produits de la mer - n°201 - Juin-juillet 2020 - 47

quentation des restaurants ou de vacances
en croisière. Sans parler de la menace que
toute éventuelle reprise de l'épidémie
continuera de faire peser localement sur
l'ouverture des commerces non essentiels.
C'est dans ce contexte, chamboulé
comme jamais depuis la Seconde Guerre
mondiale, qu'il pèse une grosse incertitude
sur le marché et sur la saison de pêche.
Dans l'État du Maine, plus de 80 % des
débarquements de homards se font entre
juin et novembre, avec un pic traditionnel
au mois d'août. « Au Canada, plusieurs
zones de pêche du Nouveau-Brunswick
ont décidé de reporter le démarrage de
leur saison », indiquait début avril Yannick
Dheilly, délégué commercial de l'ambassade canadienne à Paris. Sans même évoquer l'aspect commercial et les pertes d'ex-

ploitation liées à la mise à quai des bateaux,
l'association des pêcheurs de l'Île-duPrince-Édouard s'interrogeait plus fondamentalement sur le risque sanitaire à faire
prendre à ses quelque 1 000 adhérents et
3 000 marins.
Autre produit phare des pêcheries de
la côte Est nord-américaine, la coquille
Saint-Jacques. Proportionnellement moins
dépendante des marchés de restauration,
elle aurait même vu ses volumes s'envoler au sein des rayons surgelés dans les
grandes surfaces hexagonales. « Au début
du confinement, les Français n'ont pas
stocké seulement des pâtes et du papier
toilette, sourit David Sussmann, le patron
de Seafoodia, qui distribue des SaintJacques canadiennes. Ils se sont mis à cuisiner davantage, se sont recentrés sur des

87 900

tonnes
Le volume total
des homards exportés
par le Canada en 2019,
soit 90 % de sa
production nationale.

Dossier ❘ ÉTATS-UNIS/CANADA

produits nobles, notamment en produits
de la mer surgelés. Nos clients ont enregistré des ventes en hausse de 50 %. Chez
Intermarché, la progression a même atteint
60 %. » Sur les semaines concernées par la
ruée des clients, le paneliste Kantar a calculé que Les Mousquetaires avaient gagné
0,8 point de parts de marché, passant à
15,5 %. Système U, qui bénéficie également d'un réseau très dense de points
de vente, davantage en proximité des
consommateurs que ne le sont les hypermarchés, a pour sa part grappillé 0,6 point,
passant à 11,6 %. Pour les professionnels
de la Saint-Jacques, reste une interrogation : quelle est la part des acheteurs ayant
découvert le produit au rayon surgelé qui
continuera à en acheter une fois la crise
terminée ? ■

USA : 70 % des produits de la mer consommés en restaurant

ur la centaine de milliards de dollars dépensés annuellement en produits de la mer, les Américains en consomment
70 % à l'extérieur et seulement 30 % à la maison. C'est dire
l'impact de la fermeture des restaurants sur le marché domestique. Mi-avril, des médias américains évoquaient des pertes
globales pour l'ensemble de la filière de l'ordre de plusieurs
dizaines de milliards de dollars. À côté, l'enveloppe de quelque
300 millions de dollars débloquée par le gouvernement fédé-

ral pour soutenir le secteur pêche et aquaculture faisait figure
de goutte d'eau. En outre, les modalités d'attribution - réservées aux opérateurs pouvant justifier un minimum de 35 % de
pertes - ont tardé à être précisées. « Nous sommes à 80 % en
dessous de notre point d'équilibre », déclarait au Washington
Post, Peter Ramsden, le patron de Foley Fish, un important
producteur de Saint-Jacques, établi à New-Bedford, dans le
Massachusetts.

PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020

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