produits de la mer - n°195 - Septembre 2019 - 47

Dossier ❘ MOULES

Le Label rouge pour la bouchot
décolle enfin

es débuts de la moule de bouchot
Label rouge ont été timides : labellisée un peu tard pour la saison 2017,
elle a été peu mise en avant en 2018.
En cause, peut-être le temps d'entrer dans
les procédures, le manque de disponibilité
ou de démarche marketing. « Le cahier des
charges est extrêmement restrictif en taux
de chair, même si les producteurs avaient la
volonté d'en proposer, c'était compliqué »,
soulève Benjamin Le Faou, directeur commercial de Cultimer. Difficile de mettre en
avant le label quand l'AOP arrive, ajoutent
d'autres mytiliculteurs. Mais Isabelle
Letellier, du bureau d'études Mer Conseils,
qui accompagne l'organisme de gestion et
de défense sur ce label, n'en démord pas :
« Un Label rouge, ça se vend ! C'est le premier signe reconnu par le consommateur. »
Le sursaut a eu lieu. « Enfin, ça décolle ! »
De nombreux producteurs et expéditeurs
jouent désormais le jeu, à commencer
par les deux poids lourds : Mytilimer, qui
« travaille de plus en plus le Label rouge »,

indique Antoine Prévost, directeur marketing. Et Cultimer, qui à la mi-août avait
déjà vendu 21,6 tonnes de moules sous
Label rouge contre 6,7 tonnes sur toute
la saison 2018. « Cette saison, en baie de
Saint-Brieuc et en Normandie, le produit
s'y prêtait, constate Benjamin Le Faou. Et
les distributeurs sont volontaires pour en
proposer. » Cinq producteurs ont aussi
rejoint le mouvement, d'Oye-Plage, de la
baie du mont Saint-Michel et de Pénestin.
Sur ce petit terroir, le Label rouge comptait
déjà deux adhérents, la fratrie Bizeul (SCEA
Les Boucholeurs) et Christophe Porcher. S'y
ajoute le groupement La Pénestin, qui vend
la récolte de ses huit adhérents, soit environ 900 tonnes. « Pour le lancement, nous
avons sélectionné les trois producteurs les
plus à même de répondre aux critères, car le
label a un coût », témoigne Sylvain Chiquet,
président du groupement. Avec JeanMichel Crusson, Jérémie Camaret et Gilles
Foucher-Maury, il table sur 100 tonnes labellisées cette saison, avec 100 % de moules

B.S.

C'est le vrai lancement pour la moule de bouchot
Label rouge. La qualité est là, les efforts pour
la vendre aussi. Et de plus en plus de producteurs
s'engagent dans la démarche.

Le groupement La Pénestin rejoint le Label rouge pour sa moule
de bouchot bien charnue. Il renforce encore les critères et table
sur 100 tonnes labellisées cette saison.

2 800

€
Le coût de la démarche
par producteur et
expéditeur, en plus des
800 € par an d'audit.

cts
de plus au kilo, la
valorisation constatée
par les producteurs.

Vendre la moule de filiè
filière hors de nos frontières

S.L.R.

remière participation au Seafood, en mai dernier, pour
re
les défenseurs de la moule de filière Label rouge, venus
lancer à l'export ce label franco-français, mais bien reconnu
hors de l'Hexagone. « Nous avons eu des touches vers plupays : Scandinavie, Italie, Shanghai, Dubaï, Koweït... »,
sieurs pa
se réjouissent
le mytiliculteur Florian Brochard (à droite sur
réjo
la photo) et Nicolas Brossard, en charge de l'organisme
de défense et de gestion du label. « La production sous
Label rouge l'an dernier était de 300 tonnes, mais le
potentiel est de 1 000 tonnes, avec une trentaine d'adp
hérents. » Certains peuvent fournir de la moule prête
h
à cuire (débyssussée), en barquette, aux côtés des traditionnels
sacs de 5 et 10 kg. Plutôt précoce dans la saison,
dition
« c'est une moule disponible de mai à octobre ». Présentant
au moins 28 % de chair garantie et une taille de 4,5 cm.

atteignant 4 cm contre 85 % exigés. « Il faut
que ce soit vraiment un très beau produit,
d'une qualité flagrante. » Le groupement
vend peu aux GMS, hormis « un très bon
partenariat avec Système U », et alimente
plutôt des grossistes et poissonneries du littoral atlantique. « La clientèle répond assez
favorablement. » Grâce au bon taux de
remplissage, déjà au-dessus de 30 % miaoût, la production suit. « Nous sommes
assez contents du démarrage, avec 10 %
sélectionnés en moyenne, et ça devrait augmenter. » Le groupement, qui vend en sacs,
démarre la vente en barquette en partenariat avec Mytilimer.
« Les adhérents voient maintenant
les retombées commerciales, ils rentabilisent l'investissement », se réjouit Isabelle
Letellier. « Le label permet vraiment de
valoriser le produit, les producteurs sont
plus enclins à reprendre leur cotisation »,
confirme Benjamin Le Faou. Des mytiliculteurs de la baie de Saint-Brieuc envisagent
d'ailleurs de revoir leur plan de pêche pour
ne pas démarrer trop tôt et mieux valoriser leurs moules sous Label rouge. Certains
souhaitent aussi une campagne de promotion, au-delà de la PLV (publicité sur les
lieux de vente). « Il faut la financer, prévient Isabelle Letellier, mais surtout, il faut
assurer l'offre. »
S.L.R.

PRODUITS DE LA MER N°195 SEPTEMBRE 2019

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