produits de la mer - n°195 - Septembre 2019 - 22

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Saint-jacques et bulot dopent la pêche locale

a Normandie produit les deux tiers
des coquillages français. Sa contribution à la production nationale
a encore progressé au cours des
deux dernières années à la faveur de l'augmentation phénoménale des quantités de
coquilles Saint-Jacques débarquées. Selon
les premières estimations communiquées
par Normandie Fraîcheur Mer (NFM), les
volumes dépasseraient les 30 000 tonnes.
« Mais on ne serait pas surpris d'atteindre
les 40 000 tonnes... C'est plus de deux
fois les volumes de 2012 », commente
Arnauld Manner, directeur de ce groupement qualité fédérant des pêcheurs, criées
et mareyeurs de Normandie.
Avec ses fonds peu profonds, sableux ou
gravillonneux, et ses importants secteurs
alluvionnaires générant un fort développement planctonique, les côtes régionales
offrent un environnement naturel propice
aux coquillages. Il n'empêche, la forte prolificité est aussi le résultat de la bonne gestion des gisements.

L.F.

Coquilles Saint-Jacques et
bulot sont les locomotives
de la pêche de coquillages
en Normandie. Grâce
à l'effet combiné de
la certification, des signes
de qualité et d'une gestion
stratégique des gisements.

30 000
à 40 000 t de coquille
Saint-Jacques pêchées
cette saison 2018-2019
en Normandie.

9 000
10 000
à

t
de bulot pêchées par an
dans la région,
dont 6 000 en baie
de Granville.

À cet égard, l'exemple du bulot est très
révélateur. Pour le coup, pas d'explosion
des volumes mais une production stable, à
9 000 ou 10 000 tonnes selon les années,
en dépit d'un intérêt croissant pour l'espèce
manifesté par de nouveaux pêcheurs sur
de nouvelles zones d'exploitation. Pêché
au nord de la Bretagne dans les années
1990, le bulot l'a ensuite été en baie de
Seine à partir des années 2000, puis sur
la côte d'Albâtre au tournant de 2010. Et
tout récemment, des pêcheurs boulonnais
s'y sont intéressés.
On aurait pu s'attendre à une forte croissance des volumes au global. Il n'en a rien
été car dans le même temps, les contraintes
mises en place à Granville dans le cadre de
l'obtention de l'écolabel MSC ont contribué à ramener les volumes de la seule baie
de Granville à 6 000 tonnes contre 12 000
à la fin des années 2000. Parmi les principales mesures de gestion : la diminution du

nombre de licences (de 80 à 68 bateaux), la
fermeture de la pêche en janvier, la baisse
des quotas et l'augmentation de la taille
des barrettes de tri. Corollaire de la baisse
des volumes de bulot à Granville, leur prix
a fortement progressé, passant en criée
d'1,30 à 2,10 euros/kg.
Cette progression tarifaire n'inclut pas
encore l'effet IGP (indication géographique protégée), attribué seulement en
février dernier. Au début de l'été, environ un tiers des bulots vendus à la criée de
Granville étaient identifiés IGP. « Mais ce
pourcentage va augmenter, analyse Elsa
Ledru, chargée de communication à NFM.
De nouveaux pêcheurs rejoignent régulièrement la démarche. » L'adhésion des
mareyeurs et des structures commerciales
suit la même pente. Parallèlement à l'IGP et
au MSC, la demande de bulot est aussi soutenue par une image plus festive, plus culinaire, selon Elsa Ledru. En matière de perception des consommateurs, la référence
reste néanmoins la coquille Saint-Jacques,
avec ses deux Labels rouges : le premier en
2002 pour la coquille entière ; le second en
2009 pour la noix de saint-jacques.
Autre coquillage historiquement emblématique de la pêche normande, la moule
de Barfleur est pour sa part au creux de la
vague. La plupart des gisements sont fermés depuis trois ans, sans que les soupçons
de mortalité n'aient pu être confirmés. Sur
ces zones de captage, les pêcheurs se sont
rabattus sur le vanneau, en passe d'ailleurs
de devenir la troisième espèce régionale. ■

B.G.

[ La Normandie, de plus en plus spécialisée dans les coquillages ]

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PRODUITS DE LA MER N°195 SEPTEMBRE 2019

Granville est le premier port de débarque normand - il est également numéro un en France sur
les coquillages - avec 9 400 tonnes de coquillages en 2018. Toutes les espèces y sont représentées. En pole position : le bulot, l'amande, la vénus et la praire. Le port de GrandcampMaisy se classe numéro deux avec presque 8 000 tonnes, surtout de la coquille Saint-Jacques
et du vanneau, même si cette ressource est très fluctuante. Viennent ensuite Dieppe, avec plus
de 3 000 tonnes, essentiellement en coquille et bulot, tout comme Fécamp, numéro quatre
(1 570 tonnes). Cherbourg, enfin, pointe à la cinquième place, avec 600 tonnes. La progression
des volumes de coquillages a été telle ces dernières années que désormais, ils représentent
plus de la moitié des volumes totaux de pêche côtière et artisanale en Normandie. « La spécificité coquillages de la Normandie s'est encore accrue, commente Arnauld Manner (photo),
directeur de Normandie Fraîcheur Mer. La force de la région, c'est clairement l'éventail très large
d'espèces de coquillages. »

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