produits de la mer - n°199 - Février-Mars 2020 - 68

Dossier ❘ L'OFFRE BIO

« L'aquaculture bio, alternative
pertinente à la pêche responsable »
Gambas de Madagascar,
bar et daurade du golfe
de Corinthe, saumon
d'Irlande : Oso (R & O
Seafood Gastronomy)
est un fer de lance du bio.
Mathias Ismail, directeur
général, fait part de
ses convictions.

Gourmet. Les plus grands chefs sont parfois réticents aux produits d'élevage, mais
avec de la pédagogie, des dégustations et
un peu de temps, ils se laissent séduire par
le bio.

Oso (2019)

1 645

de gambas bio
de Madagascar

Le prix et les volumes sont-ils un
souci ?

500

t
de bar et daurade
royale bio du golfe
de Corinthe

À origine et calibre identiques, une gamba
bio Oso n'est pas plus chère au détail
qu'une conventionnelle ! L'intégration verticale de R & O a permis d'écraser les coûts
et les marges des intermédiaires non créateurs de valeur ajoutée. En volumes, nous
avons des potentiels de croissance importants. À Madagascar, seul un tiers des surfaces de notre domaine biologique de
l'Ankarana est exploité. Dans le golfe de
Corinthe, seule la reproduction des poissons en mode biologique est pour le
moment limitante. Sur le saumon, l'Irlande
et l'Écosse basculent vers le bio.

100

t
de saumon bio
(Irlande et Écosse)

Groupe R & O
Seafood
Gastronomy

En quoi le bio est-il important pour
R & O Seafood Gastronomy ?
Il y a dix ans, R & O est né de la fusion
de Reynaud - qui avait une forte culture
de pêcherie artisanale française et de gastronomie - et d'Oso, pionnier mondial de
l'aquaculture de gambas AB. Pour nous,
la seule alternative à la pêche, même responsable, est l'aquaculture bio, qui permet
d'offrir des produits gastronomiques disponibles toute l'année sans impact négatif
sur l'environnement. Nous avions d'ailleurs
14 chalutiers de pêche en 2009. Nous n'en
avons plus aucun.

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PRODUITS DE LA MER N°199 FÉVRIER-MARS 2020

Pourquoi avoir choisi l'intégration
verticale ?
Contrôler l'intégralité de la chaîne est indispensable afin de garantir une très haute
qualité. L'intégration nous permet de tout
maîtriser : la traçabilité qui débute à l'ADN
de chaque reproducteur, jusqu'au contrôle
de la logistique du dernier kilomètre, la
santé et le bien-être des animaux pendant
l'élevage, le filetage voire la recette de cuisson inspirée des grands chefs. Les gambas
Oso sont préparées à Nantes, au sein de
Miti, avec une cuisson cocotte par cocotte.

275

M€
de chiffre d'affaires
en 2019

Comment voyez-vous l'avenir du
marché ?

1 400
collaborateurs

33 000

de production

Le consommateur décidera. Plus la prise de
conscience sera forte et la qualité au rendez-vous, plus la conversion vers le bio se
fera facilement. Les GMS changent actuellement la donne, en investissant le segment bio. Mais elles le font davantage en
réaction - par souci marketing - que par
philosophie. Si les GMS se mettent au bio
à long terme, avec crédibilité et intégrité,
le marché des produits de la mer peut basculer massivement vers le bio comme déjà
certains produits issus de l'agriculture. ■

Est-il facile de convaincre les clients de
passer au bio ?
Oso a l'immense privilège de pouvoir choisir
ses clients. L'ADN d'Oso est la gastronomie,
pas le mass market et encore moins le marché des GMS. La marque est commercialisée uniquement auprès des restaurateurs,
poissonneries traditionnelles et commerces
de bouche. On retrouve aussi nos produits
dans des points de vente dont nous partageons les valeurs, comme La Grande
Épicerie de Paris (LVMH) ou Lafayette

Nous avons lancé
notre projet de ferme
de gambas bio à
Madagascar au début des années 2000,
alors que la législation française bio sur les
crustacés se construisait. Nous étions les
seuls à y croire ! Les banques nous expliquaient que la filière bio était trop risquée, qu'il n'y avait pas de marché et pas
de demande... Au mieux, on nous parlait
de super-niche. La ferme Oso de gambas
bio de Madagascar a été la première ferme
de crustacés au monde certifiée AB par la
France, en février 2007.

Oso fait figure de
pionnier sur le bio.
Comment se sont
passés les débuts ?

produits de la mer - n°199 - Février-Mars 2020

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