produits de la mer - n°198 - décembre-janvier 2019 - 40

Dossier ❘ POISSONS TROPICAUX

Logistique : un casse-tête !

'éloignement avec les pays d'approvisionnement des poissons tropicaux
n'est pas forcément simple à gérer, a
fortiori en frais. Basé à Rungis, Ikagel
importe des poissons d'Afrique de l'ouest :
Sénégal (où la société mère est implantée)
et, dans une moindre mesure, Mauritanie
et océan Indien. Les poissons voyagent
par avion puisque tout est commercialisé
en frais. Les fournisseurs sont contactés le
matin, pour faire le point sur la collecte de
la nuit. « Ne proposant que des poissons
sauvages issus de la pêche traditionnelle,
nous sommes tributaires de la saison, de la
météo et des fêtes locales », souligne Lydie
Pimpernelle, directrice d'Ikagel France.
Conditionnés en caisse polystyrène
avec gelpack, les poissons partent le soir
de Dakar et arrivent le lendemain matin à
Roissy. Une fois les formalités effectuées,
les produits sont réceptionnés à Rungis
avant midi. « C'est un modèle de circuit
court, garant de fraîcheur », assure Lydie
Pimpernelle.
Autre adepte de la logistique aérienne :
la société AB Fish a été créée en 2010 et
est basée à Roissy. Elle importe des poissons des mers du monde, depuis neuf pays.
« Qu'ils soient grossistes, industriels ou
GMS, nos clients sont livrés en A pour B,
précise Xavier Cailly, responsable import
Afrique d'AB Fish. Nous avions également
une activité surgelée, AB Fizz, mais
celle-ci va être
arrêtée fin 2019
pour nous recentrer sur le frais. »
Madagascar Sea Food et Prodimar
importent du poisson congelé,
comme ici du mérou des pêcheurs malgaches.

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PRODUITS DE LA MER N°198 DÉCEMBRE-JANVIER 2020

Ikagel et AB Fish font venir par avion en A pour B,
à Roissy, de la petite pêche locale des côtes africaines.
Ici, des pirogues à Dakar, au Sénégal.

ou
kg
Les clients réclament
des conditionnements
de plus en plus petits.

Travailler en surgelé ne résout pas toutes
les difficultés. Disposant de deux entrepôts en France (Le Havre et Marseille),
Madagascar Sea Food est présente depuis
plus de 20 ans dans l'océan Indien et travaille avec quatre établissements de transformation malgaches. Les poissons sont
100 % pêchés à la ligne (pas de chalut,
pas de filet). Il s'agit d'une pêche côtière,
locale et artisanale. Les pirogues partent
tôt et reviennent en début d'après-midi.
Au total, Madagascar Sea Food travaille
avec une centaine de pêcheurs malgaches.
La collecte est quasi quotidienne dans les
villages, soit par bateau, soit par camion
en fonction de la zone et de la saison. « La
logistique est un vrai casse-tête », admet
Grégory Allard. Ceci est d'autant plus vrai
que Madagascar Sea Food achète toute
leur pêche aux pêcheurs, pour leur garantir des revenus réguliers, mais aussi les inciter à la qualité. Pour le moment, 100 %
des volumes sont commercialisés en surgelé (voyage par bateaux, en conteneur)
mais la société va proposer une offre en
frais fin 2020.
Composer avec le manque de
matière a des implications logistiques. « Le Sénégal a de moins
en moins de volumes du fait de la
surpêche chinoise dans ses eaux. Nous
n'avons pas les volumes dont nous aurions
besoin et il faut souvent faire des conte-

S.L.R.

Pêche artisanale, volumes
irréguliers, multitude
d'espèces et de pays
d'approvisionnement
sont quelques-unes
des difficultés rencontrées
sur les poissons exotiques.
Résultat : en frais ou
en surgelé, la logistique
est souvent complexe.

neurs mixtes », explique Marie-Françoise
Castellani, directrice commerciale de
Prodimar. Sur le mérou, plusieurs déclinaisons du poisson sont souvent présentes au
sein d'un même conteneur. Résultat : des
contrôles multipliés, des frais et beaucoup
de temps. « La réglementation est très
stricte en ce qui concerne l'import, souligne la spécialiste. Les documents sanitaires doivent être conformes à la virgule
près et les contrôles sont de plus en plus
nombreux. » Dans ce contexte, ne restent
que les intervenants les plus sérieux. Le
métier impose aussi de savoir prévoir. « Il
faut compter cinq semaines de transport
depuis l'Asie ou l'Amérique du Sud et
trois mois entre la commande et la livraison, cela demande de l'anticipation », souligne Marie-Françoise Castellani.
« Auparavant, les cartons étaient de
20-25 kg puis sont passés à 10, 8 et
désormais 4 kg, observe Marie-Françoise
Castellani. Les consommateurs préfèrent
de plus petits conditionnements. » Les
GMS, elles aussi, privilégient des formats
plus restreints. « Par exemple, le pagre est
désormais plutôt conditionné par 3 kg et
non plus par 6 kg. Les clients préfèrent en
effet s'engager sur des volumes moindres
et repasser commande tous les jours »,
constate Lydie Pimpernelle. À noter que,
par définition, un importateur n'a pas le
droit de modifier les conditionnements. ■

produits de la mer - n°198 - décembre-janvier 2019

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