produits de la mer - n°198 - décembre-janvier 2019 - 31

deçà d'un prix d'intervention, fixé par les
organisations de producteurs. Il a été instauré à 2,20 euros cette année. L'an dernier, le niveau des interventions avait nettement progressé et permis une valorisation
satisfaisante des volumes mis en vente.
D'autant que le décortiqué marche de plus
en plus, en frais comme en surgelé, car il
répond à une tendance de consommation.
«  Mais l'abondance de l'année dernière
en Manche-est a pesé lourdement sur
notre commercialisation, déplore Damien
Venzat. Certes nous dialoguons avec les
Normands mais nous ne pouvons pas fixer
leurs prix et leurs volumes. »
En Normandie justement, un mareyeur
connaisseur de l'espèce notait minovembre une orientation à la baisse en
apport et, de fait, une hausse des prix : de
l'ordre de 4,80 euros/kg (contre 3,30 l'an
dernier) en prix professionnel. Des prix qui
pourraient rester soutenus durant toute la
période des fêtes. À moins que l'ouverture,
le 25 novembre, de la baie de Seine ne voie
beaucoup plus de volumes débarqués. Car
le monde de la coquille semble plus agité
du côté est de la Manche : certains producteurs-mareyeurs, notamment, demandent
à ouvrir ce coffre-fort de la baie de Seine
plus tôt dans la saison et se plaignent de
la concurrence, jugée déloyale, de navires
britanniques.

Selon l'Ifremer, avec une biomasse totale
exploitable de coquilles de 23 600 tonnes,
la situation en 2019 dans ce gisement est
légèrement supérieure à la moyenne 20082018... mais, en même temps, loin des
niveaux record de 2018 (63 600 tonnes).
Alors quid des apports et des prix à venir ?
Soumise ni à un total admissible de
captures (Tac) ni à un quota, la coquille
Saint-Jacques française se distingue par
de notables efforts de gestion  de la part
des professionnels  : diminution de l'effort de pêche par la mise en place de
dates et d'horaires de pêche, amélioration
de la sélectivité des engins avec l'utilisation d'anneaux de drague de 92  mm en
Manche-est et 97  mm en baie de SaintBrieuc. « Mais la valorisation et la gestion
des ressources sont des sports de combat, constate Dimitri Rogoff, président
du comité des pêches de Normandie.
Tout reste fragile et rien n'est acquis. Les
bonnes pratiques ne sont pas ancrées
dans les gênes de la pêche. »
Le territoire de la coquille en
Normandie  est divisé  : la Manche-ouest
et, en Manche-est, le secteur du large,
ouvert dès le 1er octobre, la bande côtière
de Fécamp au  Tréport, et le gisement de
la baie de Seine. La coquille Saint-Jacques
est la première espèce en valeur, et de loin,
de la région. Son poids est de l'ordre de

Ventes en halle
à marée

2017

 
16 567 tonnes pour
49,5 millions d'euros
(prix moyen
de 2,99 euros/kg).

2018

 
17 156 tonnes
pour 46,4 millions
d'euros (prix moyen
de 2,71 euros/kg).

L.F.

L.F.

Dossier ❘ COQUILLE SAINT-JACQUES

40  000  tonnes de pêche pour un chiffre
d'affaires de 80 à 100  millions d'euros.
Elle concerne un bateau sur deux qui réalise entre 70 et 100 % de son chiffre avec
cette espèce. « Tous les côtiers normands
s'y intéressent, poursuit Dimitri Rogoff.
Mais 60  % de la production passe hors
criées et les chiffres sont plutôt des recoupements.  » Résultats ? Le prix moyen ne
dépasse pas celui du bulot, l'autre star
locale... Autour de 2,50-2,60  euros/kg.
Mais en réalité, on trouve tous les prix sur
le marché.
« J'ai du mal à me satisfaire d'un prix à
moins de 3 euros, le même qu'il y a 30 ans.
La saint-jacques est un produit gastronomique, d'exception, haut de gamme, qui
mérite mieux que cela. Les Français sont
de grands consommateurs. Et nous, en
tirant le produit vers le bas, nous nous
mettons en concurrence avec des marchés d'importation d'autres pectinidés ou
de noix anglaises. Nous avons géré la ressource, il faut désormais gérer le marché,
avec notamment plus de transparence. »
Une étude du cabinet spécialisé Via Aqua
illustre les propos du président  : elle fait
état de 2,50  euros/kg de prix moyen en
criée (contre 1,70-1,80 euros/kg en direct).
Et surtout, que seulement 30 à 40 % des
volumes sont commercialisés sous les
quatre criées normandes. ■

PRODUITS DE LA MER N°198 DÉCEMBRE-JANVIER 2020

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produits de la mer - n°198 - décembre-janvier 2019

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