produits de la mer - n°199 - Février-Mars 2020 - 29

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Toulon : les aquaculteurs se projettent vers le bio
L'activité aquacole en rade
de Toulon, peu connue,
est dynamique.
De petits producteurs
se regroupent, privilégiant
circuits courts et qualité.

A.
L.

A.L.

utant la mytiliculture date du
XIXe siècle dans la rade de Toulon,
autant l'aquaculture remonte seulement aux années 1980. Aidée par
l'Ifremer de Palavas-les-Flots qui a fourni les
alevins, une dizaine de projets ont démarré,
menés par des anciens des chantiers navals
de La Seyne-sur-Mer en reconversion ou
des pêcheurs professionnels. « Tout était à
inventer », se souvient Olivier Otto, gérant de
la ferme aquacole Cachalot, installée depuis
1991. Depuis, cinq fermes produisent loups
(bars), daurades et maigres ; quatre font partie d'une coopérative.

Les producteurs misent sur la qualité, au
travers d'une charte. Les géniteurs des alevins sont d'origine sauvage, le nourrissage
est sans farine animale, les antibiotiques
sont absents. Impliqués dans le contrat
de baie de la rade de Toulon, les aquaculteurs se sont imposé une densité maximale
de poissons. Les filets ne sont pas traités
avec des produits anti-algues. La
proximité des mytiliculteurs est
également gage d'une eau de
qualité. « Ils sont les sentinelles
de la rade, étant contrôlés toutes
les semaines. Ça nous oblige aussi à
travailler proprement, sinon cela se
retrouverait dans les moules », souligne Olivier Otto. Mais les producteurs ne s'arrêtent pas là et souhaitent se

fermes
dont quatre
en coopérative

kg/m3
de densité maximale

tourner vers le bio, d'ici deux à trois ans.
En parallèle, la ferme du Cachalot travaille avec l'Institut océanographique Paul
Ricard (IOPR) sur le nourrissage avec des
insectes et de la spiruline. « Des alevins
prégrossis de 50 grammes sont depuis
quelques mois à l'IOPR. »
« Maintenant, c'est la grande distribution
qui vient nous chercher », relève avec satisfaction Fréderic Leguen, autre pionnier de
l'activité sur la rade avec sa ferme Hydraloup.
50 % de sa production et autant pour celle
près de Cachalot sont commercialisées via
une société de distribution et de promotion
de la marque Les Poissons de Tamaris, gérée
par Patrick Mendes, ancien salarié d'une
ferme aquacole. Ces poissons se trouvent
exclusivement sur les étals locaux. ■

Pierre Balmitgere est membre de la coopérative de
Tamaris, avec sa ferme Tamaris Sud Fish. Il exploite
cette concession depuis 2008 et produit 20 tonnes
de loups, daurades et maigres. Cet aquaculteur
travaille avec l'Amap (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) et, en tant que
membre de coopératives, vend également ses
poissons. « Dans ce cadre, je suis responsable de
mes invendus. » Ceux-ci, accompagnés de poissons sous vide qui présentent des défauts ou
d'autres en fin de date limite de consommation,

vont à la conserverie Au Bec Fin à Cogolin, qui
les transforme en soupe, revendue sous le
nom de Pierre et le Loup, société de commercialisation des produits transformés de Pierre
Balmitgere. De plus, des filets de maigres sont
fumés par Le Fumoir de Provence, à La Seynesur-Mer (lire page 24). La collaboration
dure depuis huit ans. « Nous avons été
les premiers à faire ça. Le maigre
grossit plus vite et il est moins prisé.
Il faut diversifier l'offre. »

A.L.

[Le poisson de Tamaris Sud Fish transformé par des partenaires locaux]

PRODUITS DE LA MER N°199 FÉVRIER-MARS 2020

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