produits de la mer - n°197 - Novembre 2019 - 20

Actu ❘ FOCUS GALICE

Le surgelé en quête de valeur
L'augmentation du prix
des matières premières
et la demande toujours
plus forte de produits prêts
à consommer poussent
les entreprises du surgelé
à revoir leur modèle
économique.

ous avons investi dans de nouvelles machines dernière génération. » Francesco Lapi, directeur
commercial chez Frigobotana à
La Corogne, dans le nord de la Galice, vante
les machines de son atelier. Fileteuses, désarêteuses, portionneuses... Il était temps.
Historiquement, l'Espagne est un marché qui consomme du poisson entier et a
plutôt bien résisté, ces dernières années,
à la demande de produits ultratransformés. Mais la tendance est en train de changer. « Les jeunes Espagnols n'achètent et ne
mangent pas le poisson de manière traditionnelle comme leurs parents, il y a une fracture dans les modes de consommation »,
analyse Amine Houdair, responsable export
chez Sargopesca. L'entreprise, basée à Vigo,
traite 800 tonnes de produits de la mer surgelés par an. La demande pour l'élaboré est
en pleine croissance, à l'export comme sur le
marché national.
Même constat à Marín, chez Marfrio.
L'entreprise galicienne a construit une usine

Les blocs de calmar
de Patagonie surgelés
débarqués par l'Igueldo
à Marín sont lavés
à l'eau et reconditionnés
dans l'usine de Marfrio.

de transformation au nord du Portugal, à
la frontière avec l'Espagne, pour répondre
aux attentes de ses clients. Marfrio dispose
déjà d'une unité dédiée aux plats cuisinés en
Espagne où elle transforme principalement
du calmar. « Nous n'achètons pas de produits transformés, seulement de la matière
première brute que nous valorisons, sans
additifs », affirme Juana Barreiro, cheffe des
ventes chez Marfrio. L'entreprise fait partie des nombreux armateurs espagnols opérant dans les îles Malouines. L'Igueldo, son
navire surgélateur de 83 mètres, cible le calmar géant. « Même dans les formats, nous
avons été obligés de nous adapter. Nous surgelons directement à bord des petites por-

[La France, un marché difficile à percer]
"

Le marché français est très structuré, ce n'est pass comme en Espagne.
ne
e
Il est réputé intransigeant sur l'origine de la matière première,
remière,la traçabilité
té
et les contrôles. Les entreprises espagnoles ont fait le nécessaire
pour répondre à ces exigences. Sauf qu'avec l'augmentation
ugmentation des
prix des matières premières, on observe que ce qui compte le
e
plus aujourd'hui pour la majorité des clients, c'est
est le prix. Nos
produits qualitatifs, dont le coût a fortement augmenté
enté en dix ans,
sont concurrencés par des produits de moindre
e qualité. Nous
avons des clients fidèles, qui apprécient notre offre.
e. Les Français
aiment les produits locaux, c'est très bien, mais il faudrait qu'ils
reconnaissent davantage les produits européens. »»

Juana
uana Barreiro,
pe de Marfrio
cheffe des ventes France et Europe

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PRODUITS DE LA MER N°197 NOVEMBRE 2019

La France importe

2 600

t
de calmar congelé
d'Espagne.

tions d'1 kg, que nous vendons dans le sud
de la France », poursuit la cheffe des ventes.
Le prix des matières premières a augmenté, notamment pour le calmar, dont la
popularité est en croissance continue. « Il
y a quelques années, le calmar que j'achetais 1,60 dollar (1) est monté à 5,50 voire
6 dollars, donc forcément, le prix du produit
nettoyé ou coupé augmente, détaille-t-elle.
Nous subissons une forte concurrence des
importations chinoises sur certains marchés
car les acheteurs préfèrent favoriser le prix à
la qualité. »
Les certifications sont aussi à l'étude chez
de nombreux transformateurs pour compenser les coûts et répondre aux attentes
du marché. « Il y a dix ans, on entendait très
peu parler de durabilité. Aujourd'hui, ça a
changé. La Namibie est en phase de certification MSC, c'est une vraie demande »,
détaille Olivier Lamotte, directeur commercial chez Pescapuerta. Une certification qui
n'existe pas sur le calmar de Patagonie,
géré localement par journée de pêche.
Mais l'entreprise de Marfrio est aussi certifiée MSC et propose deux produits élaborés à base de merlu.
« Il existe encore un manque de confiance
envers les produits surgelés », déplore
Francesco Lapi. « À nous de continuer un
travail de qualité, sans additifs, et d'être le
plus transparent possible », conclut Juana
Barreiro. ■
(1) Actuellement, 1 dollar équivaut à 0,90 euro.

produits de la mer - n°197 - Novembre 2019

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