produits de la mer - n°196 - Octobre 2019 - 45

Mais il y a des conditions, notamment sur
les prises accessoires d'albacores juvéniles
et l'état de ce stock. »
L'engouement pour le MSC se traduit
aussi par l'engagement massif des flottilles, conserveurs et ONG dans les projets
d'amélioration des pêcheries (Fip). N'ayant
pas passé le cap de la pré-évaluation MSC,
ils mettent ainsi en place un plan d'actions pour pouvoir prétendre à l'écolabel.
« Cette démarche multi-acteurs implique
l'aval de la filière, financièrement comme
dans le dialogue », se félicite Margaux
Favret. On retrouve les mêmes locomotives. « Thai Union s'implique dans plus
d'une dizaine de Fip pour le maintien des
stocks, en collaboration et en financement, avec 90 millions de dollars (81 millions d'euros) investis depuis deux ans »,
souligne Raphaël Moreau.
À l'initiative des conserveurs, les armements français au thon tropical - Sapmer,
Saupiquet et CFTO, fédérés par Orthongel -
sont impliqués dans deux Fip. Dans l'océan
Indien, le Fip Sieti réunit le WWF, les conserveurs Thai Union, Princes et Tog, et les senneurs français, espagnols, italien, seychellois et mauriciens, autour de l'albacore, du
listao et du patudo pêchés sur banc libre
et DCP. Les actions sont dans la continuité
des initiatives d'Orthongel : DCP non maillants et prochainement biodégradables,
projet d'interception des DCP perdus avant

échouage, remise à l'eau rapide des prises
accessoires... « Mais nous ne remettrons
pas seuls les stocks dans le vert », prévient
Orthongel, pointant l'effort de pêche des
flottilles des États côtiers, au filet maillant
dérivant et à la palangre, avec un manque
de contrôle. De même pour le respect des
quotas d'albacore et des DCP actifs, une
notion à rationaliser. « La sensibilisation
avance, nous poursuivons notre combat. »
Même scénario en Atlantique, avec
le Fip Easti qui concerne Saupiquet, Thai
Union, Tog et la flottille de senneurs, hormis l'espagnol Opagac qui fait cavalier seul
avec son propre Fip. « C'est la course, tout
le monde veut être certifié. Les conserveurs
sont pressés », soulignent les pêcheurs,
espérant en retirer de meilleurs prix. Mais
trouver les bonnes mesures de gestion est
complexe : les quotas sur l'albacore en
océan Indien et le patudo en Atlantique
ont ainsi un effet pervers, augmentant la
recherche de listao sur DCP et donc les
prises de juvéniles.
Or, avant même que les Fip n'aboutissent, des opérateurs s'en servent comme
argument commercial. « Être dans un Fip
ne suffit pas pour prétendre être durable,
c'est un processus d'amélioration », alerte
François Chartier. La finalité est le MSC,
mais seulement si l'état des stocks le permet. « Nous visons une certification pour
toutes nos espèces, et ce n'est pas facile

Le MSC

24
25

pêcheries
de thon certifiées pour
% des captures
mondiales. En majorité
du listao,
pour plus de 800 000 t.

Lionel Flageul

Dossier ❘ THON

pour le thon », admet Auke van de Kerk,
directeur de l'armement CFTO, filiale de
Parlevliet & van der Plas. C'est la course
à l'écolabel, confirme l'importateur Alain
Bailly : « L'industrie, les grossistes, les
supermarchés, tous veulent être les premiers sur le MSC. » ■

En progrès

1 100

références de thon
au logo MSC vendues
au monde, pour

55 000
9
30

en 2018.

pêcheries thonières
en évaluation.
Fip sur le thon.

Le principe d'un Fip (fisheries improvement
project), c'est un projet mené en commun
par des flottilles, transformateurs et ONG
pour améliorer la durabilité d'une pêcherie.
Ces projets se mettent généralement en
place dans les pêcheries refusées lors d'une
pré-évaluation MSC, sous l'impulsion des
acheteurs souvent. Et il y a de la concurrence
entre ONG ! Les acteurs définissent ensemble
un plan d'actions afin de répondre aux
critères du MSC et décrocher à terme
l'écolabel. « Nous ne sommes pas engagés
dans les Fip, précise Margaux Favret, du MSC.
Nous pouvons expliquer nos exigences,
mais nous ne pouvons pas coordonner
un Fip, il y aurait un conflit d'intérêt. »
Le site fisheryprogress.org répertorie
au niveau mondial tous les Fip, les plans
d'actions et leur mise en œuvre réelle.

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http://www.fisheryprogress.org

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