui, avec
FMD et Les Poissons du Soleil, est présent sur
la truite mais aussi le bar et l'alevinage de bar,
daurade et maigre. Gloria Maris représente

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PRODUITS DE LA MER N°194 JUILLET-AOUT 2019

Bien sûr. Les Français sont leader sur l'écloserie : Gloria Maris pour le bar et FMD pour
la daurade. Nos programmes de recherche
génétique nous assurent dix à quinze ans
d'avance en termes de sélection. C'est très
important pour la mortalité, les rendements...
Et de fait, nous commercialisons nos alevins
un peu partout dans le monde. Ils ont très
bonne réputation.

Quel est le marché du bar et de la daurade en fin de cycle d'élevage ?
Les producteurs les vendent en général frais et
entier auprès de grossistes ou d'autres sociétés qui assurent une transformation. À 80 %,
nous commercialisons en France et le reste
dans les pays limitrophes. Le cœur du marché
in fine est la restauration, voire la poissonnerie. La GMS a une appétence pour les produits
français depuis peu. Les prix moyens sont très
mouvants, mais malgré tous les paramètres
(disponibilité, calibre...), on peut évoquer une
fourchette de 6,90 à 8,90 euros/kg en 2018.
Loin des 3 euros/kg, voire moins, des éleveurs
turcs. L'été dernier, il nous a fallu faire face à
l'effondrement de la lire, qui nous a mis 15 à
20 % dans la vue. Mais surtout, les frigos des
clients étaient pleins et nous avons eu du mal
à placer nos produits.

out bio depuis 2002, Provence
Aquaculture, installé en face de
Marseille, produit 60 tonnes annuelles,
uniquement de loup (ou bar). « La daurade
posait des problèmes en termes de parasites,
précise Aurélien Bergeron, chef d'exploitation. Et comme nous ne pouvions pas faire ce
que l'on voulait en termes de traitement, nous
avons abandonné. »
Le loup, issu d'alevins désormais français, via
France Turbot - « nous profitions auparavant
d'une dérogation pour du conventionnel » -
et nourri avec une alimentation elle aussi
made in France, s'ébat dans une trentaine de
cages avec une densité moyenne à l'année de
15 kg/m3. « Le loup est résistant et pose moins
de problèmes. Nous le recevons entre 12 et
15 grammes et le gardons deux ans et demi
pour l'amener à environ 500 grammes. Notre
marché est constitué à 60 % d'enseignes de la
grande distribution - nous sommes référencés chez tout le monde - plus du mareyage, du
circuit court, des poissonniers et des restaurateurs. Le poisson est expédié entier en caisse de
6 ou 10 kg à la marque Le Loup des Calanques,
pour un prix moyen, tous clients et calibres
confondus, au-dessus de 11 euros/kg. »

Les labels, rouge et bio, constituent-ils
des plus pour la commercialisation ?
Chez les restaurateurs, la régularité et la disponibilité priment. L'important, c'est d'avoir
du poisson français sur sa carte durant toute
la saison. Cela passe avant le Label rouge et le
bio, même si 20 à 25 % de la production française est labellisée. ■

L.F.

Il existe en France un savoir-faire particulier en matière d'alevinage ?

Provence Aquaculture,
intégralement bio

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