produits de la mer - n°199 - Février-Mars 2020 - 59

Lionel Flageul

Dossier ❘ POISSONS BLANCS

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accaparent encore 80 %. La place tenue
par les États-Unis sur ce marché le rend
plus sensible au cours du dollar, aux stratégies américaines en termes de droits de
douane ou même de politique intérieure.
C'est par exemple le cas du programme
fédéral de promotion du colin d'Alaska
dans les cantines scolaires et hospitalières.
Autant d'éléments susceptibles de favoriser les hausses de prix.
Troisième espèce de poisson blanc sur la
scène internationale, le merlu a enregistré
en 2018 des ventes en hausse de 5 %, à
545 000 tonnes. Les captures européennes,
en baisse de 14 %, ne comptent plus que
pour 16 % désormais, une contribution
du même ordre que celles de l'Afrique du
Sud (17 %) ou de l'Argentine (15 %). Avec
38 % de part de marché, la Namibie reste
le premier fournisseur de l'UE. À noter la
forte progression des importations américaines (+ 36 %), qui pèsent dorénavant
14 % du marché européen.
Concernant le lieu noir, un marché qui a
crû de 24 % sur trois ans, le taux d'autosuffisance de l'UE atteint aujourd'hui 26 %.
Les importations des îles Féroé ont diminué de 9 % en 2018 tandis que l'Islande
(+ 52 %) et la Norvège (+ 34 %) confortaient leurs parts de marché.
Les avis scientifiques sur l'état des biomasses - y compris les interrogations sur

l'effet des hausses de température de
l'eau - et les questions politiques autour
des quotas ou du contrôle des zones de
pêche sont loin d'être les seuls facteurs
influençant le marché des poissons blancs.
« Il faut s'attendre, dans les années à
venir, à la poursuite du renchérissement
des prix, explique Michel Le Moullec,
directeur des achats chez Cité Marine.
Le développement des classes moyennes
dans le monde va entraîner une augmentation de la consommation et donc des

%
du poisson blanc
consommé au sein
de l'UE est importé.

cours. » Pour autant, parvenir à répercuter
aux distributeurs les hausses de prix reste
un challenge compliqué pour les fournisseurs. « Je comprends que les enseignes
soient attachées à proposer des prix
bas à leurs clients, commente Steven
Libermann, directeur général Europe du
sud chez Nomad Foods, premier acteur
européen sur le poisson blanc. Il n'empêche, elles doivent intégrer que notre
matière première est devenue une ressource précieuse. » ■

Envolée des prix du surimi base

Le dernier lancement de Coraya.

e syndicat Entreprises du traiteur frais (ETF) a tiré la
sonnette d'alarme fin 2019 : sur 12 mois, il a enregistré
une hausse de 21 % du prix du surimi base de colin d'Alaska.
Avec notamment un pic à 2,75 euros/kg au mois de mai.
Cette envolée est la conséquence cumulée d'un effet matière
première et d'une parité euro/dollar défavorable de plus de
9 % sur 18 mois. Selon les recettes, le surimi base représente
de 40 à 60 % de la valeur des produits élaborés. Du fait d'une
demande soutenue en filets de colin d'Alaska, le taux de
transformation en surimi base n'était, en 2019, que de 44 %,
contre 48 % en 2018. Grâce à sa production à partir de merlan
bleu, un cas unique en Europe, la Compagnie des Pêches SaintMalo est un peu moins exposée. Mieux, elle a vu en 2019 un
premier marché s'ouvrir pour elle aux États-Unis.

PRODUITS DE LA MER N°199 FÉVRIER-MARS 2020

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