produits de la mer - n°201 - Juin-juillet 2020 - 13

Actu ❘ REGARDS CROISÉS

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président de l'Association
halles à marée (Adrham)

Peter Samson
Secrétaire général de l'Union du mareyage français (UMF)

"

"
T.N.

L'impact a été
violent pour
le mareyage."

T.N.

Connaître le stock flottant
est indispensable."

seuls à la vente. Les armements hésitent à
envoyer les bateaux en mer. En Bretagne
nord et en Cornouaille, beaucoup sont encore
à quai. L'Espagne, l'Italie, n'ont pas rouvert,
ni la restauration, il y a de quoi être inquiet.
L'Armement Bigouden et La Houle reprennent
progressivement à partir de mi-mai, ajoutant
deux bateaux par semaine. Là, la demande
est un peu plus forte que l'offre, mais il ne
faut pas augmenter trop l'offre d'un coup. Il
faut informer sur le marché pour permettre
la reprise progressive des hauturiers, c'est
un ajustement quasi quotidien. À mon avis, fin
mai, la reprise sera totale.
À quel niveau se fait cet équilibrage ?

Nous avons des réunions quasi quotidiennes
via FranceAgriMer. Avec le déconfinement,
les maillons se sont encore plus rapprochés.
Nous disposons désormais d'une demande
globalisée à la semaine des GMS, surtout
utile pour les mareyeurs. Et depuis une
semaine Prevapport permet de saisir des
prévisions d'achats, mais c'est encore peu
utilisé. Nous évoquons les prévisions d'activité
surtout à l'échelon régional. En Bretagne, les
organisations de producteurs nous indiquent
le stock flottant grâce aux logbooks (livres
de bord). C'est indispensable. On sait une
semaine avant les débarques qui se profilent,
et on affine via Prevapport la veille des ventes.
Les halles à marée complètent et diffusent au
mieux ces prévisions pour éclairer le marché.
Chacun a plein d'informations, il faut mieux
les exploiter, fluidifier. En tout cas, cette crise
a bien remis les halles à marée au centre du
réacteur, avec tous les autres acteurs, et a
permis des échanges directs, francs, de vraies
avancées. J'espère que nous maintiendrons
cette cohésion.

Dans quelle mesure la crise du Covid-19
a touché le mareyage ?

L'impact a été violent début mars à cause
de la fermeture brutale de débouchés,
sans anticipation possible. Le marché a été
engorgé, les prix ont chuté, puis jusqu'à 85 %
de la flotte a stoppé... Le chiffre d'affaires de
nos adhérents a chuté de 80  % de début à
fin mars. Le mareyage a quand même tenu
bon, au prix de sa rentabilité, et a contribué
à la solidarité au sein de la filière. Mais des
entreprises trop dépendantes de l'export ou
de la restauration - spécialistes des crustacés,
du haut de gamme - ou ne pouvant soutenir
la chute de rentabilité ont été contraintes
de fermer temporairement. Au plus bas, au
31 mars, on comptait la moitié des acheteurs
en criée. Depuis avril, le marché s'est stabilisé,
en restant très fragile. Les mareyeurs ouverts
sont  désormais à 50  % d'activité et mi-mai,
presque tous étaient de retour en criée.
Quelles aides ont été actionnées, ou
sont attendues ?

Très vite, les associations d'acheteurs (Acapp,
Abapp et Boulogne) se sont mobilisées et ont
obtenu des prêts garantis auprès de la BPI,
pour 15 millions d'euros. Ils ont permis un
report des prélèvements pour les achats en
criée. Et donc le maintien du paiement des
bateaux à deux jours, malgré les difficultés.
Nos adhérents ont aussi actionné le chômage
partiel, le report des prélèvements et les
prêts garantis par l'État. Seules 2 % des
entreprises n'y ont pas eu accès. Mais ce
ne sont que des reports  ! Pour éviter de
nombreux dépôts de bilan, nous demandons
un plan de recapitalisation. L'administration
y semble favorable, peut-être via un plan
de relance global  ? Nous appelons aussi,

comme en restauration, à des exonérations de
charges. Et, en commun avec les poissonniers
et les aquaculteurs, à des aides au titre des
assurances sur les pertes d'exploitation.
Les liens avec les autres maillons ont-ils
changé ?

Oui, clairement. La communication a été
largement renforcée aux niveaux national et
régional. Avec des échanges riches au sein
du groupe FranceAgriMer quotidiens, puis
trois fois par semaine. Mais l'organisation du
marché se fait plus via des groupes régionaux.
Les discussions à France Filière Pêche
(FFP) ont aussi nourri les engagements des
distributeurs, dont dépend le marché à près
de 100  %. Au-delà des annonces, certaines
enseignes ont payé nos adhérents à la
semaine plutôt qu'à 30 jours, et ont suspendu
les pénalités logistiques. Sur les volumes,
c'est compliqué de trouver l'équilibre entre
l'import, pointé du doigt un jour, et une
pénurie d'apports nationaux le lendemain.
Les prévisions d'apports ont-elles aidé ?

Chacun y a mis du sien  : prévisionnels
d'activité des organisations de producteurs,
suivi quotidien des criées... J'espère que ça
restera. Des développements concrets sur
Prevapport doivent rendre l'outil plus fiable.
Et pourquoi pas exhaustif, en ouvrant des
flux d'informations existants  ? Il y a aussi
une volonté claire de tous de renforcer le
rôle des criées dans la première vente.
Un maillon parfois contourné, et essentiel
à la transparence. Nous défendons
l'enregistrement en criée obligatoire, voire
la vente sur certaines espèces. Ces axes de
progrès figuraient dans le plan de filière et on
en voit bien la nécessité en temps de crise.

PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020

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