produits de la mer - n°195 - Septembre 2019 - 39

Dossier ❘ HUÎTRES

L'huître Nature et Progrès
arrive sur les étals

e consommateur pourra trouver,
dès cet automne, une huître garantie née et élevée en mer. Après
deux ans de travail, en collaboration avec l'association Ostréiculteur traditionnel, l'association Nature et Progrès a
adopté, en avril, son premier cahier des
charges dédié à l'ostréiculture. Point central du document, il interdit les huîtres
d'écloserie quelles qu'elles soient. Un élément essentiel pour Ostréiculteur traditionnel par rapport au label Agriculture
biologique (AB) qui autorise les huîtres
diploïdes d'écloserie. « Pour nous, c'est
aussi dangereux qu'une huître triploïde »,
résume, sans détour, Angelika Hermann,
référente pour Ostréiculteur traditionnel
sur le bassin d'Arcachon.
Cinq premiers dossiers d'ostréiculteurs
sont en attente d'une validation finale par
l'instance fédérale de Nature et Progrès.
« Tout sera prêt à l'automne, indique
Célia Dupetit, chargée de communication à l'association. Ils pourront commercialiser sous la mention pour la saison
hivernale. » Pour avoir le droit d'apposer
le logo de l'association sur son étiquette
sanitaire, il faut montrer patte blanche.

« Nous avons eu deux visites de notre établissement au cours desquelles nous avons
fait le tour des lieux, présenté notre bilan
comptable, l'état des stocks ou encore les
déclarations de pose de collecteurs (pour
le captage du naissain) », indiquent Marine
Molen et son frère Victor, dont l'entreprise
ostréicole, installée sur le port de La Testede-Buch (Gironde), est candidate à la mention Nature et Progrès.
À la différence du label AB, la certification de l'association, à l'origine du premier
cahier des charges bio français, n'est pas
réalisée par un tiers. « Elle repose sur le
système participatif de garantie, explique
Célia Dupetit. L'enquête est menée par des
producteurs et des consommateurs adhérents à l'association. » Le dossier est ensuite
transmis à une commission mixte d'agrément et de contrôle (Comac) au niveau des
groupes locaux de Nature et Progrès disséminés un peu partout en France. Il appartient, in fine, au niveau fédéral de valider
ou non la certification.
Les exigences de Nature et Progrès
portent aussi sur le respect d'une charte
où se mêlent critères éthiques, sociaux
et environnementaux. « On ne certifie

L.Fa.

L'huître fait son entrée dans les produits sous la mention
Nature et Progrès. Le cahier des charges, élaboré
en coopération avec l'association Ostréiculteur
traditionnel, défend une huître née et élevée en mer.

Victor Molen, qui dirige le Gaec Molen à La Teste-de-Buch avec sa sœur
Marine, est candidat à l'obtention de la mention Nature et Progrès.

Nature
et Progrès

cahiers
des charges
pour l'agriculture
et la cosmétique.

2 000

adhérents dont
1 000 producteurs
et transformateurs
sous mention.

Un cahier des charges amené à évoluer

'élaboration du cahier des charges de Nature et Progrès pour l'ostréiculture, menée par
une commission de huit ostréiculteurs adhérents à Ostréiculteur traditionnel et deux non
affiliés, a donné lieu à débat. La densité des poches par are a été l'un des sujets les plus discutés. « Nous avons pris comme référence le schéma des structures de chaque bassin ostréicole
mais cela est amené à évoluer pour se situer en dessous », indique Jean-François Guy, animateur de la commission. Il a aussi été question du bien-être animal. Des règles ont été édictées pour privilégier les déplacements d'huîtres entre bassins hors période de fortes chaleurs,
idem pour l'ébouillantage pour retirer le naissain des huîtres marchandes. « C'est intéressant
de se remettre en question. Tu penses sinon que tu fais toujours tout bien », souligne l'ostréicultrice Angelika Hermann, l'une des référentes de l'association Ostréiculteur traditionnel.

pas un produit comme le label AB mais
l'ensemble de la production », souligne
Célia Dupetit. Il ne peut donc y avoir de
mixité. Pour tendre vers le 100 % Nature
et Progrès, un temps de conversion, qui
ne peut excéder cinq ans, est accordé aux
entreprises. Un contrôle est réalisé chaque
année pour mesurer les progrès réalisés.
« Deux raisons prévalent chez les producteurs pour obtenir cette mention, détaille
Célia Dupetit. La première est que le signe
est plus exigeant que le bio. C'est reconnu
par les consommateurs et les magasins
bio. La seconde est le côté militant et associatif de Nature et Progrès. »
« Notre entrée dans la démarche va
dans le sens de nos idées pour la production des huîtres, acquiesce Victor Molen.
La mention Nature et Progrès apportera de son côté du prestige à notre produit. » L'ostréiculteur ne cache pas qu'il
en espère aussi des débouchés commerciaux au niveau des Biocoop, des Amap ou
encore des magasins de producteurs. De
nouveaux marchés qui lui permettraient
de diminuer éventuellement ses déplacements à Toulouse pour vendre ses huîtres.
Chez Nature et Progrès, on privilégie les
marchés locaux. ■

PRODUITS DE LA MER N°195 SEPTEMBRE 2019

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